Trois majorités possible et un "tabou" encombrant

La grande coalition CDU-SPD s'est imposée lors des élections de 2005, dés la défaite de Schröder face à Merkel. Il existait pourtant une majorité de gauche mathématique au Bundestag, constituée par le SPD, les Verts et le PDS/Die Linke de Lafontaine Gyzi. Mais il était hors de question pour Schröder de se faire réélire chancelier avec les voix du parti issu du SED -qui dirigea la RDA- et du courant social démocrate regroupé derrière son frère-ennemi Lafontaine, ex-président du parti social-démocrate.
Le SPD n'en utilisa pas moins à plusieurs reprises l'argument de la majorité "sociale" élue au Bundestag
(SPD, Verts, PDS), pour tenter de maintenir Schröder à son poste ou pour peser dans les négociations sur le programme de la grande coalition, face au libéralisme de la CDU.
Schröder laissait par ailleurs les mains libres au SPD dans les Länder. A l'est en tout cas. A Schwerin (Mecklembourg Pommeranie occidentale) et à Berlin, les sociaux démocrates gouvernent ou ont gouverné en alliance avec le PDS, à Magdebourg en Saxe Anhalt, avec son soutien tacite au Landtag. La question ne se posait pas encore à l'ouest. La Gauche" a obtenu des élus pour la première fois à Brème en mai 2007.

La Hesse se retrouve à son tour dans ce cas, avec cinq partis élus au parlement du Land -comme au Bundestag- et trois majorités possibles: une grande coalition CDU-SPD, une coalition "Ampel", SPD-Verts-Libéraux, Une coalition "Jamaïca", CDU-Libéraux-Verts, et la coalition tabou: SPD-Verts-La Gauche.
Le SPD n'en veut pas, la direction des Verts non plus. Seule "la Gauche" propose à Andrea Ypsilanti, candidate du SPD au poste de ministre président, de l'élire, en posant qelques conditions à son soutien, qui ne sont guère éloignées du propre programme de campagne du SPD.

clip de campagne de "La Gauche", pour la justice sociale, le salaire minimum, l'éducation et la formation pour tous, l'impôt sur le richesse...


Qui se ressemble se repousse et qui se contredit s'attire!
Si l'on compare les programmes des partis qui viennent de participer à la campagne électorale en Hesse, celui de la gauche n'est pas à des kilomètres de ceux du SPD et des Verts. Qu'il s'agisse de la politique sociale, énergétique ou de la réforme scolaire. Mais c'est pourtant avec les Libéraux du FDP, dont le programme de campagne est à l'opposé de celui du SPD que les sociaux démocrates et les Verts veulent constituer une alliance pour obtenir une majorité au Landtag et éviter ainsi une grande coalition CDU-SPD.
Le FDP est pourtant opposé au tournant alternatif que propose Ypsilanti dans le domaine de l'énergie; au salaire minimum qu'elle voudrait instaurer en Hesse et puis dans l'ensemble de l'Allemagne; à la réforme scolaire généralisant le collège unique en lieu et place du système scolaire à trois niveaux en place actuellement. Le FDP est par contre favorable à l'agrandissement de l'aéroport de Francfort, auquel le SPD et les Verts s'opposent.

Joshka Fischer, père des Verts de la Hesse, ou il fut élu premier ministre de l'environnement Vert d'Allemagne, est venu à Wiesbaden faire campagne contre Koch.


Le SPD et les Verts avancent plusieurs arguments pour expliquer cette contradiction. S'allier avec la Gauche est impossible parce que c'est un parti dont le but premier est de déstabiliser le SPD. Il est impossible pour les sociaux démocrates de faire quelque confiance que ce soit au populiste Lafontaine. Ses élus au Landtag veulent s'opposer, faire du parlement une tribune et non pas gérer, gouverner le Land. Les équipes de ce parti à l'ouest et particulièrement en Hesse sont totalement chaotiques, constituées d'anarchistes, d'ex communiste du KDP, incapables d'une action cohérente et soutenue. Même un gouvernement minoritaire SPD-Verts, toléré par la "Gauche", c'est à dire bénéficiant de ses voix contre la CDU et le FDP, serait en permanence menacé par leurs lubies. Il y a entre les partis établis et la "Gauche", une différence de culture politique qui rend une alliance avec eux impossible.
Une alliance avec les Libéraux serait fiable au contraire, même si elle est limitée à quelques points sur lesquels les trois partis devraient s'entendre, en ce qui concerne la défence des libertés individuelles ou la conception de la l'ordre public -en se différenciant sur ce point de la CDU de Koch.
Ces arguments sont contestés, en tout ou partie, au sein même du SPD et des Verts. La "Gauche" n'a pas pour vocation par principe de s'opposer, de critiquer, pour ne pas gérer. L'expérience de Berlin le prouve. Le courant syndicaliste -venu notamment de l'IG Metall-, les sociaux démocrates rassemblés par Lafontaine n'ont pas changé de culture en constituant "la gauche". Ils estiment toujours être de vrais sociaux démocrates, partisans de réformes sociales favorables aux plus défavorisés, dans le cadre du système actuel. Une alliance avec les Libéraux condamnerait les Verts à manger leur chapeaux, qu'il s'agisse des énergies alternatives ou de la politique sociale. Il est possible au contraire de s'entendre avec la "Gauche", qu'elle participe au gouvernement ou non sur un programme mimum cohérent.
"La grogne serait croissante, si l'on en croit die Tageszeitung, à la base chez les Verts contre la ligne de la direction du parti qui s'accroche à la solution d'une coalition avec le FDP revendiquée par le SPD." Les Verts de Hanau ont ainsi lancé un appel à la base du parti en Hesse dans lequel ils assurent être: "proches des militants de la "Gauche", syndicalistes, pacifistes, alter-mondialistes. Nous les Verts sommes responsables en grande partie de la constitution et du développement de la Gauche, qui est la réponse à une politique sociale et une politique de paix manquée de l'alliance rouge-vert (SPD-Vert) qui a failli au niveau fédéral." Daniel Cohn-Bendit, député vert européen, ou Rupper von Plottnitz, ancien ministre de l'environnement vert en Hesse, plaident pour qu'Ypsilanti se fasse élire au poste de ministre président par les voix du SPD, des Verts et de la Gauche, "un parti social-démocrate de gauche comme il en existe des tas en Europe". Le débat ne fait que s'ouvrir sur un tabou qui s'avère encombrant.
Reste un argument lourd, avancé dans le Spiegel de cette semaine par Peer Steinbruck, ministre des finances du SPD: "un rapprochement avec la Gauche rapporterait manifestement moins de voix au SPD qu'il ne lui en ferait perdre au centre." Mais ne peut on renverser la question: le refus d'alliance avec la Gauche ne coûte-t-il pas plus de voix au SPD -à gauche-, qu'elle ne lui en rapporte au centre?

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