Election présidentielle, Schwan contre Köhler | Le meurtre qui bouleversa l'Allemagne en 1967 et l'ombre de la Stasi |
vendredi 22 mai 2009 à 22:12 - permalien #362
Élections du président de la République: Horst Köhler (CDU) contre Gesine Schwan (SPD). L'assemblée fédérale constituée des députés et des élus des Länder qui se réunit ce samedi au Bundestag pour élire le président -ou la présidente- rassemble 1224 délégués, 612 pour le Bundestag et autant pour le Bundesrat, la chambre qui représente les Länder. Il faudra donc 613 voix au président sortant, Horst Köhler, pour être réélu dés le premier tour face à Gesine Schwan, dont la candidature est venue pimenter l'élection . Köhler aurait pu être reconduit avec l'assentiment du SPD comme cela semblait tacitement convenu au départ avec Merkel. « On a même l'impression désagréable que la candidate n'est qu'à moitié soutenue pas son parti, regrette l'une de ses partisanes dans le Frankfurter Rundschau. Le SPD n'a-t-il pas assez confiance en lui même pour présenter cette année des candidats aux deux postes suprêmes, la chancellerie et la présidence? » Schwan aurait trois qualités essentielles selon le quotidien de Francfort pour faire une bonne présidente : « son attachement éthique à la démocratie, sa connaissance des questions de formation et son engagement dans le rapprochement entre l'Allemagne et la Pologne à la tête de l'université Viadrina » de Frankfurt am Oder -et non Frankfurt am Main!- à la frontière germano-polonaise.
Horst Köhler avait déjà affronté la candidate du SPD lors de l'élection de mai 2004. Il l'avait certes emporté au premier tour avec 604 voix contre 589. Soit une voix de plus que la majorité absolue, 603 voix, prenant ainsi la suite de Johanes Rau (SPD). Mais 18 voix des délégués de la CDU/CSU et du parti libéral qui rassemblaient à eux trois 622 délégués lui avaient fait défaut à l'époque. 7 délégués du « bloc » CDU/CSU-FDP avaient voté pour Schwan -le vote est bien sûr à bulletin secret. Le « bloc » du SPD, des Verts et du PDS, ne rassemblait quant à lui que 580 délégués -3 délégués étant classés « divers ». Gesine Schwan partait donc avec un handicap sérieux en 2004, qui s'est plutôt réduit cinq ans plus tard. Les deux blocs, CDU/CSU/Libéraux d'un côté et SPD/Verts/La Gauche de l'autre, totalisent aujourd'hui exactement le même nombre de délégués: 604! Pour être élu dés le premier tour, Köhler doit donc rassembler toutes les voix de son camps -ce qu'il ne fit pas en 2004-, plus 9 délégués!
C'est la Bavières -dont la délégation est la plus forte après celle du Land de Rhénanie Westphalie, qui détient les clés de l'élection du président ce samedi. Ce sont en fait les 10 délégués bavarois de la liste des "électeurs libres", frères ennemis de la CSU bavaroise, avec les transfuges éventuels des deux camps qui feront la décision. Malgré les appels du pieds de Schwan les "électeurs libres" ont annoncé qu'ils voteraient Köhler. Une promesse réitérée hier par leur président Hubert Aiwanger, qui souligne que les valeurs défendues par Köhler sont décisives pour un parti du centre comme le sien, rapporte le Süddeutsche Zeitung.
Le parti la Gauche et les néos nazis présentant leurs propres candidats: Gesine Schwan n'a évidemment aucune chance au premier tour ou elle rassemblera seulement au maximum les voix du SPD et des Verts (514 voix).
Mais si Köhler n'est pas élu du premier coup et s'il n'a toujours pas rassemblé les 613 voix nécessaire au second, l'élection se fera au troisième tour à la majorité relative. C'est là dessus que compte Schwan. « La Gauche » retirant son candidat, l'acteur Peter Sodann -célèbre pour son incarnation du commissaire de police Bruno Ehrlicherde dans la série Tatort-, voterait sans doute en majorité pour elle. Même si Lothar Bisky, président du parti, n'excluait pas vendredi que certains de ses délégués votent Köhler, qui a su se soucier de la situation à l'est de l'Allemagne. Le candidat des néos nazis, le chanteur compositeur Frank Rennike ne joue que les figurations.
Avec quelques défaillances dans la liste des électeurs bavarois et dans le camp de la CDU/CSU et du FDP comme ce fut le cas en 2004, les chances de la candidate du SPD ne seraient pas négligeables. « Les conditions n''ont jamais été si favorables », assure Schwan depuis qu'elle a fait acte de candidature. On spécule beaucoup depuis des semaines sur cette éventualité! Mais nombre de députés du SPD seraient alors réticents à voter pour Schwan, avec les députés du parti ennemi, « la Gauche » d'Oskar Lafontaine, assure Spiegel on line. Et les transfuges pourraient alors lui faire défaut au troisième tour, dans son propre camp. Une victoire de Schwan serait en effet un argument de poids pour les chrétiens démocrates et les libéraux dans la campagne électorale qui va suivre pour les élections fédérales de septembre et l'élection à la chancellerie. Elle serait une preuve que le SPD est prêt à s'allier avec les « néos communistes » de la gauche, à l'inverse de ce qu'affirme son candidat chancelier, Franck Walter Steinmeier. Un boulet que ne tient absolument pas à traîner l'aile droite du SPD face son électorat à l'ouest de l'Allemagne. Une défaite de Köhler serait une claque pour la démocratie chrétienne et le FDP.
Le président sortant à prononcé son dernier discours avant les élections aujourd'hui pour célébrer les 60 ans de la fondation de la RFA. Les leçons politiques d'une éventuelle défaite seraient difficiles à tirer, le vote reste un vote de grands électeurs et la fonction de président de la République est plutôt symbolique. Résultats du vote samedi après midi.
Gesine Schwan, candidate du SPD, "pourquoi le vote aux européennes est important"
Horst Köhler, lors de son élection en 2004
Révélations sur le meurtre qui bouleversa les étudiants allemands en 1967: le policier qui tua Benno Ohnesorg, lors de la manifestation contre le Shah d'Iran à Berlin en 1967 appartenait à la Stasi, rapporte le Tageszeitung ! Son acte devint un symbole, en partie à l'origine de la radicalisation des mouvements étudiants de mai 68 en Allemagne. La brutalité attribuée alors à la police ouest-allemande "justifia" ensuite le recours à la violence. Les recherches des chercheurs, démontrent que le policier, Kar-Heinz Kurras, 81 ans aujourd'hui, travaillait alors pour l'Allemagne de l'est, depuis 1955 et était membre du SED d'Erich Honnecker depuis 1962. La Stasi le pressa de dissimuler toutes les traces de ses liens après le meurtre d'Ohnesorg et considéra la mort d'Ohnesorg comme un « accident malheureux ». Elle vérifia tout de même si Kurras n'était pas un agent double, un provocateur. Le tribunal ouest-allemand qui jugea le policier estima que le tir n'aurait pas été volontaire, destiné à tuer.
Commentaires
1. Le mardi 24 mai 2011 à 07:34, par Amber
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