Crimes nazis, les services de renseignements en question
Par Michel Verrier, mardi 3 juillet 2012 à 17:26 :: société :: permalien #310
Heinz Fromm le chef des services de la "Verfassungsschutz" -renseignement intérieur- part en retraite « anticipée ». Il assume ainsi la responsabilité de la faillite des autorités face au réseau nazi qui écuma incognito l'Allemagne jusqu'en novembre dernier, assassinant en douze ans dix personnes, dont neuf commerçants, marchands de Kebab. Des crimes racistes en série attribués alors à la mafia turque!
Fromm doit répondre entre autres de la destruction par un fonctionnaire de la "Verfassungschutz" de sept dossiers concernant les indicateurs des services de renseignements dans les milieux nazis de Thuringe dont les trois membres du trio étaient originaires. Pourquoi les documents ont-ils été détruits ?
Ces dossiers auraient été indispensables à la commission d'enquête mise en place par le parlement pour éclaircir les causes de l'impunité totale du trio clandestin pendant plus de dix ans.
Heinz Fromm et le fonctionnaire incriminé doivent être entendus jeudi par la commission parlementaire. Les députés veulent dorénavant avoir accès aux bases de données dans lesquels les agents de la "Verfassungsschutz" rendent compte des activités de leurs indicateurs au sein des milieux néos-nazis. « Nous trouverons les règles nécessaires pour que le parlement puisse effectuer son contrôle, assure le ministre fédéral de l'intérieur Hans-Peter Friedrich ». Les services de renseignements -auxquels les services de renseignements militaires étaient associés sans doute- font face à une crise de confiance qui va jusqu'à mettre leur existence en cause.
L'entretien des informateurs au sein des groupes nazis, les « V-Männer » (« Hommes de confiance ») copieusement rémunéré par les services est critiqué comme étant de fait un subventionnement des partis néos nazis par l'état.
Ces indicateurs « distribuent de la musique nazie, participent à des attentats, diffusent des menaces de mort », souligne le Tageszeitung (proche des verts). Ils revendiquent des actes criminels et bénéficient de leurs contacts avec l'appareil d'état pour déjouer les mesures policières qui menacent les leurs. Que les dossiers qui recensent leurs activités et leur identité puissent même être détruits n'est que la logique ultime du système. Elle alimente toute les théories du complot selon lesquelles les autorités et l'appareil d'état étaient au courant des activités du trio, au moins en partie, et couvraient sa clandestinité.
Fromm, fait les frais de ces ambiguités. Membre du SPD et nommé sous le gouvernement de l'ex chancelier Schröder, il était pourtant l'un des rares à mettre régulièrement en garde contre la relativisation du danger néo-nazi au lendemain des attentats du 11 novembre. L'attention des services de renseignements se concentrant alors avant tout sur le terrorisme islamiste.
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