Le prolongement de la durée de vie des centrales relance la bataille de l'atome
Par Michel Verrier, mardi 7 septembre 2010 à 11:49 :: Nucléaire/Écologie :: permalien #181
Du côté des anti-nucléaires ont regrette « un jour noir pour l'environnement ». Tout en se félicitant de l'argument de plus qu'il donne aux organisateurs de la manifestation contre l'atome qui se tiendra le 18 septembre à Berlin!
Les sociaux démocrates comme les Verts quant à eux, affutent déjà leurs dossiers juridiques. Ils veulent porter plainte auprès de la cour constitutionnelle si le gouvernement démocrate-chrétien et libéral tente de contourner le Bundesrat, la deuxième chambre du parlement ou sont représentés les Länder, pour faire passer le prolongement des centrales. Ils y détiennent en effet la majorité -deux gouvernement de Länder dirigés par les démocrates chrétiens en alliance avec les Verts feraient de plus défaut à la chancelière.
Les Länder sont chargés notamment de la surveillance et de la sécurité des établissements nucléaires par la fédération. Il semble donc difficile de se passer de leur avis.
Si la cour donne raison aux deux partis d'opposition, le gouvernement risque fort de se retrouver dans l'impasse. Ils comptent, d'une façon ou d'une autre, bloquer la nouvelle politique énergétique de la coalition.
Tiraillé entre les conseils de prudence, les réticences de son ministre de l'environnement et le radicalisme nucléaire d'un Bruderle, Le gouvernement Merkel tergiversait depuis des mois sur la durée de prolongation d'activité qui doit être accordée aux centrales nucléaires, comme promis lors de la campagne électorale de 2009.
Irrités, « les Manager » ont fini par interpeller directement la chancelière, avec un aplomb encore jamais vu face à un gouvernement des démocrates chrétiens et libéraux. Le 20 août, quarante personnalités dont les présidents de la Deutsche Bank, de la Deutsche Bahn, et le manager de l'équipe de foot allemande (sic!), s'associaient aux patrons des principaux groupes énergétiques E-on, Rewe, Vatenfall, Basf, dans une déclaration publiée dans la presse. Ils mettaient en garde contre les illusions et le coût des énergies alternatives chères à Angela Merkel. L'énergie nucléaire et les centrales modernes au charbon restent indispensable à l'approvisionnement en énergie, selon eux, pendant la montée en puissance des énergies renouvelables. Ces dernières devraient atteindre la proportion de 50% des sources d'énergie en 2050 contre 16,1% actuellement. Ils rejetaient en même temps tout nouvel impôt sur le combustible nucléaire, l'une des mesures du plan d'épargne gouvernemental pour la réduction de la dette, et qui doit rapporter 2,6 milliards d'euros par an. Ils ont obtenu dimanche une durée de prolongement d'activité des centrales, moins longue, certes, qu'ils ne l'espéraient. Et si la perception de l'impôt sur le combustible a été réduite et limitée à 6 ans, ils devront également contribuer pour 15 milliards d'euros au développement des énergies vertes. Mais le prolongement d'activité des centrales leur rapporterait en échange plus de 6 milliards d'euros de bénéfice supplémentaire par an.
« On n'avait jamais montré aussi clairement comment un gouvernement se fait acheter », claironne Sigmar Gabriel, le président du SPD. Les sociaux démocrates annoncent déjà avec les Verts qu'ils rétabliront la sortie de l'atome impulsée par Schröder, dés qu'ils reviendront au pouvoir. Un bon argument de campagne pour 2013, dans une Allemagne ou la majorité des électeurs reste hostile au nucléaire!
« La chancelière présente le prolongement de la durée d'activité des centrales comme une grande victoire, c'est le contraire qui est vrai. La vrai bataille juridique et politique commence maintenant, commentait hier le quotidien financier Handelsblatt. »
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