L'Allemagne n'attire plus les immigrants et beaucoup la quittent
Par Michel Verrier, lundi 18 octobre 2010 à 15:26 :: société :: permalien #187
Et Guido Westerwelle, ministre des affaires étrangères et chef du parti libéral, estime qu'il faut vérifier la contribution de chaque nouvel immigré à l'Allemagne, afin qu'il ne soit pas seul à profiter du voyage.
Autant de débats qui semblent dépassés à la lecture des dernières statistiques officielles. En 2008, pour la première fois depuis 24 ans, le nombre de personnes qui partent d’Allemagne a dépassé celui des nouveaux arrivants. Une tendance confirmée en 2009 avec 721 000 immigrants, contre 734.000 partants.
Des chiffres inquiétants, car les projections démographiques officielles qui annoncent une réduction spectaculaire de la population active au cours des décennies à venir, partent d'un solde d'immigration positif de 100 à 200 000 nouveaux arrivants par an !
« Un chiffre qui devrait même s'élever à 500000 chaque année », estime Klaus Zimmermann, président de l'institut économique allemand de Berlin (DIW). Si l'Allemagne, en dépit de son maigre taux de natalité, « veut conserver tout son potentiel économique ».
Contrairement aux craintes d'Horst Seehofer et de Thilo Sarrazin, par ailleurs, les nouveaux arrivants viennent aujourd'hui d'Europe de l'est, et non de la Turquie ou du monde arabe.
En 2009, 130000 d'entre eux étaient originaires de Pologne, 56000 de Roumanie, 29000 de Bulgarie, 30000 seulement venaient de Turquie, autant que des USA. « Le nombre des Turcs qui quittent l'Allemagne aujourd'hui est supérieur d'1/3 à celui de ceux qui y arrivent, souligne Memet Kilic, expert des Verts pour l'immigration.
Un nombre croissant de jeunes très qualifiés ne trouvent plus la République fédérale attractive. Ils préfèrent les USA, le Canada, ou Istanboul pour les jeunes turcs. Le sentiment du pays d'accueil à leur égard est aussi déterminant que les lois en vigueur ou le niveau des salaires. »
Or « les entreprises allemandes manquent déjà de 50000 à 70000 ingénieurs, techniciens supérieurs, constate Reiner Klingholz, expert démographe. » Et les pays d'Europe de l'est qui ont les mêmes problèmes démographiques que l'Allemagne ne lui serviront pas de réservoir de main d'oeuvre. Nombre de Polonais retournent déjà chez eux ou les conditions de vie et de travail leurs sont plus favorables.
L'Allemagne aura donc toujours besoin des immigrés du monde musulman, des Turcs en particulier. Mais les polémiques actuelles n'y préparent guère les Allemands.
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