Mali, interrogations et critiques allemandes
lundi 14 janvier 2013 à 14:28 - permalien #1294
"L'Allemagne n'éprouve pas le besoin de démontrer qu'elle est encore au moins un pouvoir militaire. Elle ne peut pour autant éviter de répondre à la question de savoir si elle doit défendre des intérêts avec panzer et hélicoptères à fortiori lorsque l'un de ses plus proches alliés a déjà répondu oui à cette question. "
"Une base d'al Quaïda à l'ouest de l'Afrique est une menace aussi pour l'Europe. Les motifs pour lesquels les occidentaux sont intervenus en Afghanistan se retrouvent au Mali. Mais il faut tirer le bilan de leur engagement. Le refus de l'Allemagne de participer aux opérations aériennes au dessus de la Lybie tenait compte justement de cette leçon selon laquelle une intervention « même humanitaire » ne se limite jamais aux plans de ceux qui l'ont initiée." Il y a également des ressemblances entre le Mali et la Lybie, notamment parce que nombre d'armes des rebelles proviennent des dépôts de Khadafi.
"Berlin a raison de ne pas être en première ligne au nord-ouest de l'Afrique. Mais il ne peut pas non plus laisser tomber complètement Paris au moment ou les relations sont déjà difficile, si la campagne de Hollande tourne à la débâcle."
« Sur le principe il n'y a pas grand chose à reprocher à la France qui envoie ses hélicoptères et ses avions contre les milices islamistes au Mali, estime le Tageszeitung (proche des verts). Celles-ci n'ont guère d'appui dans la population, elles détruisent la société et la culture de ce qui fut l'une des régions les plus stables du Sahel et manipulent la revendication d'autonomie des Touaregs. Elles se sont lancé à l'assaut du nord après avoir conquis le sud du pays et l'intervention française aurait pu avoir lieu dés le début de l'année 2012, épargnant de nombreux mois de sévices.
Mais le problème de l'intervention française est justement que c'est une intervention de la France, comme toujours en solitaire et dans un style classique de guerre sale, néo-colonial. Les troupes interviennent sans mandat du parlement et l'opération est reconnue officiellement alors qu'elle est en cours déjà depuis longtemps. On ne connait pas le nombre des soldats impliqués, pour ne pas parler des buts précis, de sa durée. D'autres pays francophones de la région sont impliqués pour donner un air africain à la bataille, on ne se concerte pas avec l'Onu.
Depuis noël des soldats français interviennent en Centre-Afrique, la diplomatie française plaide pour une intervention renforcée au Congo, tout cela fait système, sans consultation des partenaires européens de la France. L'Afrique est un terrain à propos duquel la France n'éprouve aucun besoin de consulter ses partenaires -tout en faisant l'éloge de l'unité européenne.
"Réformer la politique africaine de la France était trop demander visiblement au président Hollande". Les Français ont participé au génocide Rwandais, lorsque Mitterrand était au pouvoir. Ils n'ont jamais réellement fait le travail de mémoire nécessaire à ce propos et c'est le président Sarkozy avec Bernard Kouchner, qui a été le premier a ébranler un gaullisme sclérosé. "Sarkozy fut critiqué pour l'intervention en Lybie ou en côte d'Ivoire, mais ces engagements bénéficiaient au moins d'un mandat international. Qui aurait pu penser qu'Hollande, fasse pire que lui."
"La France a un passé colonial détestable, l'étiquette « françafrique » désigne la coopération de Paris avec les despotes africains pour garantir ses intérêts économiques". Mais l'intervention actuelle au Mali ne fait pas parti de cette tradition réplique le Frankfurter Rundschau (proche du SPD). Le pays fut un modèle de démocratie jusqu'à sa mise en cause par les autonomistes touaregs et les islamistes.
La demande d'intervention du régime adressée à l'ONU a été concrétisée par un mandat pour l'Ecowas, sous direction africaine, en préparation depuis des mois. L'intervention de la France tient à ce que les Islamistes étaient aux portes de Bamako. "Hollande n'est pas un président de guerre, il a promis la paix à ses électeurs et retiré ses troupes d'Afghanistan prématurément."
Les soldats français devaient appuyer une intervention africaine. Ils sont maintenant au cœur du conflit. "Un choix qui n'est pas populaire et qui menace les villes françaises d'attentats. Mais l'intervention est justifiée. Tellement justifiée que l'Allemagne devrait la soutenir autrement que par le verbe."
sur les divergences entre l'Allemagne et la France lors de l'intervention en Lybie lire sur mon Berlin Blog.
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