Loyers, immobilier, l'explosion ou non? | Coup de frein sur le mariage homo
mardi 5 mars 2013 à 19:41 - permalien #1316

"les loyers doivent rester abordables", protestent ces manifestants à Münich
Les couts de l' immobilier et des loyers auraient explosé ces dernières années en Allemagne, grignotant le revenu des ménages dont les frais de logement représentait traditionnellement le cinquième ou le quart du budget seulement. « Un mètre carré pour le prix d'une voiture », titrait il y a quelque semaines le quotidien berlinois Tagesspiegel. « Mettez les freins sur les loyers » protestent des locataires manifestants à Münich.
Des chiffres qui laissent sceptiques les associations de locataires. « Les Münichois consacrent en moyenne 38 % de leurs revenus à leur logement aujourd'hui», assène Beatrix Zureck présidente de la fédération des locataire de Münich. Voire 50 % pour certains petit revenus. Le logement représentait autrefois 20 à 25 % du budget seulement. L'IVD munichoise le reconnait d'ailleurs, les loyers ont augmenté de 30 % en moyenne dans la capitale bavaroise au cours des 5 dernières années. Mais « L'évolution est très différenciée selon les marchés locaux », précise Franz-Georg Rips, président des associations de locataires d'Allemagne. » A Hambourg, Stuttgart, Cologne, Francfort, Düsseldorf et dans les villes universitaires, les appartements manquent, et les loyers sont certes « beaucoup trop élevés ». Nombre de régions par contre ne connaissent pas cette envolée des prix.
Les grands ensembles en bétons des années cinquante à soixante-dix, sont de plus en plus convoités par les locataires, car les « Altbauwohnungen » des centre-villes, les « casernes des salariés » d'autrefois sont devenus trop cher pour les salariés d'aujourd'hui, note le Tageszeitung berlinois. Les grandes villes allemandes connaissent cette émigration progressive des ménages aux faibles revenus vers la périphérie, la « gentrification » contre laquelle s'élève les groupes radicaux berlinois, manifestant contre les expulsions, la hausse des loyers qui rend leurs quartiers inhabitables pour les habitants d'origine.
L'afflux des ménages aisés dans les quartiers populaires font en effet exploser les prix des loyers qui deviennent hors de prix pour les bas revenus ou les communautés. Certains nouveaux locataires en font les frais en retrouvant leurs véhicules haut de gammes, garés devant leurs appartements, amochés, ou brûlés.
A Hambourg les loyers ont plus que doublé en dix ans dans les quartiers les plus prisés, selon Sorina Weiland, des services communaux de Hambourg Mitte, citée par le Tageszeitung. A Berlin Kreuzberg les nouveaux locataires ont vu les prix s'envoler de 27 % autour du Görlitzer Park. A Mannheim, dans le quartier Jungbusch, un quartier populaire traditionnel, les loyers des « Altbau » ont augmenté de 11 %.
Les vieux appartements d'autrefois ont été rénovés, les cours intérieurs, les espaces verts, les balcons, réhabilités et ils sont au centre. Mais les locataires qui n'ont pas les ressources suffisantes, ou qui ne peuvent pas consacrer 40 % de leur budget à payer leur loyer doivent chercher une alternative. Ils émigrent vers les grands ensembles, sans « Kneipenkiez » -le traditionnel bistrot du coin a.vec ses habitués Mais dans certains ensembles hambourgeois bétonés, le prix du loyer est déjà au dessus de 10 euros le m2.
A Berlin, on trouve encore des loyers à 7,5 euros, charges comprises. A Münich, ou les loyers battent les records, un 60/65 m2 pour un couple issu des couches moyennes est devenu la norme, en raison des prix, alors qu'à Berlin cela reste encore un « appartement prison ». Les ménages aux revenus minimum, les titulaires des prestations Harz IV, ont de plus en plus de mal à faire face à la hausse des prix dans les grandes métropoles. Les logements sociaux sont insuffisants. A Münich par exemple 3000 personnes sont en hébergement d'urgence, faute de trouver un logement à la mesure de leurs revenus.
