le mouvement contre l'atome retrouve ses ailes
Par Michel Verrier, samedi 18 septembre 2010 à 00:47 :: Nucléaire/Écologie :: permalien #184
Puis 100000 manifestants avaient formé une chaîne de 120 kilomètres, en avril dernier, entre la centrale nucléaire de Krümmel, proche de Hambourg, et celle de Brunsbüttel sur les côtes de la mer du nord, en panne à plusieurs reprises ces dernières années.
Le scandale du site expérimental de dépôt des déchets nucléaire d'Asse 2, tout proche, ruiné par les infiltrations 30 ans après sa mise en service, a ravivé le mouvement en 2008. La mobilisation a été encore attisée en 2009 par la découverte de ce que le site de Gorleben choisi il y a 30 ans pour devenir le lieu de dépôt des déchets nucléaires entreposés aujourd'hui dans les centrales, le centre de retraitement de la Hague ou les « Castors » -dépôts provisoires sur le site place- a été choisi sans tenir compte des réserves de géologues, sur sa fiabilité.
La volonté affirmée pendant la campagne électorale de 2009 et depuis un an par le gouvernement démocrate-chrétien et libéral d'Angela Merkel de redonner une seconde vie aux centrales nucléaires, a couronné le tout.
Le mouvement anti-nucléaire semble même avoir multiplié ses forces depuis sa naissance au cour des années soixante-dix. Il «rassemble au moins trois générations, aujourd'hui, et nombre de jeunes se mobilisent aux côtés des anciens qui ont ressorti leurs fringues des manifestations, explique Claudia Roth, présidente des Verts, dans les colonnes du Süddeutsche Zeitung. »
Les manifestants contre l'atome rassemblent plus large que jamais. Les écologistes hostiles à l'atome depuis toujours, y côtoient maintenant les sociaux démocrates (SPD), aux côtés de multiples de multiples associations locales, souvent méfiantes à l'égard des partis d'ailleurs. Les « concessions » faites par le gouvernement social démocrate et Verts de Gerhard Schröder aux exploitants des centrales, leur permettant de poursuivre la production d'électricité jusqu'au delà de 2020, n'ont pas été oubliées.
Les églises ont rejoint le mouvement. L'église protestante de la région de Gorleben s'oppose aux expropriations dont elle serait victime si le site voit le jour, elle considère par ailleurs le nucléaire comme une mise en cause de l'environnement, de « la création », la ligne rouge à ne pas franchir.
Certains entrepreneurs du solaire, ou de l'éolien qui estiment que les centrales nucléaires sont une technologie dépassée dont la relance freine le développement des énergies propres appuient le mouvement. Les syndicats s'y associent. Ils estiment que les énergies alternatives représentent les emplois du futur.
La population locale enfin, autour des sites de stockage en particulier, se mobilise aux premiers rangs. Les paysans de Gorleben qui se déplacent en colonnes de tracteurs, seront à Berlin.
Les anti-nucléaires sont présents, même minoritaires, jusqu'au au sein de la démocratie chrétienne. Sans grand espoir. Le ministre de l'environnement, Norbert Rötgen, démocrate-chrétien, qui se veut ouvert à la contestation du nucléaire avouait jeudi ne pas avoir été invité aux négociations entre la chancelière et les exploitants des centrales !
Angela Merkel a décidé de passer en force pour donner le feu vert que réclament les exploitants des centrales. Elle veut contourner le Bundesrat, la chambre des Länder ou l'opposition, le SPD et les Verts, sont majoritaire, pour mettre un terme à coup sûr à la « loi de sortie du nucléaire » de Schröder. « Ce qui n'est pas une idée de génie », selon Norbert Lammert (CDU), le président du Bundestag. Nombres d'experts juridiques estiment que cette démarche sera sanctionnée par le tribunal constitutionnel fédéral, remettant en cause du coup la politique gouvernementale.
Le retour du nucléaire à réaffirmé les frontières traditionnelles entre les camps, démocrates chrétiens et libéraux d'un côté, SPD, Verts et « la gauche » de l'autre. Angela Merkel a ainsi fermé la porte à toute alliance future au gouvernement avec les Verts. Ce qui passait pour être la solution d'avenir pour les démocrates chrétiens, il y a un an encore.
Aujourd'hui les Verts sont le seul parti à se porter à merveille. Atteignant jusqu'à 20% dans les sondages, ils pourraient même devancer le SPD lors des prochaines élections municipales à Berlin et faire élire un(e) maire vert(e) à la tête de la capitale allemande. Renate Künasr, berlinois et cheffe du groupe parlementaire écologiste au Bundestag sera sans doute leur candidate..
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