L'école de l'inégalité, la Bavières fait la leçon à Berlin
Par Michel Verrier, jeudi 11 octobre 2012 à 15:01 :: General :: permalien #315
Le niveau global des élèves varie également sérieusement en fonction du Land d'origine. Les grandes villes-états telles que Berlin, Brème et Hambourg sont en queue de classement. 20 % des élèves n'atteignent pas le niveau fédéral standard en lecture à Brème et Berlin. 25 % quittent le primaire sans avoir atteint le niveau standard moyen et sont de futurs élèves à risque.
A l'inverse les écoliers bavarois, les premiers du classement depuis longtemps, dépassent en moyenne le niveau standard fédéral dans tous les domaines. 10 % des élèves seulement sont considérés comme « à risque » en fin de scolarité en Bavières, en Saxe et Saxe-Anhalt -deux Länder de l'ex RDA. C'est d'ailleurs en Saxe que l'écart entre les élèves de milieux sociaux différents se resserre le plus après quatre ans.
Le quotidien berlinois proche des verts se moque quelque peu de ces « héros bavarois» toujours en tête des classements scolaires, et qui doivent porter sur leurs frêles épaules « la charge de sauver années après années une nation de la formation en train de sombrer ».
Tout cela pour des études qui affichent seulement des résultats -que l'on ne peut confondre avec des connaissances- et renforcent l'arrogance des politiciens des Länder du Sud qui n'en manquent pas déjà . "Mais si l'on peut comparer des réalités aussi différentes que les grandes villes et les campagnes bavaroises, on ne peut en tirer un classement. A Berlin ou Brème la vie est plus colorée, trépidante, diversifiée que dans la Haute Bavière. Peut-on faire là -bas autre chose que lire et faire ses devoirs de classe ?"
« Nombreux sont ceux qui voient à nouveau dans cette étude, la catastrophe en cours de la formation, qui revendiquent des réformes et ne voient d'avenir qu'au sud. Ils devraient comprendre qu'il est bon que les enfants bavarois lisent parfaitement, mais que les enfants ailleurs sont aussi préparés à ce que les études n'apprennent pas, à la vie. »
Les ministres de l'éducation des länder en fin de classement on toujours trouvé jusqu'ici une bonne excuse, rétorque le Süddeutsche Zeitung de Münich. « Il y a plus de familles à problèmes dans les grandes villes qu'à la campagne. Le succès des Länder du sud en particulier dans les lycées provient de ce que les élèves y sont hyper-sélectionnés -dans les lycées pour préparer l'Abitur (le baccalauréat, la « maturité »), ndr- et les élèves bons et moyens relégués en nombre dans les collèges élémentaires et techniques». Ce ne sont que des prétextes, car les chercheurs ont réagit à ces critiques dans leur dernière étude, insérant de grandes villes au même titre que les trois villes-états, Berlin, Brème , Hambourg.
L'étude démontre une faillite de l'éducation dans ces trois villes. Alors qu'elle était précisément conçue depuis des années pour accroître les chances de réussite des enfants de familles issues de l'immigration. Et pourtant les résultats en lectures et en calcul aujourd'hui ne dépendent nulle part ailleurs plus de l'origine sociale qu'a Berlin et Brème en quatrième classe (à neuf ans).
C'est d'autant plus grave que c'est dans cette classe que l'on décide que l'élève ira au lycée ou dans les collèges pour suivre l'enseignement technique ou professionnel -la séparation en trois établissements selon le niveau des élèves à 9 ans reste en vigueur mais est toujours plus contestée en Allemagne, ndr.
Les Länder à la traîne doivent donc s'inspirer des recettes de ceux qui réussissent le mieux. Inviter les professeurs à plus de formation continue. Si l'étude comparative qui vient de paraître arrivait déjà à cela elle aurait déjà atteint un premier but.
« Pourquoi donc les résultats scolaires de Hambourg sont-ils si mauvais », a demandé le quotidien münichois à Ties Rabe, ministre social-démocrate de l'éducation de la ville hanséatique, ancien professeur d'Allemand, religion, histoire.
« Il est vrai que tous les Länder ont de grosses difficultés avec certains groupes d'élèves en particulier, répond-il. Et ces groupes ne sont pas répartis uniformément partout.
A Hambourg 44 % à des élèves sont enfants de familles originaires de l'immigration. On en compte seulement 5 % dans les Länder de l'est de l'Allemagne. Si l'on tient compte dans tous les Länder des résultats des élèves qui sont de familles allemandes, non-immigrées, alors Hambourg se retrouve en cinquième place et non en bas du classement.
Si l'on compare les résultats des élèves selon leurs origines sociales, Hambourg et la Rhénanie du nord (NRW) sont à peu près à égalité, Mais la différence dans le classement final provient de ce que l'on ne compte que 30 % de jeunes issus de familles immigrés en NRW -contre 44 % à Hambourg. Il n'en est pas moins exact, poursuit le ministre que la Bavières a de meilleurs résultats que les autres dans ces deux groupes, il faut donc en rechercher les causes.
L'origine sociale des élèves -hors immigration- n'explique pas tout non plus. Même si les groupes à risque sont le plus souvent constitués par des jeunes originaires des milieux sociaux les plus démunis. Les résultats par exemple en Saxe-Anhalt sont bons de ce point de vue. Pourquoi ? Les statistiques des chercheurs ne l'expliquent pas.
Il n'en reste pas moins que l'école ne parvient pas à réduire les différences sociales, reconnaît le ministre de Hambourg -gouverné par le SPD. Pour les sociaux démocrates l'égalité des chances à l'école est pourtant une priorité. Les réformes prioritaires pour améliorer les résultats de Hambourg devront être selon lui : un renforcement de l'aide aux élèves les plus faibles, l'offre croissante d'écoles à plein temps -la majorité des écoles à l'ouest de l'Allemagne ferment en début d'après midi.
Elles aident en particulier les élèves qui n'ont pas l'appui culturel nécessaire à la maison, l'amélioration des cours enfin, serait un facteur décisif pour les bons résultats.
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