la CDU se divise sur le diagnostic pré-implantatoire
Par Michel Verrier, jeudi 18 novembre 2010 à 08:58 :: partis :: permalien #197
Le Dpi, l'examen génétique de l'embryon avant implantation, « est incompatible avec le caractère sacré de la vie », rappellera quant à lui à Karlsruhe Herman Gröhe, secrétaire général de la CDU. Tandis que Volker Kauder, chef du groupe parlementaire démocrate chrétien au Bundestag, soulignera qu'autoriser le DPI c'est : « ouvrir une porte sur l'inconnu », qui pourrait conduire jusqu'à « l'expérimentation sur le vivant », voire inciter à  la sélection.
Un terme qui renvoie  au passé toujours présent. Même si les partisans du diagnostic pre-implantatoire aujourd'hui n'ont rien à voir avec les nazis qui voulaient éliminer les « sous-hommes » et « les handicapés » à l'époque du IIIè Reich. Ils veulent seulement permettre aux familles susceptibles de transmettre de lourds handicaps, de prévenir ce risque, commentait le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Ursula von der Leyen, ministre du travail et numéro deux du parti, affichait ainsi mardi à Karlsruhe son hostilité à l'interdiction du diagnostic pré-implantatoire, en évoquant l'attente de ces parents, « porteurs de graves maladies ou malformations héréditaires qui souhaitent un enfant et ont peur », comme les craintes de ceux qui ont déjà « subi l'épreuve d'un enfant mort-né ou gravement handicapé ».
Ce débat qui reste l'une des questions politiques les plus sensibles en Allemagne a rejailli en juillet dernier au lendemain d'un jugement de la cour constitutionnelle de Karlsruhe, soulignant à la demande de médecins praticiens que la loi de protection de l'embryon n'interdit pas explicitement le diagnostic pré-implantatoire.
Un test qui concernerait chaque année 150 à 200 couples, susceptibles de transmettre de graves maladies héréditaire. Une loi devra donc être votée à ce propos. C'est une « question de conscience », souligne Volker Kauder, qui souligne que le vote du congrès de Karlsruhe en faveur de l'interdiction du dpi ne sera pas contraignant pour les députés de la CDU. Il s'agit en effet d'un choix personnel et tous les partis représentés au Bundestag sont susceptibles d'être partagés sur cette question.
Les libéraux du FDP, alliés d'Angela Merkel au gouvernement, ont déjà constitué un groupe de députés au delà des frontières des formations représentées au parlement. Ils présenteront prochainement un proposition de loi encadrant le recours au dpi pour les familles concernées.
Peter Hintze, théologien protestant, député de la CDU, est l'un des défenseurs les plus écoutés de cette option. Il s'insurge contre les mauvais augures qui mettent en garde contre le danger de voir les parents l'utiliser pour faire des « bébés-design », comme « si avoir des enfants aux yeux bleus et aux cheveux blonds, était le motif des familles qui peuvent être contraints de recourir au Dpi ». Il souligne par ailleurs combien il est illogique d'autoriser l'avortement en cas de maladie ou malformation grave de l'enfant « pouvant mettre en danger la vie de la mère », tout en interdisant le Dpi.
A l'inverse Annette Schavan (CDU), ministre de l'enseignement et théologienne catholique, particulièrement soucieuse de l'accueil que réserve la société aux handicapés a entrepris elle de rassembler les partisans de l'interdiction du dpi, au delà de son parti. Un souci que partagent aussi bien Katrin Göring-Eckardt, député des Verts, présidente du synode de l'église protestante, et vice présidente du Bundestag, qu'Andrea Nahles, vice présidente du parti social-démocrate et catholique, toutes deux minoritaires sur cette question dans leurs propres formations.
La conférence des évêques allemands a salué quant à elle mardi le vote du congrès de la CDU. L'église protestante s'est prononcé elle aussi contre le dpi en 2003. Son nouveau président Nikolaus Schneider, avouait cependant ce week-end s'interroger sur les dangers du Dpi et les attentes des parents porteurs de maladies héréditaires, qui souhaitent avoir un enfant.
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