Le point sur: LE COMMERCE DES DONNÉES PERSONNELLES
samedi 6 septembre 2008 à 11:45 - permalien #160
L'office de protection des consommateurs du Schleswig-Holstein a récemment découvert le pot au rose à partir d'un cd comportant notamment les noms, n° de tel, références bancaires de 17000 personnes qui lui avait été remis par un employé d'un centre d'appel et de démarchage téléphonique. La branche emploie actuellement 435000 personnes. Les entreprises de ventes par correspondance, les sociétés de services téléphoniques, les distributeurs de médias entre autre, se sont déchargées sur elles de leurs propres services clientèles par téléphone. Mais même les centres d'enregistrement domiciliaires communaux, seraient mouillés dans le trafic des données. Leurs registres sur lesquels chacun doit aller s'enregistrer aussitôt après avoir emménagé dans un appartement ou une maison, seraient susceptibles d'avoir été détournées par les agents des sociétés chargées de leur exploitation informatique.
Les centres d'appel téléphonique de leur côté complètent ces sources de données dont ils disposent avec leurs propres campagnes. Tombolas, offres d'abonnements et pubs diverses. Pour « gagner » une superbe voiture exposée dans une gare ou un aéroport, il vous suffit de remplir par exemple un petit questionnaire avec vos noms adresses, numéros de téléphone que vous glisserez à l'intérieur du véhicule. Les papiers remplissent l'habitacle...Vous recevez quelques semaines plus tard un coup de fil. On vous assure que vous avez été sélectionné parmi les vainqueurs potentiels. Mais vous pouvez encore renforcer vos chances d'être le vainqueur définitif grâce à une offre spéciale qui vous permet de vous abonner à votre publication préférée, hebdo, magazine. L'interlocuteur du centre d'appel réglera ça de main de maître, et obtiendra du coup votre numéro de compte bancaire si vous n'y prenez garde.
A partir de ces sources divers un centre d'appel constitue des fichiers complets qui valent leur pesant d'or. Entre 25 et 40 cent par adresse. Un fichier de 800000 données personnelles qui peut être revendu plusieurs fois ne tarde pas à rapporter un million d'euros. Les firmes qui se procurent ces données personnelles démarchent à leur tour leurs futurs clients par téléphone et se présentent par exemple comme des sociétés de loto. Elles embrouillent leurs interlocuteurs et peuvent aller jusqu'à retirer ensuite des sommes s'élevant jusqu'à 60 euros des compte bancaires concernés, qu'ils soient consentants ou pas. Les victimes découvrent à posteriori les retraits faits à leur insu.
Les banques quant à elles assurent ne pas être en mesure de contrôler que chaque opération bancaire correspond bien à la volonté expresse de leurs clients et rappellent que c'est à eux de faire opposition à un retrait contesté. Une possibilité ouverte pendant six semaines. Le responsable fédéral de la "protection des données personnelles", Peter Schaar, estime au contraire que les banques ne sont pas à la hauteur et devraient renforcer la protection de leurs clients pour empêcher les retraits qui n'ont pas l'autorisation explicite des détenteurs des comptes concernés.
Les autorités publiques ne sont pas épargnées par les critiques. La commission européenne elle même a porté plainte contre la République fédérale qui ne respecte pas "l'indépendance totale" des autorités de contrôle de protection des données! Leurs services souffrent d'un manque de personnel, et font face par ailleurs à la demande croissante de données personnelles des institutions et du ministère de l'intérieur en particulier, dont elles dépendent en partie au moins, dans le cadre notamment de la lutte croissante contre le terrorisme. Depuis les attentats du 11 septembre celle-ci a pris le devant. Elle est en fait considérée comme prioritaire face à la protection des données des personnes. Tout ceci explique, entre autres, pourquoi le ministre de l'intérieur, Wolfgang Schäuble, présidait le sommet de crise, convoqué à son ministère ce jeudi.
La méfiance règne à tel point d'ailleurs qu'un contre-sommet de crise a été convoqué par le groupe parlementaire social-démocrate qui soupçonne, pour cette raison le ministère de l'intérieur d'être incapable de protéger réellement les données de ses citoyens.
Lire à ce propos le Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Commentaires
1. Le vendredi 1 janvier 2010 à 20:45, par legrand
2. Le mardi 9 février 2010 à 03:47, par alibaba
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