retour sur: LE SPD ET LE "JOURNALISME DE MEUTE"
mercredi 6 août 2008 à 09:38 - permalien #130
La plupart des médias, dont le Frankfurter Allgemeine Zeitung, concentrent à nouveau leurs analyses -et l'attention du lecteur- sur la crise du SPD. Le feuilleton quotidien relie la procédure d'exclusion de l'ex ministre de l'économie de Gerhard Schröder, Wolfgang Clement, les affrontements diffus ou ouverts entre la gauche et la droite du parti, les alliances coupables et virtuelles du SPD et de la Gauche en Hesse, et l'impossibilité pour Kurt Beck, le président du SPD, de se montrer à la hauteur de la situation et de maîtriser la crise. Lire Berliner Zeitung on line.; die Süddeutsche Zeitung; die Welt; die Frankfurter Rundschau.
Tout mois d'août en Allemagne a son "Sommertheater", la pièce de théâtre de l'été. Le SPD en fait les frais comme les autres, après tout. Mais on semble tout de même revenu au "journalisme de meute", de "horde", qui prend "le politique comme une proie", et faisait de Beck la tête de turc des médias et des sondages il y a quelques semaines. Une "chasse" qui a fini par provoquer une explication entre journaux, et journalistes qu'il vaut de rappeler voir la revue de presse du 30 juin.
"La chasse au Kurt Beck dans les médias se termine, notait Holger Schmale le 27 juin, dans le quotidien Berliner Zeitung. L'un des chefs de la meute l'a interrompue. "Ça suffit. Il est temps de se retenir, de réfléchir, d'être critique et auto-critique" écrit Hans Ulrich Jörges, l'un des journalistes de la capitale, des plus acides, brutaux et influents, pour l'hebdomadaire Stern."
"Il a raison", commentait Schmale, mettant en cause le journalisme de campagne, de "horde", qui aurait pris son ampleur en particulier depuis le déménagement du gouvernement de Bonn à Berlin. Selon le quotidien berlinois l'annonce hors de propos d'une éventuelle démission de Beck de son poste aurait en fait constitué le signal d'alarme indiquant que les limites du journalisme avaient été franchies. Beck avait affirmé devant une réunion fermée de la direction du parti qu'il n'était en aucun cas "collé à son siège". Une expression retransmise par un participant à un journaliste en poste devant la porte du bâtiment ou se tenait la réunion "fermée", et qui la relaya aussitôt à sa rédaction sous la forme choc: "pour la première fois Beck envisage sa démission".
Un titre repris ensuite de fil en aiguille par les collègues et concurrents, "à une époque ou dans bien des rédactions le clic sur les sites d'informations "on line" a remplacé les recherches personnelles, vérifiées". Or aucun des participants à la réunion du SPD, quelle que soit sa position à l'égard de Kurt Beck, n'avait compris son affirmation ainsi. Certaines rédactions publièrent les démentis nécessaires.
"Il y a certes suffisamment d'occasion pour critiquer le président du SPD assure le commentateur du Berliner Zeitung. Mais la polémique se transforme en campagne quand elle s'accompagne de tous les propos méprisants possibles à l'égard de ses blagues, de ses habitudes et de ses préférences culinaires, de sa "Pfalzattitude" (Beck est ministre président du Rheiland Pfalz)".
Beck n'est certes pas le premier à être ainsi la cible permanente des critiques. Willy Brandt ou Helmut Kohl en leurs temps connurent les mêmes épreuves médiatiques. Mais la politique était alors la règle du jeu. Il est plutôt question aujourd'hui de ressentiments, d'expression d'humeurs de constructions. "Les camps médiatiques gauche-droite se sont dissous, assène le Berliner Zeitung, au profit d'une machinerie de nouvelles à sensation emmenée par des titres tels que Bild et le Spiegel, qui donnent le ton et le rythme dans cette affaire et qui veulent souvent faire la politique eux mêmes. La chute d'un dirigeant politique est le clou de la sensation. Beck a aiguisé l'instinct de chasse de la meute par ses erreurs et sa sensibilité aux attaques."
Dans un long article de commentaire "le mythe de le meute", Nils Minkmar, rejetait en fait cette analyse et les propos du journaliste de Stern, dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Retraçant les efforts de la presse pour rendre compte de manière détaillée des efforts puis des mésaventures de Beck à la tête du SPD, comme des conflits à la tête du parti, il concluait: "les journalistes sont nombreux il est vrai, on peut appeler ça une meute, mais cela ne change rien au problème et les développements de ces dernières semaines n'ont rien de favorable à Beck. Quand la meute se retourne sur elle -et ce texte fait partie de ce mouvement-. c'est qu'il n'y a plus rien à mordre ailleurs. L'histoire est finie."
Visiblement elle rebondit à nouveau.
Lire: die Berliner Zeitung,
die Frankfurter Allgemeine Zeitung
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