Basf Gazprom les liaisons dangereuses


Un scandale que ne dément pas le groupe allemand en fait. Basf  s’est contenté de condamner l’agression de Moscou. Sa filiale Wintershall réplique qu’elle n’est pas responsable des produits que fabrique le conglomérat russe auquel elle est liée.
 Basf-Wintershall, géant de la chimie allemande,  et Gazprom’, pilier de l’économie russe et du pouvoir du Kremlin, sont unis comme deux doigts de la main depuis plus d’une décennie dans l’exploitation du gisement sibérien d’Urugenskoye, à 3500 k de Moscou. C’est l’une des multiples activités qui lient les deux groupes, la plus connue étant l’édification des gazoducs sous marins  Northstream I et II qui exportent ou plutôt devaient exporter le gaz sibérien et le distribuer en Europe (voir  http://www.michel-verrier.com/index.php/post/2022/05/07/BASF-russie ). Mais depuis la guerre en Ukraine, cette alliance germano-russe est toujours plus difficile à justifier.

wintershall Gazprom.png

Mario Mehlen, président de Wintershall sous l'oeil de Zelansky

 

Les deux groupes sont liés depuis des années par des sociétés communes, des joint-venture, assurant l’extraction du gaz russe et sa distribution en Allemagne et en Europe –Siemens participe également à cette activité. En dépit de la guerre, Basf-Wintershall ne veut pas risquer de perdre une exploitation gazière très fructueuse en sortant du joint-venture qui exploite l’extraction du gaz sibérien depuis 2008. Il lui est donc impossible de s’opposer à sa livraison à son associé Gazprom’, seul maître des produits qu’il en tire.
Selon der Spiegel et ZDF, une raffinerie de Gazprom’, livrerait ainsi du carburant pour avion à Morosowsk et Woronesh, près de la frontière ukrainienne, là ou se trouvent des bases pour les bombardiers russes. Ces derniers auraient notamment bombardé les civils à Marioupol et Tschernihiw. Amnesty international et Human Rights Watch qualifient ces actes de crimes de guerre. Svitlana Romanko, fondatrice de l’association ukrainienne Razom, se dit choquée de ce qu’un entrepreneur allemand contribue à la machine de guerre russe. Elle revendique l’imposition à 100% des profits qui en résultent, afin que ces fonds soient versés en dédommagement à l’Ukraine, en vue de sa reconstruction. Actuellement Wintershal verserait plusieurs centaines de millions d'impôts à la Russie.
ZDF signale également qu’en France le procureur a ouvert une enquête contre Total énergie pour participation à des crimes de guerre en raison de sa participation à l’extraction de gaz d’un gisement sibérien, dont les produits sont supposés avoir servi également à la production de combustible pour les chasseurs bombardiers russes.
Des spéculations, selon Wintershall qui répond que le condensat peut être utilisé pour de multiples produits pétrochimiques et ne rentre pas dans la production de carburant pour les chasseurs bombardiers russes. Wintershal se défend également en assurant que ses activités en Russie contribue à la sécurité de l’alimentation énergétique de l’Europe. Mais l’argument ne résiste pas à l’examen, suite au sabotage des gazoducs Northstream et la réduction des livraisons de la Russie. De Janvier à septembre l’entreprise a encaissé 1,272 milliards d’euros cinq fois plus qu’en 2021. 
 

Michel Verrier

Author: Michel Verrier

Restez au courant de l'actualité et abonnez-vous au Flux RSS de cette catégorie

Commentaires (0)

Soyez le premier à réagir sur cet article

Ajouter un commentaire Fil des commentaires de ce billet

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Aucune annexe



À voir également

leopard-zwei.jpg

Conflit sur les Panzers pour l’Ukraine au Bundestag

L’Allemagne ne livre pas à l’Ukraine les chars d’assaut et les armes lourdes dont elle a besoin face à l’armée russe. C’est l’union chrétienne, CDU/CSU qui a mis ainsi en accusation le gouvernement du chancelier Scholz jeudi 22 septembre au Bundestag.

Lire la suite

Kuleba WELT.png

Pour Kiev, Berlin en fait toujours trop peu

accueilli à Berlin au ministère du "soutien à l'Ukraine" (sic) par le ministre Vert Habeck, le ministre des affaires étrangères ukrainiens a réitéré ses critiques à l'Allemagne tout en tirant un trait sur le passé

Lire la suite