Scholz échange le Canada contre la Russie

Le voyage d’Olaf Scholz au Canada rappelle ceux d’Angela Merkel en Chine. Le chancelier ne se déplace pas seulement avec le ministre de l’économie et vice-chancelier Robert Habeck (vert), une forte délégation des affaires l’accompagne et la visite durera trois jours. Olaf Scholz n’avait pas encore fait une telle démarche pour ses plus de vingt visites officielles depuis le début de son mandat souligne le quotidien berlinois der Tagesspiegel.

Mais en fait c’est pour remplacer la Russie que le chancelier se rend au Canada. « Ce pays dispose sur son sol de richesses similaires à celles de la Russie, affirmait Scholz avant son départ. Avec cette différence qu’il s’agit d’une démocratie à laquelle on peut faire confiance, rapporte le quotidien der Tagesspiegel ".
L’Allemagne est en quête de nouvelles sources d’énergies et de nouveaux fournisseurs, capables de lui livrer les matières premières indispensables à son tournant énergétique.

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Scholz et Trudeau, une relation de confiance

 

Scholz entretien de plus une relation privilégiée avec son hôte Justin Trudeau, souligne der Tagesspiegel. En février 2017, il avait reçu à Hambourg, la ville hanséatique dont il était maire avant de devenir chancelier, pour le nommer invité d’honneur de la ville hanséatique. C’était un mois avant l’élection de Trump, un signal contre le populisme et en faveur du traité d’échange Ceta,  largement critiqué en Allemagne par le SPD et les Verts...
C’est en raison de ces bonnes relations que le gouvernement canadien a récemment fait l’impasse sur ses propres réserves et permis l’expédition en Allemagne de la turbine que l’exploitant du gaz russe Gazprom’ avait envoyé au Canada pour maintenance.

Mais les attentes de Berlin quant à la livraison de gaz naturel liquéfié (GNL) par bateau ne peuvent  être satisfaites dans l'immédiat. Il s'agit plutôt d'un engagement d'avenir pour éliminer la dépendance à l'égard du gaz russe. Les infrastructures nécessaires telles que les gazoducs, les terminaux font actuellement défaut au Canada comme en Allemagne. L’accroissement de production de gaz GNL, énergie fossile, est par ailleurs contraire aux objectifs de sauvegarde du climat et la technique d’extraction « fracking », décriée dans les deux pays par les écologistes, provoquent des dégâts dans les sols et des dangers d’effondrement. N’oublions pas que le ministre de l’économie allemand est membre des Grünen (verts). 

Les deux pays veulent donc conjuguer leurs efforts dans le production et l’exportation d’hydrogène vert, énergie propre. Le Canada veut en exporter de fortes quantité, mais il doit d’abord maîtriser les techniques. l’Allemagne peut y contribuer comme elle contribua à la mise en œuvre de l’extraction et de l’exportation du gaz sibérien, avec les groupes Siemens et Basf, partenaires de Gazprom’.
Les obstacles à la coopération Canada-Allemagne doivent donc être levées. Le jeu en vaut la chandelle. La coalition du chancelier Scholz a donc décidé de ratifier le traité Ceta avec le Canada, en dépit des préventions du parti vert, du ministre de l’économie et vice-chancelier Robert Habeck.

Michel Verrier

Author: Michel Verrier

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