Roms: les affirmations de Nicolas Sarkozy à propos des camps allemands ne passent pas
lundi 20 septembre 2010 à 19:31 - permalien #703
« Mais quelle mouche a piqué Sarko » pour qu'il annonce l'évacuation de « camps roms allemands »,qui n'existent pas interrogeait le Bild Zeitung dés le lendemain du sommet de Bruxelles.
Aurait il trahi une confidence d'Angela Merkel au cour des débat orageux à Bruxelles, après l'avoir mal comprise -une erreur de traduction de l'Allemand au Français est toujours possible- risquait le Süddeutsche Zeitung, évitant ainsi de faire du président français un menteur pur et simple.Nicolas Sarkozy remet en cause les usages de la coopération normale entre les gens qui sont de rigueur également entre les chefs d'états, et ce n'est pas la première fois, n'en souligne pas moins le quotidien de Münich, critiquant le « soi-disant partenaire ».
Mais le couple franco-allemand reste indispensable à l'Europe. Un succès de la France à la présidence du G8 et du G 20 est aussi de l'intérêt de l'Alemagne. La chancelière le sait, comme elle sait qu'elle a à faire à un partenaire prêt à tout, du moment qu'il en tire profit dans son pays. Si elle réplique trop abruptement il ne lui pardonnera pas, si elle ne manifeste pas clairement son humeur, il la remerciera bientôt d'un nouvel affront.
Sarkozy joue à nouveau les caricatures de « Rumpelstilzchen », le lutin de conte de fées, titre sarcastique le quotidien die Welt. « il est difficilement imaginable que la chancelière ait évoqué lors du débat brûlant actuel à l'égard des Roms son intention de faire évacuer des camps, comme Sarkozy l'insinue. La réplique brutale du gouvernement rejetant cette évocation est crédible. Le président français se fait du tord lui même. Il met son intégrité en jeu et bientôt personne ne le prendra plus au sérieux et ne partagera plus avec lui la moindre confidence.
Les médias citent à l'appui de leurs critiques au vitriol, les déclarations du ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner, qui n'a rien entendu non plus de ce qu'affirme Nicolas Sarkozy en ce qui concerne les projets d'Angela Merkel de fermer les camps Roms. Alors qu'il a côtoyé en permanence à Bruxelles, le président.
A la chancellerie on répète que tout ce qu'a dit Sarkozy est faux, et si l'on tente de limiter les dégâts, on ne dissimule pas effectivement l'irritation de Merkel. Le ministre des affaires étrangères allemand Guido Westerwelle évoque diplomatiquement un « malentendu » , tout en soulignant que le président français en porte la responsabilité pleine et entière.
Merkel n'aurait même pas évoqué avec lui la gestion délicate du retour contraint au Kosovo des 12000 Roms qui en sont originaires, réfugiés en Allemagne depuis la guerre. La situation étant censée être redevenue normale, un accord entre les deux pays a été signé en avril dernier par le ministre de l'intérieur allemand et son collègue kosovar -le Kosovo n'est pas membre en effet de l'Union européenne. Mais les expulsions éventuelles d'Allemagne des Roms du Kosovo qui refusent de retourner dans leur pays devront être examinées au cas par cas.
La question est loin d'être limpide pour autant. L'Allemagne expulse bien des Roms titre le Financial Times Deutschland qui cite les propos de Daniel Cohn Bendit dans « le Parisien ». « Merkel ne fait peut être aucune faute sur le plan juridique lorsqu'elle expulse des enfants Roms kosovars mais une faute morale. Il y a 5000 enfant parmi les réfugiés, dont 3000 qui sont scolarisés en Allemagne, les renvoyer légalement ou pas sera dramatique pour eux. »
L'Unicef et nombre d'associations s'en inquiètent. Les enfants nés et scolarisés en Allemagne risquent d'être totalement isolés à leur retour dans un pays dont ils ne parlent pas la langue. Qui lit les remarques de lecteurs publiés sur les sites web des quotidiens, note que nombre d'entre eux mettent Angela Merkel dans le même sac que Nicolas Sarkozy sur ce plan, soulignant en gros que Sarkozy n'a fait que proclamer tout haut ce que le gouvernement allemand fait en douce.
Mais les Roms réfugiés en Allemagne vivent dans des foyers ou dans des appartements qui leur ont été attribués, précise-t-on au « conseil central des Roms et des Sinti allemands ». « Rien à voir avec des camps», souligne Romani Rose, son président, qui s'insurge contre la « campagne criminelle » du gouvernement français à l'égard de sa communauté.
En dépit des expulsions la politique de l'Allemagne ne peut absolument pas être comparée aux expulsions actuelles de la France souligne le président de l'organisation de réfugiés « Pro Asyl », dans le Tageszeitung. En France le droit de circulation des citoyens de pays membres de l'Union est mis en cause. Le gouvernement allemand devrait condamner cette politique avec plus de fermeté et défendre le droit européen. La chancelière y renonce jusqu'à présent. En ce qui concerne les expulsion en Allemagne il s'agit de Roms dont l'exode tient aux conséquences de la sécession du Kosovo. Ce sont deux problèmes totalement différents.
Des familles Roms, originaires de Bulgarie ou de Roumanie sont venues par ailleurs « tenter leur chance » à Berlin cet été. Celles qui sont restées sont actuellement suivies par les services sociaux, et n'ont pas installé de camps à la française, même si elles vivent dans des conditions précaires.
Et puis évoquer l'expulsion et la destruction de camps Roms en Allemagne comme l'a fait Nicolas Sarkozy a été enfin d'autant plus sensible pour les Allemands que les Roms ont été exterminée par les nazis, comme les juifs. Que le président de la République française ait évoqué cette question avec une telle légèreté choque à Berlin. « Son ego » et « sa popularité » sont « plus importants que la vérité », commentent les quotidiens.
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