Démissionnera, démissionnera pas, chaussure contre le président allemand



Sous un ciel gris, Plusieurs centaines de manifestants agitaient samedi une chaussure devant le château Bellevue, le siège de la présidence de la république à Berlin. Une manifestation symbolique, reprenant le geste venu du monde arabe pour inviter à la démission le président Christian Wulff, 53 ans, confronté depuis quatres semaines à des révélations gênantes sur l'achat de sa maison et ses tentatives d'empêcher la publication d'articles le concernant dans la presse populaire, le Bild Zeitung (voir la revue de presse).
La manifestation avait été appelée notamment sur facebook. Mais on remarque sur la vidéo ci-dessus un manifestant agitant la pancarte de l'organisation die Freiheit, dont la participation n'est guère surprenante. Die Freiheit est un parti d'extrême droite qui mène compagne pour le départ de Wulff, comme contre le monopole culturel de l'Islam en Europe! Or le président de la république a pris de front les préjugés anti-islamiques en soulignant que l'Islam fait partie de l'Allemagne. Ceci explique aussi cela.
En ce qui concerne les révélations auxquelles doit faire face Christian Wulff aujourd'hui, on démentait à la chancellerie ce week-end les rumeurs selon lesquelles Angela Merkel serait en contact avec son vice-chancelier, Philipp Rösler, président du parti libéral, pour lui trouver un successeur. Mais les démentis se succèdent sans grand effet depuis le début de l'affaire, le 12 décembre.
Christian Wulff aurait assuré dans un discours aux personnels de la présidence que l"orage d'acier" ("Stahlgewitter", d'après le titre du roman d'Ernst Jünger sur la première guerre mondiale) auquel il doit résister déclenché par les médias, allait bientôt cesser et qu'à la fin de l'année tout serait oublié.
Angela Merkel détient en fait la clé de la situation. Wulff est son protégé. Elle l'a imposé, non sans mal, à sa coalition pour remplacer son prédécesseur Horst Köhler, démissionnaire. Plusieurs autres candidats étaient possibles. D'Ursula von der Leyen, ministre du travail démocrate chrétienne, au candidat présenté par l'opposition, Joachim Gauck, ancien responsable de l'examen des archives de la Stasi, pasteur, originaire de l'est, qui avait également le soutien de membres de la coalition gouvernementale.
Wulff affirme ne pas vouloir renoncer à son poste, la chancelière assure "apprécier" son travail et ses réponses aux questions auxquelles il fait face aujourd'hui. C'est un peu du "je te tiens, tu me tiens par la barbichette"...Une démission de Wulff serait évidemment un nouveau revers pour la chancelière. D'autant qu'il lui serait sans doute impossible d'imposer un nouveau candidat à sa guise.
Le président de la république est en effet élu par une assemblée fédérale rassemblant notamment les députés et délégués du Bundestag et des Länder. Or la coalition gouvernementale, CDU, CSU et Libéraux, n'aurait plus que quatre voix d'avance sur l'opposition dans cette instance convoquée aujourd'hui, après avoir encaissé échec sur échec lors des scrutins dans les Länder, depuis l'élection de Wulff. Angela Merkel serait donc contrainte aujourd'hui de s'entendre avec l'opposition sur le nom d'un candidat. Elle risquerait sinon d'encaisser une défaite cinglante, quatre voix d'avances n'étant en aucun cas une garantie suffisante pour l'élection d'un candidat présenté par sa coalition gouvernementale.
Wulff assure qu'il restera à son poste.
Mais le soutien commence à lui faire défaut, même dans les rangs de la CDU, son parti -Wulff a été vice-président du parti démocrate chrétien, et considéré comme "proche" de Merkel. Les députés du parti de la chancelière font face dans leurs circonscriptions aux interrogations de l'opinion. Une gène renforcée par la décision prise hier mercredi, sur les conseils de son avocat de ne pas publier sur internet les 400 questions qui lui ont été posées par les journalistes et ses réponses. Alors que Wulff s'y était engagé lors de son interview télévisé au lendemain des fêtes. Une décision qu'a regrettée publiquement Peter Altmeier, un proche de la chancelière, réclamant la totale transparence et conseillant à Wulff de "tenir" son avocat. Altmeier était jusqu'ici un défenseur de Wulff. Le président devrait finalement céder à la pression et publier les questions-réponses demandées.
Karl-Georg Wellmann, député de la CDU a été lui le premier a réclamer son départ vendredi, préférant une "fin catastrophique à une catastrophe sans fin".

Rappelons que c'est un curieux prêt de 500000 euros, qui a déclenché l'affaire Wulff. Il a permis au président d'acheter sa maison particulière en 2008 au lendemain de son divorce, pour « refaire sa vie » avec sa seconde femme, Bettina.
Ministre-président du Land de Basse Saxe à Hanovre,il avait assuré à l'époque que ce prêt lui avait été consenti par Edith Geerkens, la femme d'un homme d'affaire de ses amis. Une explication officielle visant à écarter les soupçons de l'opposition au parlement de Basse-Saxe, qui soupçonnait l'homme d'affaire, Egon Geerkens, d'avoir retiré quelques profits du service rendu. Mais la distinction fragile entre la femme de l'homme d'affaire et les capitaux de son mari n'a pas résisté à l'examen des médias. Et le président ayant racheté ensuite le crédit « amical », par un second prêt tout aussi avantageux que le premier, consenti par la banque du land de Bad Würtemberg (Stuttgart), l'affaire a semblé encore plus trouble.
On apprenait également que l'homme d'affaire très médiatique Carsten Marschmeyer, avait financé de sa poche la pub' du livre de Wulff publié pendant la campagne électorale en Basse Saxe.Le président et sa femme passant alternativement leurs vacances en Californie ou à Majorque chez Maschmeyer ou chez les Geerkens.
Or le président de la république allemande qui ne dispose quasiment d'aucun pouvoir, fait figure de référence morale. Il doit montrer la voie et sa parole est sa seule autorité.
Une nouvelle révélation a donc fait l'effet d'une bombe au lendemain du 1er janvier : Wulff a tenté début décembre d'empêcher ou de retarder la publication des informations dommageables pour lui. Alors qu'il défendait au même moment la liberté de la presse, en visite au Quatar ! Il a menacé de « guerre » et de « poursuites judiciaires », Kai Dieckman, le rédacteur en chef du Bild-Zeitung, le quotidien lu par 12 millions de personnes. Enregistrant ses menaces sur la boîte vocale personnelle de Dieckmann. « Une grave erreur a-t-il avoué dans l'interview diffusée sur les deux chaines de télévision publiques, ARD et ZDF. »

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