Le ministre de la santé libéral, accusé de vouloir planifier le marché du médicament |
mardi 9 mars 2010 à 22:44 - permalien #570
On parle déjà d'économie planifiée, de folies qui vont coûter cher. Autant de déclarations qui visent à conserver le privilège de gagner le maximum d'argent.
C'est légitime, l'industrie pharmaceutique n'a pas de contrat social, ses entreprises veulent faire des profits comme dans l'automobile ou chez les géants du logiciel. Cela coûte certes des millions d'euros d'investissements et de recherches. Mais les revenus des fabricants de médicaments sur le marché allemand pourraient faire envie même au chef de la Deutsche Bank, Josef Ackermann.
Rösler veut changer la donne pour autoriser les caisses à négocier à l'avenir le prix des médicaments.
Faute d'accord l'institut public jugerait de leur utilité et fixerait leur coût.
C'est une idée intéressante mais trop timide, qui risque de désavantager les plus petites caisses qui ne feront pas le poids. A l'inverse les grosses pourraient constituer une entente avec les producteurs et renforcer encore leur puissance. La solution la plus simple et la meilleure, est à portée de main, mais briserait une tradition allemande. L'institut pour la qualité et l'efficacité des médicaments devrait d'abord juger de l'utilité des produits avant que les caisses ne soient contraintes de les rembourser. Et sur la base de ces résultats leurs prix serait négocié. Un système qui fonctionne depuis des années en grande Bretagne, sans déclencher d'hystérie, souligne le quotidien münichois.
Pour l'association de protection des consommateurs une réforme radicale serait nécessaire pour mettre fin à la concurrence caisse publiques, caisses privées. Ce serait la seule manière d'assurer une certaine justice dans le partage des frais de la santé et l'accès au soins médicaux de qualité, rapporte le Tagespeigel. Qu'une prestation identique puisse avoir une valeur très différentes, selon la caisse à laquelle on appartient, est incompréhensible et inefficace pour l'ensemble du système. Les assureurs privés n'ont d'ailleurs guère de perspective quant à l'avenir par ailleurs, et attendent l'occasion de sortir d'un marché dans lequel leurs offres d'accès aux soins sont illimités et leurs assurés de plus en plus vieux, alors qu'ils n'ont pas la possibilité de négocier les prix des prestataires.
Et si finalement on en venait à l'instauration d'une prime unique de 150 euros par tête, la fameuse "Kopfpauschal", égale pour tous les assurés, rares seraient les hauts revenus qui iraient encore s'assurer dans les caisses privées, tant que l'accès à des soins particuliers serait garantis à bien meilleur prix par des assurances complémentaires. La prime unique de santé, chère à Philip Rösler ne serait pas une catastrophe estime l'association de protection des consommateurs, mais ce ne sera pas non plus la décadence complète si l'on en reste au système contributif proportionnel aux revenus.
Car la réforme fétiche du ministre de la santé a de toute façon peu de chance de voir le jour estime le Berliner Zeitung. Rösler pensait que la CSU qui y est hostile finirait par se calmer. C'était une grave erreur d'appréciation.
Il pensait avoir la CDU et Angela Merkel à ses côtés, ça ne colle pas non plus. Rösler a oublié que que le chef de la CSU, Horst Seehofer a déjà remis sa démission de la direction du groupe parlementaire démocrate-chrétien parce qu'il rejetait la fameuse prime unique "par tête", que voulait imposer Angela Merkel. C'est peut être un populiste mais il est ferme dans ses principes et la préservation du système de santé solidaire actuel, par répartition, en fait partie.
Même la CDU est en train d'abandonner le projet. Angela Merkel n'évoque plus que de façon nébuleuse la réforme de la santé.
Si les groupes pharmaceutiques et leurs lobbies font trainer à loisir les négociations sur le prix des médicaments, il ne restera donc pas grand chose des projets de réformes du ministre libéral de la santé.
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