Sarkozy retrouve Merkel dans un décor agité
Par Michel Verrier, lundi 14 juin 2010 à 15:46 :: Franco-Allemand :: permalien #167
Un tiers des Français seulement soutiendraient encore leur président, 55% des Allemands ne croient même plus que la coalition de la chancelière ira jusqu’à la fin de son mandat, en 2013, selon un sondage Emnid, publié par le Bild Zeitung. 79% jugent «injuste» le plan de redressement budgétaire de la coalition des démocrates chrétiens et des libéraux vient d’adopter, et qui sera examiné le 7 juillet au Bundestag. 30000 personnes protestaient samedi dans les rues de Berlin et de Stuttgart, les syndicats préparent d’autres manifestations.
Jeudi dernier, l’affaire Opel a fait éclater la coalition. Tandis que son ministre de l'industrie, le libéral Rainer Brüderle (FDP), imposait son véto à toute aide fédérale au constructeur en difficulté, Merkel assurait au contraire: «rien n’est définitif». Le parti libéral condamnait illico son attitude, à l’heure ou les ministres-présidents des Länder qui abritent les sites d’Opel, trois démocrates-chrétiens et un social démocrate, affichaient leur amertume de concert.
Le véto du ministre bloque toute aide fédérale, quels que soient les voeux de la chancelière.
Merkel appelait le lendemain ses alliés à cesser les polémiques sur un autre terrain. Les démocrates chrétiens bavarois (CSU) rejettent la réforme de la santé du ministre Philip Rösler (FDP). Une politique sanitaire digne d’une «bande de concombres» selon la CSU, que le FDP assimile à une «horde de sangliers". Les invectives font la une des médias, alors que la réforme est cette semaine à l’ordre du jour du gouvernement!
Angela Merkel est critiquée maintenant dans son propre camps pour le choix de Christian Wulff (CDU), ministre président de Basse-Saxe, son candidat à l’élection du président de la république, le 30 juin prochain. Certains libéraux notamment ne cachent pas qu’ils voteront plutôt pour le candidat de l’opposition, Joachim Gauck, pasteur charismatique, originaire de l’ex RDA. Mettant en danger le succès du candidat de la coalition. Les Allemands en veulent enfin à la Merkel d’avoir donné ces derniers mois une image «détestable» de l’Allemagne.
C’est une jeune chanteuse de 19 ans, Lena -un prénom grec!-,qui est devenue «leur» nouvelle star, au soir de sa victoire le 29 mai au prix eurovision de la chanson. «L’Europe nous aime encore», se consolent-ils. Paradoxalement, la rencontre de Nicolas Sarkozy et d’Angela Merkel à Berlin, à 17 heures, pourrait donc presque avoir un air de pause dans ce décor. Le couple franco-allemand devrait ré-affirmer ses propositions communes de régulation des marchés à la veille du prochain sommet de Bruxelles et du G20.
S’entendra-t-il sur une future coordination économique des pays de l’Union? Sur cette question épineuse, Paris et Berlin défendaient encore il y a peu des positions inconciliables.
ce billet reprend un article écrit dimanche 1" juin pour la Tribune de Genève.
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