Berlin voit sa population croitre chaque année. Et le marché immobilier, très bon marché par rapports à Londres, ou Paris, est devenu la coqueluche de l'Europe. Les « étrangers » ont réalisé le tiers des achats en 2011. Et même les ménages grecs ou espagnols aisés poussés par la crise de l'euro, sont venus placer leurs économies dans la pierre pour garantir leur avenir. De 2004 à 2012, les prix ont augmenté de 23 % en moyenne, selon une étude du portail internet « Immobilienscout24 ». Ils pourraient augmenter encore de 8 % d'ici 2015.
S'offrir un deux pièces de 50 m2 pour 60 à 80 000 euros reste néanmoins possible dans la capitale à la mode en Europe. Dans certains quartiers du centre on trouve encore un 120 m2, « altbau » rénové, ces appartements berlinois typiques construits avant 1948 à partir de 200 à 300000 euros. Dans les quartiers les plus prisés par contre, à Prenzlauer-berg, Mitte, l'appartement dans une résidence dernier cri peut valoir de 4500 à 10 500 euro le mètre carré ! Le projet « Lux » commercialisé par « Ziegert-Immobilien » offre ainsi des 70 m2 pour 500 000 euros et «des acheteurs se décident tout de suite sans avoir besoin de financement», souligne Nikolaus Ziegert. Au sommet du nouveau bâtiment un Penthouse de 320 m2 vaut 3,2 millions d'euros.
Les loyers suivent le mouvement. En 2012 le prix moyen d'une location à Berlin variait de 9,02 euros le m2 pour un 30 m2 à 7,14 euros pour un 100 m2. Avec des variations de 4 à 5 euros selon les quartiers, et des envolées jusqu'à 18 euros/m2 à Prenzlauer-Berg.
On compte 20 millions d'appartements loués en Allemagne, et un espace de 51 m2 en moyenne par personne. Les loyers charges comprises représentent 27 % environ du budget des ménages, les loyers hors charge 35 % des revenus d'un retraité sur trois. 4 millions d'appartements sociaux font défaut. Chaque appartement est convoité par 5 locataires potentiel.
*Angela Merkel a mis son veto lundi, lors de la réunion de la direction de la CDU à toute extension des droits du mariage classique au mariage homo. Prendre un virage à 180° sur ce point était particulièrement risqué, note le Frankfurter Allgemeine Zeitung. La démocratie chrétienne risquait de dégrader encore son image auprès de son électorat, conservateur en particulier.
Vouloir devancer un jugement probable à venir de la cours constitutionnelle justifiant l'égalité entre le mariage hétéro et homo -à partir du principe de la non- discrimination- aurait eu l'apparence d'une manœuvre tacticienne, prenant le pas sur le programme puisque le congrès de la CDU en décembre a voté contre cette proposition.
En attendant le jugement de la cour contre laquelle la démocratie-chrétienne ne peut rien, il est préférable de garder le profil d'un parti défendant la famille et le mariage selon les normes traditionnelles, à fortiori dans une société qui conserve un intérêt à sa reproduire alors qu'elle est déjà obnubilée par sa décroissance démographique. Seehofer et Merkel , n'allaient pas se lancer dans un tournant aux effets parfaitement imprévisibles, en pleine année électorale.
"Le printemps libéral de l'Union chrétienne s'est déjà envolé", commente le Tageszeitung, proche des Verts. Elle préfère attendre le prochain jugement de Karlsruhe, afin d'être contrainte de se plier à l'égalité du mariage-homo et du mariage classique. Le tribunal constitutionnel joue en fait un rôle politique qui agit en tant que moteur de l'égalité des droits depuis des années.
La société est en fait assez mûre pour soutenir l'égalité des droits pour le mariage homo, que cela ne soit pas encore le cas tient uniquement à la résistance de l'électorat conservateur de la CDU. Les traditionalistes se sont imposés. Alors qu'elle fait figure de moderniste sur les autres terrains, Merkel a un comportement réactionnaire en ce qui concerne le mariage homo. On peut espérer que les électeurs jugeront qu'il s'agit là d'une faiblesse et non d'une force de conviction de la démocratie-chrétienne.
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