Angela Merkel, doutes et incertitudes dans la campagne
Par Michel Verrier, samedi 19 septembre 2009 à 13:20 :: partis :: permalien #122
Brune, cheveux courts, souriante en costume sombre, Irene 33 ans, collaboratrice d'un cabinet d'avocat à Berlin « apprécie beaucoup Angela Merkel, sa personnalité, sa façon de faire la politique ». « C'est une bonne chancelière pour l'Allemagne ». Votera-t-elle pour autant pour la CDU? Rien n'est moins sûr. elle n'a pas encore fait son choix. « Dimanche dernier dans le duel TV qui l'opposait au candidat du SPD sur les écrans de télévision, c'est Franck - Steinmeier qui a marqué les points », remarque-t-elle.
"Nous élisons la chancelière".
A une semaine et demi du scrutin les électeurs toujours indécis représentent environ la moitié de l'électorat selon les sondages. Le décalage entre l'image très positive de la chancelière et le choix de voter CDU reste béant. Or en Allemagne l'électeur vote pour le candidat d'un parti dans sa circonscription l et pour la liste nationale d'un parti, avec sa « seconde voix », pas pour une chancelière. Sauf dans les sondages, et sur les derniers panneaux géants de la CDU, ou le visage souriant d'Angela Merkel se détache sur cette simple maxime: « nous élisons la chancelière ». « Nous », c'est le mot clé de la campagne démocrate-chrétienne. Un choix qui englobe tous les électeurs, toutes opinions confondues. Angela Merkel a choisi d'éviter le plus possible jusqu'ici la polémique, l'affrontement avec son challenger du SPD, Steinmeier. « En temps de crise explique-t-on à la CDU les électeurs ne supporteraient pas. Ils ont besoin d'être rassurés. »
Une tactique risquée.
Le très sérieux quotidien berlinois Tagesspeiegl résume la confrontation entre les deux candidats-chancelliers d'une phrase: « Mutti Merkel », Maman Merkel contre le « Pasteur Steinmeier. Angela s'adresse simplement à ses interlocuteurs, sait « rassurer » par des promesses ou un « pas de ça avec moi », énergique. D'ou ce surnom de « Mutti » qui a pris l'avantage sur le petit nom d' « Angie », de rigueur jusqu'ici. Mardi Angela Merkel a fait un voyage « rétro » et médiatique de Bonn à Berlin, dans le « Rheingold express »(l'or du Rhin), le train qu'empruntait à l'époque Adenauer, l'homme du miracle allemand de l'après guerre, dont on vient de fêter le 60 ème anniversaire de l'élection à la chancellerie. Un geste en direction des électeurs démocrates chrétiens: « il est important de mettre en évidence ses racines quant on veut façonner l'avenir, souligne Merkel ». Elle doit: « mettre de l'émotion dans la campagne, remarque Patick Adenauer, le petit fils du chancelier ».
"Notre pays peut faire mieux".
Steinmeier lui, laboure la campagne depuis l'été pour rassembler ses électeurs. On lui reproche son style technicien de la politique. « Je comprends votre colère » assure-t-il souvent à ceux qui l'interpellent, avant d'expliquer que le problème est plus compliqué qu'on ne le croit.
Mardi, à Münich, il développait à nouveau devant plusieurs milliers de personnes rassemblées, les thèmes sur lesquels il est apparu le plus convaincant déjà lors du duel télévisé. Qu'il s'agisse de l'abandon définitif du nucléaire adopté sous le gouvernement Schröder; de la nécessité de l'introduction d'un salaire minimum pour tous en Allemagne, « comme en Angleterre ou en France »; ou de la réduction des impôts promise par la CDU et le FDP. « Il faudrait une croissance de 9% pour financer ces promesses », assène le candidat du SPD
Mais tous les points marqués par Steinmeier depuis le duel de dimanche dernier influenceront-ils -t-il le vote, le 27 septembre. 14 millions de foyers regardaient le face à face sur les écrans de TV. 7 millions de moins qu'en 2005, lorsqu'Angela Merkel faisait face à Gerhard Schröder, note le politologue Franz Walter, soulignant la désaffection des téléspectateurs des chaines les plus populaires. « L'électorat du SPD le moins politisé a préféré cette fois le film de la vidéothèque ». Par résignation, face à la défaite attendue du SPD face à la CDU peut être. Après tout le SPD est bancal, il a perdu une part de son électorat à l'ouest, au profit de « la Gauche », le parti d'Oskar Lafontaine.
Ou bien parce que les jeux semblent déjà faits et pourraient se conclure au lendemain du vote par une nouvelle grande coalition avec Angela Merkel et Franck Walter Steinmeier aux commandes . « Mais y-a-t-il vraiment une alternative sérieuse s'interroge Renate, 66 ans, retraité qui ne sait toujours pas non plus pour qui elle votera dans dix jours. »
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