jeudi 26 novembre 2009
Afghanistan, le chef d'état major de l'armée allemande démissionne
L'officier allemand, nom de code « red baron », qui dirige l'opération, répond: « négatif ». Le pilote demande alors si les cibles constituent bien « le danger immédiat » pour les troupes allemandes, condition impérative pour avoir droit de faire feu. « Red baron» confirme. C'est une contre-vérité. Mais l'officier Klein justifiera le bombardement en arguant de sa crainte de voir les Talibans utiliser les camions citernes dans un attentat suicide contre le camp de la Bundeswehr à 6 kilomètres de là . Les bombardiers feront 142 morts, dont 30 à 40 civils.
La vidéo et le rapport de la gendarmerie militaire allemande qui confirme les victimes civiles seront dissimulés à l'opinion, à la commission défense du Bundestag et aux parlementaires. Ils donnent évidemment une toute autre image du drame que la version officielle diffusée après le bombardement. Devant le Bundestag, le ministre de la défense d'alors, le démocrate-chrétien Franz Josef Jung, s'appuiera sur « des sources afghanes », dont le gouverneur de la région de Kunduz, pour affirmer que seuls des « terroristes Talibans » ont été tués. Évoquant comme une simple hypothèse, d'éventuelles victimes civiles.
Le visage fermé, après avoir confirmé l'existence des documents cachés, Karl Theodor zu Guttenberg (CSU), le ministre de la défense du nouveau gouvernement Merkel, annonçait lui hier aux parlementaires la démission du chef d'état major de la Bundeswehr, le général Wolfgang Schneiderhan, et celle de Peter Wichert, secrétaire d'état du ministère, les premières victimes du scandale.
Sur les banc du gouvernement, Karl Josef Jung, ministre du travail d'Angela Merkel aujourd'hui, se retrouvait le dos au mur et faisait alors face aux questions des députés. Avait-il eu oui ou non connaissance de ces documents? Les avait-il consciemment dissimulés aux parlementaires? Répliquant à l'opposition qui réclamait sa démission, Jung choisissait l'esquive, et assurant en fin de journée, les avoir transmis à la commission d'enquête de l'OTAN sur le bombardement de Kunduz, sans même en avoir pris connaissance.
Une défense qui déclenchera le tollé de l'opposition et qui, si elle lui permet de rester à son poste pour l'instant, risque d'attiser encore le scandale plutôt que de l'éteindre.