La stratégie du tout pour l'exportation ne fait pas l'unanimité
mardi 16 mars 2010 à 21:54 - permalien #575
En raison de la crise, soulignent les Verts, les pays membres de l’union européenne dont le déficit du commerce extérieur est trop élevé vont être contraints de réduire leurs importations et d’accroître leurs exportations.
Dans ce cadre, le solde positif de la balance commerciale de l'économie allemande survivra-t-il à la crise s’interroge Manuel Sarrazin, experts des Verts pour la politique européenne. Les Verts revendiquent une meilleure coordination des politiques économiques européennes.
Les Verts suggèrent d’ajouter l’équilibre des échanges en tant qu’objectif au pacte de stabilité de la zone euro. La commission pourrait y compris prendre des mesures ensuite contre les pays qui ne réduisent pas leur excédent hors de proportion.
Autant de critiques que ne partage pas le gouvernement. L’Europe doit se préoccuper d’accroître sa compétitivité, c’est la croissance sur laquelle doivent se concentrer les pays européens qui permettra à chacun d’en tirer les fruits, selon la chancellerie, et non pas la retenue artificielle des pays qui sont les plus avancés.
Les exportateurs allemands réagissent dans le même sens, soulignant que leur succès provient de leur capacité à faire face à la concurrence internationale, et de la politique budgétaire judicieuse de l’Allemagne.
A l’inverse le DGB, la confédération des syndicats allemands, souligne que la politique du secteur des bas salaires devrait être abandonnée. Afin de mettre en oeuvre une politique solidaire avec les pays du sud en relançant la demande intérieur en Allemagne afin que ceux ci en profitent.
«En Allemagne on a fait ce qu’il fallait avec succès pour être meilleurs que la concurrence, dans d’autres pays on a vécu au contraire au dessus de ses moyens et c’est de là que nous vient le reproche maintenant selon lequel l’Allemagne aurait ainsi creusé les déséquilibres au sein de l’eurozone, résume le Financial Times Deutschland». Les Allemands réaliseraient leurs exploits à l’export au détriment des autres.
"Même si cela heurte le bon sens allemand, il faut y réfléchir. Un pays ne peut pas en effet accumuler à la longue ses excédents, au dépend de ses clients."Le gouvernement ne peut pas faire grand chose, il n’a pas d’influence sur les salaires. Les entreprises exportatrices de leur côté ne vont pas se mettre à suivre les conseils des Français. «Mais ce serait déjà un progrès si l’on comprenait enfin le problème posé. Car la ministre française a naturellement raison. Les déficit extérieurs des uns constituent les soldes positifs de la balance des autres.»
Un argument que partage Gustav Horn de l’Instituts für Makroökonomie und Konjunkturforschung (IMK), proche des syndicats, selon Spiegel on line.
L'Allemagne a fait le pari unilatéral de l'export pendant des années, par le biais de la contraction des salaires, dans le cadre européen. Mais cela ne peut durer éternellement. Car les bénéfices pour les uns sont des déficit pour les autres. Et à un moment ces derniers en arrivent à leurs limites".
L’économiste Peter Bofinger, membre des «sages", le conseil économique du gouvernement, comprend également les critiques de la France. «L’Allemagne enregistre seule des succès avec son modèle économique basé sur l’exportation, tandis que les autres états ont accumulé leurs dettes. Mais si tout le monde avait fait comme les Allemands et réduit la consommation, alors on aurait pu éteindre les lumières en Europe".
Le président de la fédération du commerce de l’exportation et des services ne partage pas évidemment cet avis. "C’est le marché international qui donne le tempo, pas nous. L’Allemagne a fait face à la concurrence. Ses principaux concurrents sont à l’extérieur de l’Union européenne. Ce sont des pays tels que les USA, le Japon, la Chine, l’Inde et d’autres pays émergents. «Quand nous gagnons sur la concurrence, cela ne veut pas dire que nous prenons automatiquement quelque chose aux autres, le gâteau à partager avait grandi pour tous avant la crise, pendant les phases de boom économique."
Le commissaire à l’énergie Günther Oettinger ex-ministre président du Land de Bad Würtemberg, le fief de Mercedes va dans le même sens. "Nous avons besoin de faire plus de réformes en Europe comme elles ont été faites en Allemagne, explique le responsable démocrate-chrétien. Revenir sur ces réformes serait faire un pas dans la mauvaise direction.» L’Europe doit faire face à une concurrence sévère du Japon, des USA et des autres grandes économies.
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