La politique familiale en échec
Par Michel Verrier, mercredi 26 mai 2010 à 22:48 :: société :: permalien #164
«Une politique ne peut pas faire naître l'envie de faire des enfants si celle-ci n'existe pas», concluait récemment Herwig Birg, démographe, l'un de ceux qui tire la sonnette d'alarme depuis des lustres face à une société vieillissante et au déclin démographique. Il estime maintenant qu'il faudrait remplacer les quota de femmes au travail par des quotas de mères, afin de créer un choc et de remettre en cause la discrimination que subissent de fait les femmes qui élèvent des enfants, face à l'emploi. Mais qu'est ce qui fait naître l'envie d'avoir des enfants ?
Le « modèle allemand » tant vanté en France pour ses performances économiques -ses records à l'exportation notamment- montre là ses limites. Il ne donne pas pour autant à ceux qui le vivent, les moyens et/ou l'envie de le reproduire -un sacré bilan déchec.
Les explications qui renvoient au manque de structures d'accueil des enfants (crèches, Kindergarten, écoles pour les moins de six ans...) et à la séparation des rôles hommes/femmes, le statut de la mère étant supposé incompatible avec celui de femme salarié, n'expliquent pas tout non plus. Comme le montre l'échec pour l'instant des réformes familiales entreprises. En Allemagne c'est au « modèle français » que l'on fait référence pour illustrer l'exemple qu'il faudrait suivre en ce qui concerne la natalité. Mais peut-on encore enclencher une telle révolution?
La généralisation de l'école à plein temps, ouverte jusqu'à la fin de l'après midi aux élèves, est l'un des pilier de cette nouvelle politique de l'enfance et de la famille. Elle progresse trop lentement. Paradoxalement d'ailleurs, on cultive encore en France l'image d'Épinal de l'école allemande modèle, dans laquelle les élèves étudient le matin et se cultivent ou font du sport l'après midi. Une lubie. En Allemagne l'école le matin et l'absence de prise en charge satisfaisante des enfants l'après midi, condamne au contraire les mères à renoncer à un emploi à plein temps pour ne pas laisser les enfants seuls à la maison.
A l'inverse des grandes villes françaises, il est frappant de voir combien les groupes de jeunes ensembles se font rares aujourd'hui, dans nombre de quartiers des grandes villes allemandes. A terme cest sans doute un facteur qui éloignera les deux sociétés lune de lautre. Même si les échanges entre les jeunes français et allemands de même génération aujourd'hui les rapprochent, au contraire.
Mais les préoccupations, les projets, les politiques, les investissements à venir, la façon de se concevoir des deux sociétés deviennent étrangères à mesure que le fossé se creuse entre la pyramide des générations.
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