"Krupp une famille allemande", un "Dallas" sous l'oeil de l'histoire |
mercredi 25 mars 2009 à 23:08 - permalien #323
Iris Berben, joue le rôle de Bertha dans le feuilleton, dure et dominante. Carlo Rola n'a pas voulu faire pour ZDF un film historique mais faire s'incarner l'histoire dans le destin d'une famille symbole de l'Allemagne, à travers les souvenirs de Bertha. Un choix qui selon la critique de Stern , n'aboutit finalement à pas grand chose en voulant tout faire. Bertha Krupp, le personnage dominant du film et de la dynastie, inflige une éducation d'acier à son fils Alfried pour en faire le digne successeurs de son mari Gustav Krupp von Bohlen und Halbach. La relation mère-fils Krupp devient le moteur de l'histoire. La « psychologie de cuisine », et « Freud pour débutant », remplacent la guerre et la lutte des classes au poste de commande. Annoncé à grand renfort de pub: « Acier, pouvoir, passion », « Krupp une famille allemande » manque d'étoffe.
L'histoire n'est certes pas ignorée. Tout y passe. Le Kaiser et sa volonté de détenir une flotte de guerre qui défie les Anglais, la mise au point de la « grosse Bertha », Verdun, Hitler, les ouvriers et la lutte de classe, la révolution allemande de 1918, les prisonniers des camps de concentration, le procès de Nüremberg contre l'industriel. Mais c'est sans relief, vu à travers le prisme de la famille Krupp, de ses déchirements et conflits. Ce qui épargne l'horreur du passé au téléspectateur -à part quelques images d'un combattant poilu déchiqueté à Verdun par les canons Krupp. « Tout est de la faute de Bertha », résume le Tageszeitung. "Krupp" contourne en quatre heures et demi les abîmes des humains comme ceux de l'histoire. La condamnation d'Alfried comme criminel de guerre à Nüremberg n'est qu'éfleurée. Il meurt sur une musique de Richard Strauss, éternel prisonnier, tandis que son fils Arndt renonce à prendre sa suite et « se libère » dans la jet-set.
« Un Krupp doit fonctionner comme un Krupp, assène Alfried ». Son fils Arndt, auquel va la sympathie dans le film, ne fonctionnera pas comme ça et s'envole vers un autre monde. C'est la morale de l'histoire, « compte sur l'amour et la liberté, ça ne vaut pas le coup d'être dur comme de l'acier Krupp », conclut le Frankfurter Allgemeine Zeitung. "On est obligé hélas de constater que ce film fait dans la série dramatique conventionnelle. Des conflits familiaux stéréotypés, aux images sociales tirées des vieux tiroirs. Il fait partie de ces feuilletons qui n'interrogent pas le monde, n'explorent pas la condition humaine et répondent simplement et professionnellement aux attentes du téléspectateur. "
« Hippie, homo et flippé », c'est ainsi que le Bild Zeitung décrit Arndt Krupp, dans un article ou le quotidien populaire raconte tout ce que le feuilleton de ZDF ne décrit pas: la vie folle du dernier Krupp qui meurt d'un cancer de la quarante huit ans, après avoir vécu une vie oisive, baignant dans le luxe avec une pension de 2 millions de marks. Il s'éprendra de la Thaïlande et des jeunes hommes qui en faisaient un dieu. Mais il y vit aussi la misère et fit construire des écoles dans les quartiers pauvres de Bangkok, des hôpitaux pour lépreux et des foyers pour les vieux. Il échappa à l'éducation à la Bertha. Sa mère Anneliese, qui lui survécut, lui avait expliqué au contraire: « rien de pire que d'être un Krupp ». Quelques temps avant sa mort il réunira ses amis au château familial et se convertira en grande pompe, en tant que chevalier d'un ordre catholique.
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
:: Fil rss des commentaires de ce billet ::
Ajouter un commentaire