Début de campagne chaotique pour le candidat Steinbrück
Par Michel Verrier, jeudi 15 novembre 2012 à 21:02 :: General :: permalien #316
Steinbrück a reconnu lui même avoir manqué de doigté et vient à posteriori de transformer son cachet en subvention pour des œuvres sociales. Ministre des finances de la grande coalition d'Angela Merkel jusqu'en 2008, il s'est taillé une réputation de pourfendeur des banques suisses et du secret bancaire. Or selon les révélations du quotidien suisse NZZ du week-end dernier, Steinbrück aurait encaissé 1500 euros, lors d'une conférence organisée par l'éditeur suisse Ringier le 9 décembre 2010, et ne les auraient pas déclarés ensuite au titre de ses revenus aux impôts . Un comble qui faisait déjà de nouvelles vagues médiatiques à Berlin! Son chargé de presse a dû voler à son secours en expliquant que le candidat du SPD n'avait jamais encaissé cette somme, dont il aurait fait don.
Une version confirmée par Ringier -après quelques hésitations-, l'éditeur assurant détenir la quittance du versement des honoraire de 1500 euros à une œuvre sociale catholique de Haan sur le Rhin.
Mais toutes ces révélations successives, même démenties, laissent des traces. Et la dernière en date, révélée par le Bild Zeitung démontre que rien ne lui sera épargné : Steinbrück utiliserait sa carte de chemin de fer de député pour se rendre à ses conférences, rémunérées ou non.
En trois ans se défend le candidat-chancelier, il a animé en effet bénévolement, 237 conférences pour des écoles, pour la fondation du SPD, ou pour des organisations sociales.
Et il a par ailleurs versé certains de ses honoraires à titre de subventions à des associations de bienfaisance, et même au « musée du jazz ». Depuis l'annonce de sa candidature, il renoncerait à ses « cachets » pour en faire bénéficier des projets d'intérêts publics.
Sigmar Gabriel, le président du SPD, estime donc que les revenus élevés du candidat Steinbrück ne « posent pas de problème ».
Sous la pression Steinbrück a même fini par les faire inventorier en détail par une agence d'expertise, les rendant publiques et espérant ainsi faire taire les rumeurs.
Renvoyant la balle, il revendique maintenant la réforme des déclarations des revenus cumulés aux services du Bundestag, aujourd'hui particulièrement opaques. Tous les députés devraient, selon lui, suivre son exemple et déclarer leur montant« jusqu'au dernier cent ». En particulier les démocrates chrétiens et les libéraux (FDP) qui ont déclenché la polémique autour des revenus de Steinbrück.
Après un petit succès d'estime lors de sa déclaration de candidature, le soufflet semble retombé et la polémique autour de ses revenus a fait chuter Steinbrück de la troisième à la sixième place, dans le classement des responsables politiques préférés des Allemands. Merkel en tête le distance aujourd'hui de 17 points.
Pour un départ raté, c'en est un ! Sa seule consolation pourrait-on dire est que la cote de Merkel n'empêche pas les 2/3 des Allemands d'être mécontents de la politique de son gouvernement et de rejeter, à l'avance une nouvelle coalition des démocrates chrétiens et des libéraux au lendemain des élections fédérales de septembre 2013.
Si le vote avait lieu demain, la coalition gouvernementale se retrouverait a égalité avec les Verts et le SPD à 44 %. Il suffirait de gagner 2 % pour que la balance se retourne en faveur des deux partis d'opposition au Bundestag. Et pour constituer une majorité SPD-Verts dont Steinbrück serait le chancelier, affirme aujourd'hui son entourage, au milieu des tourments d'un début de campagne chaotique. Car il ne faut jamais oublier que ce sont les députés qui élisent le chancelier, et pas les électeurs qui dans l'urne votent pour les partis.
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