vendredi 13 mars 2009
L'Allemagne désemparée tente de comprendre la folie meurtrière de Tim, 17 ans.
Tim avait entamé une psychothérapie pour dépression il y a un an environ, avec l'accord de ses parents. Puis il avait interrompu son traitement et se serait renfermé sur lui. Pourtant, champion de tennis de table, il était loin d'être un perdant, et n'était « pas du tout replié sur lui même », assure son entraîneur. Une photo le montre triomphant sur le podium dés quatorze ans, la coupe à la main. L'un de ses voisins, 19 ans, le dépeint certes plongé dans les jeux de mort de son ordinateur. « Mais il n'y a jamais joué plus que moi ou mes amis, précise Stefan, un de ses anciens camarades de classe. » Linda, 17 ans, assure qu'elle aurait pu imaginer d'autres garçons de la classe en tueur fou, « mais pas lui. Il avait l'air si gentil ».
Tim s'entraînait à tour de bras avec ses armes airsoft à billes dans la cave de la maison familiale ou au club de tir que fréquentait son père. « Mais je n'aurais jamais cru qu'il tire pour tuer, assure son ami Martin. Ou sur des oiseaux, pas sur des gens ». «Il cherchait une reconnaissance, à l'école il collectionnait les pires notes qui soient, insiste de son côté une élève de l'école qu'il fréquentait cette année. » Il se serait plaint d'être ridiculisé par les autres écoliers, brimé par une professeur. Autant d'affirmations contredites d'ailleurs par d'autres élèves ou professeurs, pour lesquels Tim était un élève normal.
« Nous ne comprenons pas ce qui s'est passé, et nous n'arriverons jamais à l'expliquer vraiment", soulignait déjà le président de la république Johanes Rau, en 2002, au lendemain de la tuerie d'Erfurt ou Robert Steinhauser, 19 ans, 17 morts. Tout fut inventorié. Mauvais résultats scolaires, éducation ratée, isolement social, intoxication d'Internet, jeux d'ordinateurs violents et films d'horreur, accès facile aux armes et aux munitions, constituaient autant d'explications possibles de sa folie meurtrière. La loi sur les armes a été durcie depuis. Les « dangers » des jeux d'ordinateurs violents, « Counter Strike » au premier plan, mis en exergue. La prévention nécessaire pour éviter ce genre de drame, en repérant son auteur potentiel avant qu'il ne dérape en lui portant secours a été priorisée. Renate Hahn, rectrice du collège de Winnenden souligne que le suivi psychologique des élèves fragilisés, en crise, n'a cessé d'y être renforcé ces dernières années, avant de conclure la gorge serrée: «parfois on se sent impuissants». Tim est passé au travers du filet.
Ce billet reprend un article publié dans la Tribune de Genève. Voir également ma revue de presse allemande