Une stratégie face à la décroissance démographique
Par Michel Verrier, jeudi 26 avril 2012 à 15:00 :: société :: permalien #299
L'Allemagne devrait compter « au moins 12 millions d'habitants de moins d'ici 2050, rappelait mercredi Reiner Klingholz, directeur de l'institut démographique berlinois, dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, proche du pouvoir. Le nombre des actifs va fondre de 6,3 millions environ d'ici 2030. »
Il s'illustre déjà au quotidien, dans les villes, les régions, les quartiers qui se dépeuplent à l'est comme à l'ouest du pays.
A Duisbourg la dés-industrialisation a frappé la Ruhr au coeur de la Rhénanie du nord Westphalie (NRW). Un appartement sur dix est vide dans le quartier populaire de Marxloh. 14 000 appartements déserts dans l'ensemble de l'agglomération. Les jeunes les mieux formés partent chercher fortune ailleurs. Les rangs des générations montantes s'éclaircissent. Il manquait 30 000 apprentis en 2011 en Allemagne pour répondre aux offres de l'industrie.
Faute d'écoliers en nombre suffisant nombre de communes sont contraintes à une réforme scolaire radicale. Elles n'ont plus les moyens d'entretenir les établissements du système traditionnel allemand a trois niveaux: le collège élémentaire pour les manuels (Hauptschule), le collège professionnel (Realschule), et le Lycée (Gymnasium) pour ceux qui préparent le bac. Le tournant démographique finit par imposer le collège général (rassemblant les collèges élémentaires et professionnels) ou le collège unique ouvrant aux élèves l'accès au bac. Dans le même temps le gouvernement social démocrate et écologiste en NRW impulse la construction du réseau de crèches, garderies, qui fait défaut à l'ouest de l'Allemagne. L'une des causes profondes de la natalité en panne.
Mais objectait récemment Armin Laschet, dirigeant du parti démocrate chrétien, leader de l'opposition, sur les ondes de Deutschlandfunk « chaque projet doit maintenant tenir compte de l'avenir à quinze ans. Ces jardins d'enfants seront peut être vides alors, faute de moins de trois ans. Ne faut-il pas déjà envisager leur reconversion pour les seniors. » Les élections auront lieu le 13 mai prochain en Rhénanie du nord Westphalie, ndr.
A l'est de l'Allemagne, de la Saxe au Brandenbourg, ou au Mecklembourg- Pomméranie occidentale, ce sont des régions entière qui devraient être re-peuplées pour faire vivre leurs écoles, leurs musées, leurs maisons de la culture, et couvrir les coûts de leurs équipements collectifs en eau, en électricité ou en chauffage.
Faute de moyens on ferme au contraire des lignes de réseaux régionaux de transports. Des Familles, des personnes seules, des seniors se retrouvent isolés de tous services, commerces, administration.
La « stratégie démographique » adoptée hier par le gouvernement veut faire face à ces bouleversements, en contrant l'exode des jeunes des campagnes, en préservant les possibilités du trafic de proximité, en développant le réseau internet. Elle veut renforcer l'accès au travail des femmes, la formation des chômeurs, l'intégration, l'activité professionnelle des seniors comme l'aide volontaire aux personens agées.
Un volontarisme « trop tardif », regrette le démographe Reiner Klingholz, et qui évite une fois de plus le sujet sensible: la nécessité d'une immigration soutenue, condition d'une économie stable et du « bien être » demain.
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