BMW et la Bavières espèrent sortir renforcés de la crise
Par Michel Verrier, mardi 23 décembre 2008 à 00:35 :: économie :: permalien #82
«L'ambiance est sereine en fait chez les 9000 salariés de BMW Münich, sans crainte de l'avenir. La co-gestion patronat-syndicat est la règle ici, et les emplois sont garantis jusqu'en 2014 souligne », Michael Leppeck, responsable de l'IG Metall Münich. Les 5 semaines exceptionnelles ne seront même pas déduites des congés payés mais des comptes d'heures de travail des salariés.
Les pics de production des dernières années ont multipliées les heures récupérables. Les repos prolongés de ces fêtes de fin d'année ne sont donc pas si exceptionnels que cela et sont bien accueillis : « on va pouvoir se reposer, en profiter en famille ». La prime de 510 euros obtenue par le syndicat de la métallurgie allemande dans l'accord salarial de branche qui vient d'être conclu aidera même à bien passer les fêtes. « Au total les augmentations de salaires obtenues pour l'année à venir représenteront environ 10 milliards dans l'ensemble de la branche. Un bon investissement pour la relance de la consommation ».
Les piliers de la métallurgie bavaroise, BMW, Siemens, Man, sont certes solides. Mais chez les sous-traitants, dans les petites et moyennes entreprises de la branche moteur de l'économie allemande la situation est moins brillante. Les premières suppressions d'emplois sont négociées dans les garages. Les salariés en contrat à durée indéterminée sont protégés. Les autorisations de licenciements légales, et l'indemnisation des réductions du temps de travail financée par les fonds publics (Kurzarbeit), les mettent à l'abri des licenciements. « Les salariés temporaires qui ont été embauchés depuis 2005, sont par contre les premières victimes. On en compte 250 000 dans la métallurgie, dans toute l'Allemagne », souligne Leppeck.Â
La croissance repartira-t-elle après une année difficile, comme le disent les « optimistes » dans les conseil d'administration ou siège le syndicat de la métallurgie?
Manfred Erlacher le patron de BMW Munich en est sûr : « nous allons sortir renforcé de la crise , notamment parce que les précaution ont été prises pour  essuyer les tempêtes de l'année 2009 ». Les « pessimistes » ou les « réalistes » voient déjà par contre la crise se prolonger en 2010, confie le responsable de l'IG Metall. « Là cela deviendrait grave, les carnets de commandes seraient épuisées ». Mais les syndicalistes se méfient des pronostics catastrophiste. « On a l'impression qu'ils se donnent le mot dans les milieux dirigeants pour tout remettre en cause de ce qui nous est acquis.»
La crise pour l'instant semble glisser sur la Bavière. L'avenue commerçante, de la Karlsplatz à la Marianenplatz est noire de monde. Chez « Saturn », tout électronique, les caisses ne désemplissent pas. Chez Bang et Olufsen, la hi-fi de luxe: « les couches moyennes renoncent à l'achat, mais les couches supérieures font leur dernière emplette avant d'épargner ailleurs ». Pour les riches pas de problème. Au « garage royal » ou l'on vent des lamborghini, Bentley, Ferrari, Masérati de 100 000 à 350 000 euros, Akram Barkia « ne sent pas la crise ».Â
Sur le Viktualienmarkt, le marché haut en couleur ou se mêlent fruits, fromages, charcuteries et bouteilles des meilleurs crus les avis varient. Pour Gisela, spécialiste des vins et fromages français, les ventes tournent comme d'habitude. « Dieu merci ». Sa voisine, charcutière, est moins optimiste, « les clients achètent moins, ou de moins en moins cher ». Pour Christian, marchand de bons vins allemands, « la crise est perceptible.
Mais « depuis des années déjà les revenus se tassent souligne-t-il. Songez que Vous payez aujourd'hui un produit le même prix en euro qu'il y a quelques années en Deutschmarck. Alors que le rapport est de 2 Dm pour 1 euro ».
« On ne souffre pas d'un problème bavarois mais d'un problème allemand, résume Hans Sterr du syndicat des services Ver.di. On est fort à l'exportation, mais question marché intérieur on est fragile. » Certaines branches des services, la sécurité par exemple n'ont même pas de salaires minimum, d'autres ont vu leurs revenus réels diminuer de 8% ces dernières années.
« Pour certaines familles, la vie est un drame. Nous militons pour un salaire minimum interprofessionnel. Une revendication qui laisse froids nos collègues de la métallurgie ».Â
Les secteurs privilégiés des services, les banques, ont été frappés les premières par la crise. C'est une banque bavaroise, la Hypo Real Estate, qui a failli mettre le système bancaire allemand sur la paille. La LB Bayern, la banque régionale bavaroise, est en piteux état. Son sauvetage va coûter 10 milliards d'euros au gouvernement du Land et 800 emplois vont être supprimés à Münich. Les conditions de licenciements seront certes des plus enviables. Mais c'est tout de même un sombre présage pour l'économie du Land le plus riche d'Allemagne.Â
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Ce billet reprend un article écrit pour La Croix, le 18 décembre 2008
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