Interrogations sans fin sur le rôle des commandos du KSK, dans le drame de Kunduz


Trois mois après le bombardement, les informations sur ce qui s'est passé réellement dans la nuit du 3 septembre continuent à être délivrées au compte goutte. La présence d'officiers et d'hommes des commandos d'élite de la Bundeswehr (KSK) aux côtés de l'officier allemand qui commanda le bombardement, révélée hier par le Bild, donne une toute autre dimension au raid aérien.
Il ne s'agirait plus en fait d'un bombardement qui visait à détruire deux camions citernes volés à l'Otan par crainte de les voir utilisés ensuite dans un attentat suicide contre la base de la Bundeswehr, située à 6 kilomètres...
du lieu d'impact, selon les explications officielles.
Le KSK est affecté prioritairement à la  "chasse au Talibans", et le bombardement aurait visé en fait les auteurs du vol des véhicules, conduits peut être par un chef important et fait l'impasse sur les risques de victimes collatérales chez les civils.  L'officier Georg Klein a délibéré avec plusieurs officiers et sous-officiers de l'unité d'élite de la Bundeswehr avant d'ordonner le bombardement, souligne le Tageszeitung. L'ordre qui a coûté la vie à des douzaines de civils n'était donc pas une décision unilatérale et à courte vue, prise par un commandant dépassé par l'évènement.
Il provenait d'un échange, des heures durant, avec des experts de l'engagement. On se pose alors naturellement la question: avec qui Klein s'est-il entretenu par ailleurs cette nuit là? Seulement avec le KSK? Ou bien a-t-il consulté ses supérieurs en Afghanistan et au ministère de la défense afin d'être couvert, avant de commander l'action militaire allemande la plus importante depuis la seconde guerre mondiale?
Le KSK traquait depuis l'été quatre chefs talibans importants, selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Ils sont repérés dans la nuit du 3 septembre auprès des camions-citernes, embourbés au milieu de la rivière proche du village. Un indicateur afghan travaillant avec le KSK les signale. Les officiers de la Bundeswehr présents opèrent de concert au sein de la « Task Force 47 » avec l'unité d'élite. Le commandant de la Bundeswehr pour Kunduz, Georg Klein, se joint à eux vers minuit.
Selon les repérages aériens la présence des hommes armés auprès des camions-citernes est confirmée. Une opportunité à ne pas laisser passer pour le KSK. Klein décide donc d'ordonner le bombardement, sans en référer au général Vollmer, son supérieur, responsable de la région. Ce qu'il était normalement contraint de faire. Pourquoi? Probablement par crainte de perdre du temps, ou de se heurter à un contre-ordre et de devoir renoncer au bombardement, estime le quotidien de Francfort qui cite à l'appui de ses spéculations les récriminations d'officier américains, contraints de renoncer à des frappes contre des ennemis par leurs supérieurs, par crainte des dégâts collatéraux.
Le porte-parole du groupe parlementaire du SPD pour les affaires de défense, Rainer Arnold, estime que les révélations du Bild sur la présence des commandos d'élite, confirment en fait les déclarations de l'avocat des victimes, Karim Popal, selon lequel cinq Talibans tout au plus auraient été tués lors du raid aérien, rapporte le Frankfurter Rundschau. « J'étais très étonné que des hordes de Talibans se soient présentés ainsi comme sur un plat. S'il s'agissait par contre d'une opération du KSK tout s'explique. 
 Les affirmations selon lesquelles nous serions informés sont fausses. Je ne savais en rien que des gens de la KSK entouraient Klein ». Jusqu'ici il n'était question que d'un officier de transmission et d'un officier de commandement aérien. « Nous voulons savoir s'il s'agissait d'une opération commando ou pas. Et sans attendre les travaux de la commission d'enquête, maintenant ». Les Verts et le parti la Gauche expriment les mêmes exigences.
Le porte parole des Verts s'interroge dans l'hebdomadaire Stern sur la raison pour laquelle la communication du protocole de l'opération du KSK a été refusée au partenaires de l'Otan.
" Le danger des camions-citernes pour le camp de Kunduz n'est-il qu'un prétexte. S'agissait-il au contraire de la poursuite de Talibans de haut rang. Lesquels? L'élimination physique des Talibans n'a jamais été fixée comme la priorité de la politique allemande. Et si c'est la nouvelle ligne, elle est absolument fausse, souligne le responsable des Verts." 
N'importe comment l'intervention en Afghanistan a échappé au pilote à la barre, estime le Süddeutsche Zeitung. Elle a débuté comme une offre de démocratie et d'aide pacifique à la reconstruction d'un gouvernement rouge-vert, à côté du va-t-en guerre Georges W. Bush, et se révèle être devenu un danger meurtrier auquel rien ne résiste.


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