Turquie-Allemagne, tout le monde retient son souffle
Par Michel Verrier, mercredi 25 juin 2008 à 11:32 :: société :: permalien #60
Au coeur de Berlin Kreuzberg, le petit Istamboul berlinois, la fièvre montait à nouveau hier. Le match alimentait toutes les conversations. « Pour nous c'est déjà la finale assène Akin 21 ans derrière le comptoir de son magasin qui déborde de Tea-shirt et de drapeaux aux couleurs turques. Je prie pour qu'on gagne. Si on bat l'Allemagne, je vous dit pas la fête qu'on va faire, tout le monde s'y prépare ». « Zidane aussi est pour les Turcs», glisse-t-il au passage. Si la Turquie perd, Akin aura le cafard noir et n'ira pas fêter dans la rue la victoire de l'équipe allemande, son pays d'adoption. « Ce ne sont pas tous des gentils vous savez. A Berlin est il y a beaucoup de nazis. Avec eux il risque d'y avoir de la casse ».
« Nous sommes Turcs mais nous nous sentons aussi Allemands», résume au contraire Mustafa Yildiz, président de l'association culturelle turque de l'Oranienplatz, qui conclut: « «les Turcs de Berlin gagneront de toute façon le match » qu'une équipe ou l'autre l'emporte. Une tournure un peu diplomatique, prête pour le journaliste, peut être. « J'espère bien que la Turquie va gagner, c'est ma patrie », rétorque lui Faruk.
Du côté des Allemands, Ulla, 26 ans, est enthousiaste. « Allemagne contre Turquie, c'est génial, s'exclame-t-elle, tout le monde ne parle que de ça.» Et si son pays perd? « Et alors, c'est pas grave, c'est du football. »
C'est à Kreuzberg qu'est né en 1978 le Türkiyemspor Berlin, le club de foot symbole de l'intégration. Fondé au départ par des turcs immigrés venus de la région d'Izmir, il a rapidement dépassé ses frontières régionales, gagné en puissance, jusqu'à grimper en quatrième division. Il affrontera même Hertha, le club de Berlin, au cours d'un match historique rassemblant 12 000 spectateurs. Türkiyemspor joue aujourd'hui en « Oberliga », rassemble des joueurs de sept nationalités différentes entraînés par un Allemand. Il anime 14 équipes de jeunes, dont trois équipes de filles, récemment crées, et participe dans les écoles a des activités anti-racistes.
L'Allemagne a aujourd'hui ses stars d'origine turque. Le cinéaste Fatih Akin, qui décrocha le lion d'or à Berlin en 2004; Feridun Zeroglu, l 'écrivain; ou Cem Özdemir, député européen et leader des Grünen. Cinq députés du Bundestag sont d'origine turque, dont Lale Agkün (SPD) ou Ekin Deligöz (Grünen). Hamit Altintop, étoile du FC Bayern, né Gelsenkirchen, jouera lui dans l'équipe turque ce soir. « Je dois tout à 'Allemagne », dit-il. Mais le tricot enfilé, il ressent aussitôt « ce patriotisme », cette « appartenance à la Turquie ». « Je serais heureux que chaque fan vive le match comme une fête entre deux nations. Indépendamment du résultat c'est une chance pour l'intégration ».
L'écrasante majorité des turcs vivant en Allemagne, intégration ou pas, aura ce soir le coeur battant pour le pays de ses racines. Si la Turquie gagne, le spectacle après le match est garanti. Rappelons que les adversaires de la double nationalité -revendiquée par les Verts-, qui font la loi en Allemagne, ont obtenu que les Turcs qui accèdent à la nationalité allemande abandonnent leur appartenance d'origine et rendent leur passeport. Mais coupe-t-on ainsi les racines?
Commentaires
1. Le samedi 7 février 2009 à 01:08, par simplman
2. Le mardi 10 février 2009 à 03:12, par forcerouge
3. Le mercredi 11 février 2009 à 03:06, par sarah1454
4. Le mardi 17 février 2009 à 02:02, par fatima
5. Le mardi 24 février 2009 à 03:37, par fatima
6. Le mercredi 4 mars 2009 à 01:55, par sportsman
7. Le lundi 9 mars 2009 à 03:39, par theman452
8. Le vendredi 3 avril 2009 à 04:12, par baby
9. Le samedi 29 août 2009 à 05:04, par 4cielciel4
10. Le jeudi 17 décembre 2009 à 01:24, par claude99
11. Le vendredi 15 janvier 2010 à 04:55, par saymay
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