"Mariage homo", jusqu'ou peut aller Angela Merkel?
vendredi 1 mars 2013 à 18:32 - permalien #1315
Le mariage-homo « Homo-Ehe » est en fait un partenariat créé en 2001 qui ne bénéficie pas des droits et avantages dont le fameux « Ehegattensplitting » qui permet aux couples mariés de répartir le revenu du ménage en deux parts égales -même si une seule personne perçoit des revenus au sein du couple. Un mode de calcul réduisant d'autant le taux d'imposition du ménage.
Le dernier congrès du parti de la chancelière a en effet voté contre cette proposition avancée par son aile moderniste lors de son congrès de décembre dernier, suivant ainsi les vœux de la chancelière. La protection du mariage classique et de la famille qui l'accompagne restent jusqu'ici une des valeurs sacro-sainte de la démocratie chrétienne.
Or 74 % des Allemands seraient favorables à l'égalité des droits des couples homosexuels « partenaires » et des couples mariés, si l'on en croit http://www.spiegel.de/politik/deutschland/drei-viertel-der-deutschen-sind-laut-umfrage-fuer-homo-ehe-a-885834.html un sondage de l'hebdomadaire Stern. 86 % des électeurs des Verts, 82 % de ceux du SPD et 71 % de ceux du FDP, 64 % des électeurs de l'Union chrétienne.
La chancelière est d'opinion « plus libérale » que la majorité de son propre parti, souligne Gerd Langguth, biographe d'Angela Merkel, mais elle devra peser les avantages et les inconvénients d'un retournement de position. Elle priverait certes l'opposition d'un thème de campagne électorale. Mais elle risque d'effrayer une part de son propre électorat. « Il ne s'agit pas simplement des électeurs fidèles de la CDU mais de couches citoyennes conservatrices en Allemagne, qui peuvent représenter jusqu'à 20 % des voix de la CDU. Tel est le dilemme selon Langguth ». La CSU bavaroise, met en garde contre toute décision précipitée, par la voix de son président Host Seehofer.
Changer de position trois mois après le congrès, la plus haute instance de son parti, constituerait de plus un nouveau tournant à 180° de la chancelière. Mais « le reproche selon lequel Angela Merkel abandonne régulièrement les convictions auxquelles elle ne croyait pas elle même est ancien et justifié, note le quotidien berlinois Tagesspiegel (centre). » Elle change maintenant à la fois son attitude sur le « mariage-homo », le salaire minimum et l'interdiction du NPD (parti néo-nazi) de telle manière qu'il n'existera plus ainsi aucune différence avec l'opposition sur ces questions. Elle « modernise » ainsi la démocratie chrétienne, tout en privant l'opposition de ses revendications propres.
La manœuvre rappelle le tournant sur l'abandon de l'atome au lendemain de la catastrophe de Fukushima. Un virage à 180° qui devait éviter de perdre les élections dans le Land de Bad Würtemberg, bastion historique de la CDU. Il n'a pas empêché en fait les Verts d'infliger une sévère défaite au parti démocrate-chrétien.
Faut-il donc ré-éditer l'opération pour le mariage-homo ?
C'est un changement de position qui risque par ailleurs d'en entraîner d'autres en détricotant le système fiscal actuel. Car cette réforme concernerait seulement les couples, sans changer le statut fiscal des parents -hétéros ou homos- qui ne sont pas mariés. Un couple marié ou un partenariat homosexuel sans enfants seraient ainsi avantagés par l « Ehegattensplitting », par rapport aux aux familles « naturelles » ou recomposées par exemple qui n'en bénéficieraient pas.
On peut compter alors sur l'opposition pour relancer les revendications sur l'extension du calcul de l'imposition fiscale sur la base du nombre de personnes qui composent le ménage, et non sur la base du couple, un « Familiensplitting » qui remplacerait l « Ehegattensplitting ».
Une telle réforme signifierait un bouleversement complet du système fiscal qui se ferait au dépend des couples mariés sans enfants et nombre d'électeurs de la CDU y sont hostiles. La CDU et la chancelière sont donc placés face à des choix délicats dont les conséquences électorales seront décisives. Car il faut rappeler qu'au delà des sondages sur la popularité de la chancelière qui sont toujours la référence -à tord- pour la majorité des commentateurs, la CDU, tournant ou pas, n'a cessé d'accumuler les échecs électoraux au cours des derniers scrutins dans les Länder. Quant aux scores de la CDU lors des deux dernières élections fédérales, ils ont toujours déçu par rapport aux attentes.
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