ASSE II, le stockage des déchets nucléaires tourne au désastre.
Par Michel Verrier, mercredi 10 février 2010 à 09:57 :: Nucléaire/Écologie :: permalien #148
Les autorités fédérales de surveillance des rayonnement et déchets nucléaires (BFS) ont remis en effet le 15 janvier leur expertise recommandent le dé-stockage des 126000 barils de déchets nucléaires entreposés entre 1967 et 1979 dans la mine de sel de Asse II, en Basse-Saxe, dans la région de Braunschweig. Dont 1300 fûts de déchets de moyenne activité, contenant environ 11 kg de plutonium de l'usine de traitement de combustible usé de Karlsruhe.
L'expertise de la BFS confirme ce que les écologistes assurent depuis belle lurette dans la région. "Asse est à peu près aussi troué qu'un morceau de gruyère suisse", selon Sigmar Gabriel, président du SPD, ancien ministre de l'environnement et natif de Braunschweig. La saumure qui ruisselle vers le fond de la mine peut être radioactive dans des proportions qui dépassent jusqu'à dix fois la norme. Recueillie dans une "piscine" à plus de 500 mètres de profondeur elle est évacuée vers la surface. Mais les infiltrations régulières, pourraient provoquer une inondation qui serait fatale. Une vrai "catastrophe nucléaire". La nappe phréatique contaminée rendrait la région voisine inhabitable, et "ce ne serait plus qu'une question de temps », selon les écologistes.
Question responsabilité, les autorités se renvoient la balle.
Le « bureau des mines du Land de basse-Saxe", à Clausthal-Zellerfeld ", prévenu du danger, n'aurait pas jugé utile de sonner l'alarme au ministère de l'environnement qui tiendrait généralement peu compte de ses observations. Le « centre Helmholtz de Münich » chargé de l'exploitation d'Asse II prétend avoir informé le bureau des mines à temps et préparé la fermeture inévitable de l'exploitation. Mais les spécialistes de l'atome et des déchets seraient « tombés de haut » en découvrant l'étendue du désastre, assure un professeur de l'université technique régionale de Clausthal.
L'opinion publique n'a rien su ou presque pendant trente ans.
Si l'évacuation est décidée, et le temps presse souligne la BFS, Le chantier durerait une dizaine d'années et couterait 2,5 milliards d'euros, payés pour l'essentiel par le contribuable. Ce sera la méthode la plus coûteuse et la plus délicate pour sécuriser Asse II.
« Techniquement c'est un sacré défi, Il faudra déplacer des futs dont le contenu et l'état est inconnu », note Thorben Becker, expert du Bund (fédération allemande de la protection de la nature et de l'environnement). Certains devront être extraits des galeries comblées par le sel. Une manoeuvre difficile, qui exposera à des risques de contamination élevés ceux qui seront chargés de son exécution.
D'autres solutions, telles que le comblement total de la mine seraient évidemment plus rapides et moins couteuses. Mais ce ne serait que reculer pour mieux sauter. Car « cela ne marcherait que si Asse II était un massif stable, ce qui est pratiquement exclu. » Bétonnée, la mine deviendrait au contraire une marmite infernale, une bombe à retardement. Extraits d'Asse II les 126 000 barils devraient être transportés et entreposés dans les galeries de la mine de fer désaffectée de Konrad, toute proche.
Mais celle-ci n'est pas, pour l'instant, prévue pour cet usage. Et la résistance au déménagement, des écologistes et de la population locale s'annonce déjà puissante.
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