Transports maritimes, course au gigantisme et moral en berne
Par Michel Verrier, vendredi 14 décembre 2012 à 17:25 :: General :: permalien #323
avec une capacité de 16000 containers le Marco Polo est actuellement le plus gros bateau de transport du monde, et son arrivée au port de Hambourg a été suivi par les médias et les curieux
Appartenant à la compagnie d'armement française CGM, le Marco Polo est l'image de la course au gigantisme absurde à laquelle se livrent les grands armateurs. Marco Polo sera dépassé dés juin 2013 par la mise à l'eau d'un porte container de 18.000 « boîtes ». Pratiquement le double du "Gudrun Maersk", qui était le plus gros bateau de la catégorie, en 2005 note Spiegel on line.
Chez les armateurs allemands par ailleurs le moral est gris
. 2013 sera une question de survie pour nombre d'entre eux, selon Michael Behrend, président de la fédération des armateurs allemands (VDR), souligne le Frankfurter Allgemeine Zeitung (édition papier). Les bateaux offrant moins de 3000 places de boites containers ne voyagent pas assez et ne sont plus rentables. Car ils souffrent d'une offre excessive de porte-containers disponibles, au moment ou la demande est en baisse, pour des raisons de conjoncture.
Les loyers de leurs navires affrétés par les compagnies maritimes pour le transport des containers sont en chute libre et ne permettent plus de couvrir les coûts des bateaux en personnel et en capitaux investis. Les armateurs-charter sont les plus touchés par la crise.
Les principales compagnies, Hapag-Loyd ou Hamburg-Süd, qui se chargent de l'approvisionnement des navires en container se portent mieux par contre et tirent profit de la chute des coûts de location des navires.
Le retrait enfin de plusieurs des banques maritimes les plus importantes du marché -dont la Commerzbank,- « coupe pratiquement le courant d'alimentation de la branche charter maritime ».
L'Allemagne risque de perdre son rang, elle détient actuellement 9 % de la flotte commerciale de la planète avec 3750 navires. Elle emploie 73000 personne « à bord » et 23000 à terre.
500 affréteurs, dont les capitaux proviennent des fonds maritimes (Schiffsfonds) sont en attente de restructurations.
Une centaine de fonds maritimes qui rassemblent les placements de milliers de déposants et qui offraient des placements réputés sûrs jusqu'ici se battent pour survivre. 113 fonds sont en faillite selon une étude spécialisée. L'ensemble de ces fonds en Allemagne détenaient 52 milliards d'euros de dépôts en 2011 et seuls les fonds immobiliers avec 72 milliards d'euros attiraient pus de déposants.
Les armateurs ont demandé l'aide du gouvernement et de la banque d'état Kfw afin de soulager ceux qui sont en panne de crédits ou en difficulté à la suite de l'abandon de la branche maritime par les banques qui jugent ce marché trop risqué aujourd'hui. Mais le ministre de l'économie Philip Rösler refuse de voir assumer par l'état les risques de crédits jugés trop importants par les banques privées.
Le plus gros armateur de transports par containers, Hapag-Loyd s'insurge par ailleurs contre une nouvelle taxe qui vient d'être imposée par le fisc. Les armateurs charter ont l'habitude en effet depuis des années d'exploiter leurs navires en pool de 20, 30 ou 40, en se répartissant ainsi les coûts et les bénéfices. L'administration fiscale a jugé par contre qu'il s'agissait là d'une forme de société d'assurance et réclame donc 19 % d'impôt assurance pour les sept années écoulées. Un coût de plusieurs centaines de millions qui « pourrait signifier la fin pour nombre d'entrepreneur selon VdR. Michael Berendt demande à Wolfgang Schäuble de stopper cet impôt absurde qui n'existe « dans aucun autre pays du monde. »
Les armateurs ayant peu renouvelé leur flotte et un nombre croissant de vieux rafiots finissant à la casse, le fossé entre l'offre et la demande de transport devrait se résoudre dans les années qui viennent. Mais une croissance du commerce mondial ne ré-équilibrera pas l'offre et la demande. Même si la demande de charge croît de 4 % dans l'année à venir, comme l'envisagent certains affréteurs, l'excès de capacité demeurera. Car dans le même temps les capacités des nouveaux bateaux mis en service va croître de 10 % Et combien d'armateurs auront disparus entre temps faute du soutien nécessaire du pouvoir politique, s'insurge le président de la fédération des armateurs.
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