le point sur: MERKEL, LA CDU, STEINMEIER, SAAKASCHWILI ET LA RUSSIE.
lundi 25 août 2008 à 11:03 - permalien #146
Angela Merkel a répété ses critiques sur l'absence de retrait russe de la région du port de Poti notamment, ce dimanche, au cours de son interview sur la deuxième chaîne allemande, ZDF. Elle a réaffirmé en même temps à la fois sa volonté de maintenir le dialogue avec Moscou -il n'y aura pas de gel des relations entre les deux pays- et de refuser toute précipitation en ce qui concerne l'adhésion de la Georgie à l'Otan, dont elle avait seulement rappelé le principe lors de son voyage à Tbilissi. La chancelière assure partager sur toutes ces questions la même philosophie que son ministre des affaires étrangères, Franck Walter Steimeier (SPD). Merkel et Steinmeier se rendront le 2 octobre prochain à Saint Pétersbourg pour la prochaine consultation inter-gouvernementale, Allemagne, Russie. La chancelière résume simplement l'importance de l'enjeu: "nous ne devons pas nous décevoir, réciproquement".
En même temps les divergences s'expriment au sein de son propre parti, la CDU, sur ces questions. L'aile "atlantiste" prône une nouvelle définition de la politique à l'égard de la Russie, la fin de la politique de partenariat privilégiée initiée par Schröder et poursuivie par le ministre des affaires étrangères Frank Walter Steinmeier, la fin de la situation d'équilibre entre Washington et Moscou, et l'accélération de l'intégration de la Georgie dans l'Otan. Une politique défendue notamment par Eberhard von Klaeden, expert de la CDU en politique étrangère, dans les colonnes de l'hebdomadaire der Spiegel cette semaine. A l'inverse l'aile conservatrice veut maintenir l'équilibre des rapports avec Tbilissi et Moscou, camper en décembre sur les préalables posés à l'adhésion de la Georgie à l'Otan en avril dernier à Bucarest -et repousser de fait son adhésion- et maintenir la stratégie de partenariat privilégié de l'UE avec la Russie. Cette opinion est défendue notamment par le responsable de la coordination gouvernementale de la politique à l'égard de la Russie, Andreas Schockenhoff. Le ministre des affaires étrangères du SPD, Steinmeier est lui aussi sur cette position. C''est pour l'instant elle qui l'emporte. Même s'il est impossible de savoir ce que pense précisément Merkel.
Du coup la pression de Washington s'accroît sur Berlin. Condolizza Rice vient de rappeller que l'Allemagne a été intégrée dans l'Otan quand elle était divisée en deux, du temps de la guerre froide. A l'époque les alliés n'avaient pas eu froid aux yeux et les Allemands peuvent s'en féliciter encore. Ce qui est une manière de rejeter explicitement les arguments d'Angela Merkel quant à l'intégration prématurée de la Georgie, tant que les questions Ossètes et Akhazes n'ont pas été réglées.
Il reste qu'à la chancellerie on se méfie du président Saakaschwili, souligne le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Son offensive en Ossétie a des airs de Hara Kiri. Les Américains, dont les conseillers en poste sont nombreux à Tbilisi, en portent une partie la responsabilité.
Angela Merkel n'a certes pas avec Medvedev les relations qu'avait Helmut Kohl avec Gorbatchev et Eltsine, ou Gerhard Schröder avec Poutine. Ses relations avec ce dernier sont même plutôt froides. Mais à la différence de Kohl ou Schröder, Merkel connaît bien la Russie ou elle a séjourné plusieurs fois pendant ses études. Elle est russophone et a conservé une sympathie à l'égard de la grande voisine. Elle estime que la Russie traverse une difficile phase de transition. La guerre en Georgie est à court terme une victoire tactique pour Moscou. Mais la Russie qui devra en payer le prix, demeure de toute façon un partenaire d'avenir de l'Allemagne. Dans ce contexte il n'est pas question pour Berlin de mettre en cause les rencontres régulières avec Moscou ou de réclamer l'expulsion de la Russie du G8. Rien n'est exclu cependant à l'avance si la Russie se refusait obstinément à appliquer les 6 points du cessez le feu signé avec Tbilissi, selon le Frankfurter Allgemeine La "lune de miel avec Moscou" est de toute façon terminée résume de son côté l'hebdomadaire Rheinischer Merkur, examinant les nouveaux rapports entre l'Otan et Moscou. Une future confrontation n'est ni inévitable, ni à exclure. L'avenir de la relation dépendra pour l'essentiel de deux facteurs. Le retrait intégral ou non de l'armée russe de Georgie sur de nouvelles positions. Le choix par les Américains de leur futur président. Mc Cain a déjà décidé de rabattre ses ambitions à la Russie. Obama se laisse encore le temps de l'examen.
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