mercredi 30 septembre 2009
Avis de tempête sur le SPD.
Le président du SPD, Franz Müntefering, un « schröderien » comme Steinmeier, a du annoncer sa démission dés lundi, après la volée de critiques essuyée au sein de la direction du SPD, réunie pour tirer les leçons du scrutin. Hubertus Heil, le secrétaire général du SPD, faisait de même mardi, annonçant qu'il ne se représenterait pas à ce poste lors du congrès du parti du 13 novembre prochain. Peer Steinbrück enfin, ministre des finances du gouvernement Merkel et porte-voix de la droite du SPD, annonçait de son côté renoncer à l'avance à tout autre poste que son siège de député.
Les noms de leurs remplaçants potentiels font les unes de tous les quotidiens allemands.
Siegmar Gabriel, réélu haut la main dans sa circonscription -proche du site de stockage des déchets nucléaires d'Asse II-, pourrait devenir le nouveau président du SPD. Il avait donné un coup de fouet à la campagne électorale des sociaux démocrates, en portant quotidiennement le fer contre les projets des démocrates chrétiens et des libéraux de poursuivre l'exploitation des centrales nucléaires au delà des limites imposées par « la loi de sortie de l'atome », adoptée sous le gouvernement Schröder. Une question qui pourrait provoquer les premières confrontations du nouveau gouvernement Merkel-Westerwelle avec l'opinion. Gabriel avait senti venir la catastrophe électorale et saisi l'occasion pour apparaître au lendemain de la défaite comme l'homme du recours.
Andrea Nahles, porte parole de la gauche du SPD pourrait devenir la nouvelle secrétaire générale. Un poste qu'elle avait failli emporter à l'arrachée, contre les voeux de Müntefering et des « schröderiens » il y a quatre ans.
Olaf Scholz, ancien ministre du travail et président du SPD hambourgeois, a mis lui les pieds dans le plat mercredi, en désignant explicitement les causes de la défaite cataclysmique de son parti: « le SPD a assaini les bases de l'état social allemand à l'aide de sa politique de ces dernières années. Mais ces réformes n'étaient pas toujours bénéfiques, du point de vue de leurs conséquences sur la vie des citoyens. C'est cela que nous devons revoir », souligne-t-il dans le Hamburger Abendblatt.
Une façon diplomatique de se porter candidat à la tête du parti, sans heurter de front les courants de droite et les « pragmatiques », partisans des « réformes Schröder » et qui restent majoritaire au sein du groupe parlementaire du SPD. Il en profite pour ouvrir la porte à d'eventuels accords alliances avec le parti « la Gauche ». « Nous ne devons pas passer notre temps à tracer des frontières qui nous séparent des autres, souligne-t-il ». Et Lafontaine n'est pas un obstacle à tout rapprochement entre le SPD et le parti la Gauche, selon lui.
(Des affirmations que Scholz a tempérées ensuite, précisant que rien n'a changé depuis dimanche à ce sujet: les positions de la Gauche de Lafontaine interdisent tout accord politique fédéral aujourd'hui avec ce parti.)
« C'est une équipe qui doit maintenant diriger le parti, affirme-t-il par ailleurs. ET  Klaus Wowereit, le maire de Berlin, qui dirige la ville aux côtés du parti la Gauche en sera évidemment. Il avait critiqué dés dimanche les réformes schröderiennes, et la réforme fétiche de Franz Müntefering, la retraite à 67 ans, causes profondes du déclin électoral du SPD, selon lui. Le SPD berlinois poursuivait le lundi en soulignant que la réforme du parti social démocrate passait par un changement complet de sa direction et la révision de sa politique.
Mais cela est-il possible? Steinmeier a été élu lundi à la tête des députés sociaux démocrates avec 88 % des voix. Il ne partage ni le point de vue de Scholz, ni celui de Wowereit pour ne pas parler de Franziska Drohsel, évidemment. Et un tournant à gauche est une perspective que rejette déjà Joachim Poß, vice-président du groupe parlementaire, note le Berliner Zeitung. "C'est exactement ce que nous ne devons pas faire. Notre tradition est au centre gauche", assure-t-il, et doit le rester.
Hartmut Meine, responsable de l'IG Metall de la région de Hanovre, ou se trouvent notamment les usines du groupe VW, recommande lui au contraire au SPD de travailler à moyen terme à la constitution d'une majorité à gauche de la CDU, rapporte le quotidien économique Handelsblatt. Un processus de dialogue devrait être engagé selon lui entre les partis, SPD, Verts, la Gauche. L'objectif doit être d'arriver à un accord pour les prochaines élections de 2013 . Le SPD doit jeter ses tabous par dessus-bord". Il doit donc "renouer avec son rôle classique de parti des travailleurs et il a besoin de renouveler ses dirigeants, comme son programme". Le parti la Gauche lui aussi doit s'ouvrir et "abandonner ses positions extrémistes, telles que la revendication de sortir de l'Otan."