Gesine Schwan, pavé dans la mare de la grande coalition

Lèvres pincées, visage fermé, Angela Merkel affichait son visage des mauvais jours en début de semaine. La CDU ne peut plus accorder aujourd'hui, selon elle, la moindre confiance à son partenaire social- démocrate, et au président du SPD, Kurt Beck. « Parfois on ne sait même plus à qui il faut s'adresser d'un jour sur l'autre, peut être faudrait-il directement téléphoner à madame Nahles », aurait vané la chancelière. Andrea Nahles, vice-présidente du SPD, porte parole de l'aile gauche du parti est la première artisane de la candidature de Gesine Schwan, 65 ans, à la présidence de la république, contre Horst Köhler, CDU, le président en fonction, qui briguera un second mandat en mai 2009. Une très mauvaise surprise pour la CDU qui s'était auto-persuadée que le SPD ne lui ferait pas obstacle, faute de majorité viable au sein des 1226 membres du congrès fédéral qui élira le président de la république.
Gesine Schwan en effet, une forte personnalité dont le succès n'est absolument pas à exclure, ne pourrait l'emporter qu'avec l'apport des suffrages du parti « la Gauche », d'Oskar Lafontaine et Grégor Gyzi.

Ce serait une alliance trop risquée pour que le parti social-démocrate s'y brûle les doigts jugeait-on on à la chancellerie jusqu'à il y a peu. Un pronostic qui s'appuyait sur les déclarations sans ambiguité semblait-il des dirigeants du SPD.

Le président du groupe parlementaire SPD au Bundestag, Peter Strück, s'était déjà fait l'avocat de la ré-élection de Köhler en affirmant qu'il ne fallait pas compter sur son parti pour présenter un candidat contre lui, qui se ferait élire avec les voix de "la Gauche" et des néos-nazis du NPD. Mais Nahles avait une autre idée en tête et Gesine Schwan, politologue elle même, professait une autre analyse que celle de Peter Strück, estimant par exemple que les voix du NPD risquaient plus de se porter sur Köhler que sur elle.

Sans candidat, le SPD affadissait un peu plus encore son profil, déjà brouillé par sa participation au gouvernement d'Angela Merkel et par le développement de l'influence de « la Gauche » sur son propre électorat. L'idée d'une candidature Schwan a peu à peu été reprise par le "réseau", le centre pragmatique du parti social démocrate, auquel appartient notamment Sigmar Gabriel, ministre de l'environnement et schröderien pourrait-on dire, puis par plusieurs députés du Bundestag originaires de l'est ou « la Gauche » est aujourd'hui la première force politique, si l'on en croît les sondages.

Le projet Schwan, bientôt appuyé par Hans-Jochen Vogel, ancien président respecté du SPD, a finalement conquis même la direction du parti, dont Strück et Kurt Beck -après une réunion non stop en présence de Gesine Schwan-, puis la droite du SPD, "le Seeheimer Kreis" , hostile pourtant à toute alliance avec "la Gauche", mais dont Schwan, fait elle même partie des fondateurs.

L'annonce de sa candidature a fait l'effet d'un pavé dans la mare, sur la scène politique, et médiatique.

Dans sa déclaration à la presse Gesine Schwan assure qu'elle veut restaurer le trio de la politique, de la démocratie, et de la confiance populaire, mis à mal aujourd'hui (vidéo You Tube).



Contrairement à Kurt Beck qui est la cible privilégiée des journalistes, Schwan a semble-t-il impressionné les salles de rédaction. "Après une longue solitude le SPD est à nouveau aimé", résume l'hebdomadaire der Spiegel.

Catholique, issue d'une famille « résistante » qui abrita une jeune juive sous le régime nazi, Gesine Schwan, préside aujourd'hui l'université germano-polonaise de Francfort am Oder /Viadrina. Elle professe cette assurance qui fait défaut aux mamouths de son parti, sur la question délicate des rapports du SPD avec "la Gauche". Conquérir ses suffrages pour être élue est "un risque qu'il faut savoir assumer", souligne-t-elle. "la Gauche" est selon elle une conséquence de la réunification de l'Allemagne et de la "globalisation", un rassemblement de pragmatiques raisonnables, de nostalgiques de l'ex RDA, et de démagogues -Lafontaine par exemple-, qu'il faut amener à faire le choix entre la politique constructive et la simple protestation.

Gesine Schwan s'est taillée depuis des décennies la réputation de n'avoir jamais fait la moindre concession aux communistes. Au sein du SPD, à l'époque de la guerre froide, elle s'opposera même aux « ouvertures» de la direction du parti à l'égard des pays du bloc de l'est qui effaçaient, selon elle, la contradiction majeure entre démocratie et dictature. Willy Brandt oeuvrera à l'époque pour son départ de la commission du programme du parti. La campagne "anti-communiste", fustigeant sa collaboration avec "la Gauche", que la CDU s'apprête à lancer contre elle risque donc de faire fiasco.

Son élection n'est pas un pari totalement impossible. Köhler ne disposerait actuellement que d'une voix de plus que la majorité absolue de 603 voix, du congrès fédéral. Déjà candidate en 2004 contre lui, Schwan avait su rassembler au delà de son camp, totalisant 589 suffrages. Horst Köhler l'avait emporté alors avec 604 voix.

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