Berlin, ours, ourson, sangliers et Guerilla Gardener
Par Michel Verrier, lundi 14 avril 2008 à 12:58 :: société :: permalien #51
L'ourson fétiche berlinois classique, symbole de la ville, est souvent une petite peluche, accrochée au sac d'une femme, ou d'un écolier. Il suit son maître ou sa maîtresse, de l'enfance à l'âge adulte, et même jusqu'à la retraite. Mais les plus tape à l'oeil sont évidemment ces statues en bois peintes, éparpillées au quatre coins de la capitale allemande, au coin d'une place, devant un restaurant, un bâtiment publique. Chacune a été peinte par un artiste différent des quatre coins de la planète. On n'en trouve jamais deux semblables et l'apparente naïveté des dessins rutile souvent de couleurs criardes, chatoyantes, ou douces qui font un moment rêver au pays d'où il vient.
Il y a aussi un tas de sangliers à Berlin. On estime leur nombre à 8000. Il est rare bien sûr que l'on en rencontre sur l'Alexander Platz, au coeur de la ville, mais cela est déjà arrivé paraît-il. Ils ont plutôt élu domicile dans les forêts, au bord des lacs qui parsèment la capitale. Berlin est une ville verte. Avec un immense parc central, le Tiergarten, qui s'étale sur des kilomètres entre la porte de Brandenbourg à l'est et la gare du jardin zoologique à l'ouest. Un peu comme si à Paris le bois de Boulogne se trouvait entre Concorde et la place de la Bastille. On y croise lapins et écureuils, au plein centre-ville. Dans les quartiers excentrés les espaces de verdures sont plus sauvages, la faune aussi. Les sangliers s'y retrouvent. Vous pouvez les croiser en ballade dans la forêt de Tegel, ou bien au bord du Müggelsee. Au fins fonds des bois et bosquets. Mais ils s'approchent souvent sans crainte des quartiers d'habitations et ne craignent pas de roder dans les jardins du voisinage en quête d'un bon morceau.
Certains sont des figures connues. Comme Dobie, par exemple, que l'on voit dans la vidéo ci dessous, faire la sieste au bord d'un parking dans les bois de Grünewald.
Ils peuvent vous réserver aussi des surprises, déboulant à toute allure, et traversant la route devant vous, en plein jour.
Les pirates des jardins qui sèment sur les espaces publics ont également pris racine à Berlin ces dernières années, s'inspirant d'un mouvement né dans les année soixante dix à New-york. Sur un terre-plein désert, des tulipes redressent la tête. La terre a été fraîchement remuée autour des arbres de la rue, là ou d'habitude on ne trouve que des crottes de chiens pointent des primevères colorés qui égayent également les cubes de bétons entourant le terrain de jeu voisin. Autant de délits perpétrés par les « Guerilla Gardener », qui frappent le plus souvent à la nuit tombée, pour ne pas se faire repérer par la police. Armés de gants de caoutchouc, de truelles de jardin et de semences, ils veulent faire fleurir les espaces publics délaissés, et mettre de la couleur dans les terrains vagues -ce qui est normalement interdit.
Le mouvement est né à New-York dans les années soixante dix. Il a refait surface à Londre en 2000, puis est en train de prendre ses racines dans la capitale allemande, ou à Münich. A Berlin l'office des espaces verts est plutôt bien disposé à leur égard. Les 200 jardiniers en service, entretiennent difficilement les 650 hectares du centre de Berlin, ou le parc du Tiergarten, s'étend sur des kilomètres.
Les Guerilla Gardener berlinois ont tout de même subi une sévère défaite le 14 mars dernier. Leur barrage humain, déployé devant le « jardin rosa-rose » de Berlin-Friedrichshain, n'a pas résisté à la charge des policiers, au droit de propriété, et au bulldozer. Les voisins, avaient planté et entretenu depuis des années, les 2000 hectares de terrain en friche avec des roses des arbres et du gazon. Il était devenu un point de rencontre du voisinage.
Puis le propriétaire a décidé de construire. Adieu les roses.
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