élections dimanche, "le retour du spectre rouge-rouge"
samedi 29 août 2009 à 13:53 - permalien #432
En Thuringe et en Sarre les pertes qui menacent la CDU sont importantes (entre huit et dix points). Dans les deux cas, Peter Müller (Sarre) et Dieter Althaus (Thuringe) perdront la majorité absolue grâce à laquelle la CDU gouverne les deux Länder.. Il est certes possible qu'elle conserve le pouvoir en s'alliant avec les libéraux du FDP dans les deux cas. Mais elle pourrait aussi être mise en minorité par une coalition rassemblant le SPD, le parti la Gauche et les Verts, dans les deux cas. Le spectre de l'alliance rouge-rouge est de retour souligne le Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Un test d'autant plus significatif en Sarre, le Länder dont Oskar Lafontaine a été le ministre président des années durant et ou il se présente à nouveau, face au SPD emmené par Heiko Maas, un jeune quadra, qui représente la génération montante du parti. Et qui est d'une certaine façon l'héritier d'Oskar Lafontaine au SPD. Maas fut le protégé d'Oskar lorsque celui-ci était encore le chef du parti social démocrate. Il a pris sa place en quelque sorte après son départ, note le Frankfurter Rundschau. Le SPD devance le parti la Gauche aujourd'hui dans les sondages. Il est prêt cette fois à s'allier avec la Gauche et les Verts contre la CDU. Le parti d'Oskar lafontaine « sauve » en fait le SPD qui n'aurait aucune chance seul, face à la CDU. Le candidat chancelier social démocrate Steinmeier a donné lui même le feu vert à cette alliance rouge-rouge dont les états-majors conservateurs espéraient avoir définitivement rangée dans la galerie des fantômes du passé lors des élections du Land de Hesse et des démêlés du SPD et d'Andrea Ypsilanti avec cette combinaison jusqu'alors tabou à l'ouest de l'Allemagne.
En Thuringe l'alliance avec le parti la Gauche serait beaucoup plus douloureuse pour le SPD. Car dans ce Land de l'est de l'Allemagne, c'est le parti la Gauche qui devance les sociaux démocrates. Le leader du SPD, Christoph Matschie, jure qu'il ne fera pas alliance avec le parti la Gauche pour élire un ministre président membre du parti d'Oskar Lafontaine et de Gregor Gysi, dans les colonnes du Thuringer Allgemeine. Mais que feront les sociaux démocrates si Bodo Ramelow (la Gauche), peut l'emporter face à la CDU dans un parlement régional réélu ou la Gauche, le SPD et les Verts ont la majorité? Ramelow s'affirme en tout cas décidé à être le leader de la future coalition, même s'il est prêt à être flexible, note Spiegel on line.
En Saxe la CDU va également perdre des points mais elle devrait pouvoir continuer à gouverner soit avec le SPD comme c'est déjà la cas, soit en constituant une alliance avec les Libéraux pour mettre fin à la grande coalition actuellement au pouvoir à Dresde, comme le souhait les chrétiens démocrates.
En Rhénanie du nord Westphalie, la CDU craint une défaite cuisante, face au SPD, lors des élections communales de ce dimanche. Les candidats du SPD au poste de maire sont en tête dans les sondages dans une dizaine de grandes villes, souligne Spiegel on line. Les résultats seront d'autant plus significatif dans ce Land qui fut le bastion de la social-démocratie et que la CDU a pris au SPD en 2005, entraînant par contre-coup la chute du gouvernement Schröder.
Tous ces enjeux des scrutins de ce dimanche pourraient modifier les cartes du scrutin du 27 septembre. C'est pourquoi le super dimanche électoral est une daté clé...le SPD et la CDU attendent les résultats avec appréhension dans les deux camps. Le scrutin du 27 semble en effet joué d'avance en faveur d'Angela et de la CDU, si l'on en croit les sondages du moins. Mais les sondages ont justement été pris en défaut déjà -en partie au moins- lors des deux précédents scrutins en 2002 (Schröder/Stoiber) et en 2005 (Schröder/Merkel). Donc méfiance. Steinmeier peut encore devenir chancelier évidemment, souligne die Welt.
Deux facteurs peuvent contre-carrer le projet de Merkel de gouverner au lendemain du 27 avec les libéraux.
-la CDU perd régulièrement en voix...comme le SPD et il est possible qu'elle soit trop faible pour pouvoir constituer une coalition au Bundestag avec un seul « petit parti », le FDP, comme elle pouvait le faire du temps de Kohl.
-il n'est pas évident par ailleurs que le FDP fasse un score à deux chiffres suffisant pour combler cette faiblesse de la CDU. D'autant que les polémiques entre les futurs alliés, CDU/CSU et FDP, sont monnaie courante, souligne le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le parti libéral en effet a reconstitué ses forces ces derniers mois en gagnant des électeurs de la CDU, déçus de la social-démocratisation de la démocratie chrétienne dont Angela Merkel serait coupable.
Il y aura donc au lendemain du 27 septembre trois solutions possibles pour Merkel:
-le résultat correspond à ses voeux et elle constitue un gouvernement CDU-FDP.
-les scores sont trop minces pour faire une coalition majoritaire et elle renouvelle la coalition avec le SPD. Mais personne n'est chaud pour renouveler ce qui est normalement une exception.
-Elle tente une coalition à trois avec les Verts...mais ceux ci ne semblent pas prêts à accepter une telle combinaison, ou leur marges seraient réduites face à la démocratie chrétienne et au parti libéral -Merkel a par ailleurs exclu une coalition CDU/Verts d'entrée de jeu.
Le SPD et les Verts quant à eux espèrent que dans ce cas de figure une combinaison à trois, Verts, SPD et Libéraux, soit mathématiquement majoritaires au Bundestag. Ce qui n'est pas impossible selon les spécialistes à partir du moment ou le SPD atteint 27% ou 29% -il est à 22% dans les sondages.
Il y aurait dans ce cas deux gros problèmes:
-les Libéraux rejettent aujourd'hui une telle coalition. Mais cela peut être différent après le scrutin lorsque les électeurs auront tranché (la CDU comme le SPD rejetaient une grande coalition avant le vote de 2005).
-le candidat chancelier ne serait pas dans ce cas issu du parti qui sortira le plus fort le soir du scrutin, l'Union chrétienne, mais du second, le SPD. Ce serait une mise en cause de la tradition mais les sociaux démocrates souligneront que l'Union chrétienne est une alliance de deux partis distincts, la CDU et la CSU bavaroise...or sans la CSU, les forces de la CDU sont à peu près les mêmes que celle du SPD.
Il faut avoir l'ensemble de ces facteurs en vue, pour comprendre que les sociaux démocrates -et les Verts- ne sont actuellement pas aussi pessimistes que les sondages. Les électeurs devront choisir finalement entre une coalition qui intègre 20 ans après la chute du mur l'héritier de l'ex RDA, le parti la Gauche ou une coalition CDU/Libéraux, qui reste marquée par ce qui reste de l'esprit néo-libéral un an après l'éclatement de la crise financière, résume le Tagesspiegel.
Reste une gageure pour les sociaux démocrates: Steinmeier doit re-mobiliser les électeurs déçus du SPD comme avait su le faire Schröder en 2005, contre une alliance éventuelle CDU/CSU/Libéraux au lendemain du scrutin. C'est loin d'être joué. Steinmeier est un peu un clone de Schröder dont il fut le bras droit. Mais il n'a pas son charisme...
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