Italie, "un vote contre Merkel"
mercredi 27 février 2013 à 14:29 - permalien #1313
Et Grillo est certes un gueulard qui rejette tout, mais les deux tiers de ses électeurs n'ont pas voté pour lui seulement par accès de colère mais parce qu'ils espèrent ainsi faire bouger leur pays. L'issue est peut être de ce côté là .
Le centre gauche ne veut pas de coalition avec Berlusconi. Mais il serait possible de construire des majorités autour de certains des projets programmatiques de Grillo, la réforme de la constitution, la sauvegarde des biens publics, les réformes écologiques, qui se situent plutôt à gauche et permettraient d'élargir la base du centre gauche, de lui donner une nouvelle crédibilité.
Reste l'Europe. « Jusqu'ici comme le remarquait un collègue italien des plus intelligent ce vote n'est clair que d'un point de vue, l'Italie a voté contre Merkel et a rassemblé une majorité contre l'Allemagne. »
L'hostilité à l'égard de la plus puissante économie d'Europe est énorme. Les gens se sentent dépossédés de tout pouvoir. Un ex-ministre français conservateur vient d'écrire un livre dans lequel il envisage le jour ou les firmes et les fonds de pension donneront les ordres et ou les politiciens s'y plieront comme des marionnettes. « Au lieu d'épiloguer sur les fous du Sud, nous devrions chercher comment sauver la démocratie en Europe. »
« Ce sont les Romains qui sont fous ou bien nous, s'interroge le Tageszeitung proche des Verts. » La faillite électorale de Monti choque Bruxelles et les bourses. Mais presque personne ne veut revoir la politique d'austérité. Le vote reflète un énorme scepticisme à l'égard de cette « politique unilatérale », selon Martin Schulz, social démocrate et président du parlement européen.
« Mais la politique de consolidation financière et de réformes devra être poursuivie par le futur gouvernement, répète Guido Westerwelle, ministre des affaires étrangères. Car avec la crise de l'Euro nous sommes tous dans le même bateau. »
« Les Italiens sont blessés par la façon dont on les ridiculise. La majorité d'entre eux n'aiment pas Berlusconi. Mais ils apprécient encore moins la vague de conseils que leur adresse l'Allemagne... » de Merkel à Westerwelle en passant par Martin Schulz. « Monti est le grand perdant de ces élections, commente le Frankfurter Allgemeine Zeitung. » Son parti est quatrième. L'homme qui bénéficiait à l'étranger d'une haute considération a été désavoué par les électeurs -justement pour cette raison peut être- ainsi que sa politique d'épargne.
Beaucoup l'ont considéré comme le représentant des diktats des marchés. « Il a perdu par ailleurs son image de technocrate, au dessus des intérêts politiques personnels, tant il devenait évident au cours de la seconde partie de son mandat que le « professeur » n'était pas si apolitique que cela, mais envisageait au contraire de tenir un rôle politique dirigeant dans la politique italienne après les élections. » Ces élections sont par ailleurs « un signal parce que la moitié des Italiens ont voté pour des listes qui ont mené campagne agressive anti-européenne, conclut le quotidien libéral de Francfort. »
« L'Italie fait frissonner l'Europe titre le Frankfurter Rundschau, proche du SPD, la constitution difficile d'un futur gouvernement pèse sur les marchés. Les élections se sont transformées en référendum sur la politique d'épargne européenne, le porte parole de la commission européenne à Bruxelles, assure que celle-ci a enregistré ce message d'inquiétude des électeurs. »
« Vote de défiance, pour le quotidien économique Handelsblatt les Italiens ont désavoué le gouvernement des réformes de Monti. Les marchés financiers s'alarment. La banque centrale européenne devra-t-elle intervenir de nouveau bientôt. Tous les regards se tournent vers la BCE, sans gouvernement efficace il n'y aura pas de réformes en Italie, et sans réforme par d'aide de la banque. »
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