Roms, Berlin entre Bruxelles et Paris
mercredi 15 septembre 2010 à 11:25 - permalien #700
Ils ont changé d'attitude en découvrant la circulaire adressée au préfets par le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, visant particulièrement les Roms. « Mieux vaut tard que jamais », souligne Daniel Cohn Bendit, chef des Verts, soutenu par Martin Schulz le président du groupe des sociaux démocrates au parlement européen, qui ont impulsé la condamnation de la politique française avec l'appui des libéraux et de « la gauche », et contre les voeux du parti populaire européen, le groupe auquel appartiennent à la fois la CDU, la CSU et l'UMP du président français.
La commission et le parlement veulent démontrer au monde que l'Union européenne est un modèle sur cette question. Les critères ethniques ne peuvent en aucun cas déterminer une politique et les Européens ont tiré les leçon de la seconde guerre mondiale. Or si la France passe outre, d'autre brèches vont s'ouvrir au sud, à l'est et à l'ouest, mettant en cause l'égalité à laquelle ont droit les tziganes par rapport aux autres citoyens. L'Europe des citoyens ne serait plus alors qu'une farce, un « monstre bureaucratique ».
La chancelière Angela Merkel a pris ses distances vis à vis de Bruxelles et des mots durs employés par la commissaire européenne Viviane Reding à l'égard de la France, signale Focus. Elle estime que le ton employé et les comparaisons historiques en particulier sont absolument hors de propos. Assimiler les expulsions de Roms par la France et les déportations organisées par les nazis passe évidemment mal à Berlin. Le porte parole de la chancelière n'en a pas moins indiqué qu'il était bien du ressort de la commission de veiller au respect des traités, des droits de l'Homme en particulier et d'émettre son point de vue, tout en gardant le sens de la mesure.
La colère de la commissaire européenne se comprend commente le Kölner Stadt-Anzeiger. Elle tient à son impuissance. Elle s'est faite mener en bateau, avec son collègue Barroso, pendant tout l'été par Nicolas Sarkozy et ses aides. Elle n'osait pas intervenir alors que la France expulsait à tour de bras des citoyens européens et une circulaire a tout à coup fait surface démontrant que Paris s'en prenait à un peuple entier, les Roms. Mais madame Reding devrait maintenant se demander si elle a bien la taille nécessaire pour exercer la charge de commissaire européenne à la justice et aux droits de l'Homme.
La commission européenne a déjà fait appel maintes fois à la cour européenne pour s'assurer du respect des droits de l'Homme dans l'un des états membres, signale le Badische Zeitung. L'Allemagne y a été condamnée par exemple pour discrimination à l'égard des coupes homosexuelles en ce qui concerne les pensions de retraite. En ce qui concerne les Roms, Barroso avait préféré s'en tenir jusqu'à présent à des mises en garde. La chasse au Roms en Italie il y a deux avait pourtant déjà fait réagir dans toute l'Europe. Mais les temps ont changé. Le traité de Lisbonne donne droit à la parole à Bruxelles en ce qui concerne le respect des droits de l'Homme. Et la nouvelle commission a du se plier aux pressions des libéraux qui voulaient que cette question soit mise en valeur à Bruxelles et placée sous l'autorité d'un commissaire. La luxembourgeoise Viviane Reding jusrement qui semblait se réjouir mardi d'avoir abandonné toute retenue diplomatique.
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