La passé nazi du ministère des affaires étrangères
Par Michel Verrier, vendredi 29 octobre 2010 à 18:19 :: Mémoire :: permalien #190
"Le ministère des affaires étrangères  a joué un rôle actif, dans la politique criminelle du soi-disant IIIè Reich et il fut avisé très tôt du choix de la « solution finale » reconnaissait hier le ministre des affaires étrangères d'Angela Merkel, Guido Westerwelle, soulignant combien le travail de mémoire est « difficile et douloureux », devant un parterre d'historiens, de journalistes, de futurs diplomates et de cadres actuels de l'institution.
Des documents étaient exposés dans la salle de la bibliothèque du ministère ou avait lieu la présentation. Un procès verbal de la conférence de Wansee notamment, à laquelle le ministère des Affaires étrangères participa, et qui devait initier l'extermination des populations juives recensées dans tous les pays d'Europe, et estimées au nombre de 11 millions selon le PV.
« Liquidation des juifs de Belgrad », c'est ainsi que Franz Rademacher, l'un des dirigeant du ministère, « chargé des affaires juives » sous le Reich, justifiait l'une de ses notes de frais de voyage, en avril 1943 ! « On considérait alors le meurtre comme une mission de service, soulignait Westerwelle. » Dés qu'Hitler conquérait un pays ou constituait un état-croupion, les diplomates étaient les premiers sur le terrain pour impulser la politique antisémite du régime jusqu'à ses dernières extrémités. Certains ne manquaient pas de faire du zèle et d'aller même au delà des consignes de leurs supérieurs.
En Serbie, Felix Benzler, plénipotentiaire du ministère, imposa « la liquidation de 90% des 16000 juifs », les accusant de résistance, d'actes de sabotage, après avoir dû insister deux fois auprès de Berlin.
En Grèce, Fritz Schöneberg, consul général, accéléra la déportation des 56000 juifs de Salonique, après avoir commis un rapport « de spécialiste » dans lequel il « prouvait » que les juifs « Sépharades, venus d'espagne » devaient être traités comme les Askhénazes, issus de l'est. A Paris en 1942 le diplomate Rudolf Schleier obtenait le feu vert du ministère pour la déportation de 6000 juifs, à la demande d'Eichmann. Puis l'ambassadeur Otto Abetz recommandait l'envoi de 40000 juifs à Auschwitz, tout en conseillant l'utilisation de « tous les moyens nécessaires afin de conforter la montée de l'antisémitisme ». Ceux qui tentèrent de résister furent l'exception. Quelques responsables dont Edmund Veesenmayer, organisateur de la déportation de 900000 juifs de Hongrie seront poursuivis après guerre. Condamné en 1949 à 20 ans de prison il sera libéré en décembre 1951 par les autorités occupantes ! 40% des diplomates de la République fédérale naissante, les trois quart des cadres du ministère étaient d'anciens nazis, et il était conseillé d'éviter la question aux jeunes qui entamaient leur carrière au cours des années soixante.
Gagnés par l'esprit de corps, ils garderont ce silence qui vient juste d'être rompu.
Ce billet reprend en partie un article paru dans Sud Ouest.
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