Desertec, l'Allemagne séduite par le soleil des déserts africains
Par Michel Verrier, lundi 13 juillet 2009 à 17:51 :: économie :: permalien #109
Le projet Desertec s'appuie sur les études du Centre aéronautique et aérospatial allemand (DLR) selon lesquelles il suffirait d'aménager moins de 0.3% de la surface désertique de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), pour satisfaire les besoins énergétiques de l'Europe et de la région MENA. Mais le coût en investissement serait colossal. Il s'élèverait à 400 milliards d'euros d'ici 2050, dont 50 milliards pour la construction du réseau de transport d'électricité de l'Afrique vers l'Europe.
L'enjeu aussi est énorme. Desertec permettrait de pallier à partir de 2050 à la raréfaction croissante des énergies fossiles (gaz, pétrole), et assurerait la réalisation des objectifs de réduction de taux d'émission de CO2 de l'Europe. Il contribuerait en même temps au développement des pays d'accueil par la création d'emploi, l'installation d'usines de dessalement de l'eau de mer, tout en alimentant la MENA en électricité.
Angela Merkel a salué aux côtés de José Manuel Barroso: un projet qui « conviendrait à merveille à la stratégie méditerranéenne de l'Union européenne » et mérite donc d'être subventionné par Bruxelles. Une association Desertec s'était constituée au parlement européen dés novembre 2007, à l'initiative notamment de la branche allemande du club de Rome et avec le soutien du prince Hassan de Jordanie, pour concrétiser la « coopération trans-méditerranéenne dans le domaine des énergies renouvelables ». Elle a pris en charge le lobbying indispensable à la mise en oeuvre du projet, dont la réunion de Münich pourrait être le premier pas.
Mais Desertec est déjà l'objet de critiques virulentes de partisans du solaire eux-même. Herman Scheer (SPD) député au Bundestag, président d'Eurosolar, s'insurge contre un projet qui permettrait d'abord aux géants de l'énergie de conserver leur monopole en important l’électricité solaire d’Afrique. Un trafic dont le coût sera gigantesque, alors que la priorité dans les énergies renouvelables, solaire comme éolien, est à la décentralisation à l'échelle des communes, ou le transport ne coûte rien. Mais « cela ne suffirait pas à réduire drastiquement les taux émissions de CO2, réplique Roland Hipp de Greenpeace Allemagne. De gros projets comme Desertec seront aussi nécessaires. » Et si une part du courant des déserts reste en Afrique, le danger d'« impérialisme solaire » européen serait écarté.
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