Le chantage d'Erika Steinbach


Erika Steibach fait la une des quotidiens à nouveau. La présidente de la BdV, la fédération des Allemands expulsés à la fin de la seconde guerre mondiale, député et membre de la direction de la CDU, propose un compromis pour mettre fin au bras de fer qui l'oppose à Guido Westerwelle, le ministre des affaires étrangères allemand et à la Pologne.

Elle renoncerait à siéger au nom de son association au conseil d'administration de la fondation-musée des peuples déplacés en constitution à Berlin. Une nomination que Varsovie considère comme une pure provocation et à laquelle, par conséquent, Westerwelle s'oppose. ..
La Pologne ne "pardonne" pas en effet à Erika Steibach d'être la fille d'un officier de la l'armée d'occupation du IIIè Reich, et lui reproche de s'être opposée au Bundestag, en tant que député, à la reconnaissance de la ligne Oder-Neisse comme frontière intangible de la Pologne lors de la réunification de l'Allemagne.
Mais " ce qu'elle présente sous le manteau d'un compromis généreux n'est en fait qu'un mauvais chantage, " estime le quotidien berlinois Tagespiegel. Erika Steinbach revendique pour elle et son association non pas moins mais plus de pouvoir au sein du conseil d'administration de la fondation-musée. Le nombre de sièges qui devrait être réservé à la BdV devrait être supérieur aux trois places qui lui sont déjà acquises. Et le gouvernement allemand devrait renoncer à son droit de veto sur la nomination des administrateurs désignés par l'association d'Erika Steinbach. Celle-ci voudrait non seulement conquérir le contrôle politique de la fondation, mais également mettre la main sur sa direction scientifique qui échapperait alors au "Musée de l'histoire allemande".
Les 14 millions de victimes allemandes de la politique d'expulsion de la Pologne et la Tchécoslovaquie après guerre ont certes plus souffert que leurs compatriotes qui n'ont pas été chassés de chez eux, estime le Tagespiegel. Mais le ton arrogant de la fédération d'Erika Steinbach étouffe leurs voix et les propos martiaux de la BdV ont effrayé jusqu'aux bonnes volontés qui compatissent à leur sort.
Mais ne devrait-on pas remercier Erika Steinbach de renoncer à son siège au conseil d'administration de la fondation des populations déplacées, interroge le Berliner Zeitung. Non, absolument pas. Steinbach et ses compagnons ne cherchent aucunement une manière élégante de résoudre la crise actuelle mais tentent au contraire d'utiliser la situation pour renforcer encore leur influence. Le compromis signifie qu'il y aurait à l'avenir non pas une Steinbach au conseil d'administration, mais quatre. Le gouvernement n'aurait pas son mot à dire sur leur nomination. Et sur le marché du marchandage politique Steinbach serait la monnaie d'échange, de référence.
Steinbach n'est pas seule responsable il est vrai poursuit le Berliner Zeitung. En Pologne elle symbolise le revanchisme ouest-allemand que la fédération a incarné pendant des décennies. Or elle n'est pas en fait cette "blonde bestiale" vouée aux gémonies à l'est de l'Oder, mais la porte parole mesurée, presque libérale, de sa fédération au conservatisme de choc. Steinbach a clairement établi qu'il n'est plus question d'exiger de la Pologne la récupération des biens et des propriétés des exilés, ou bien leur dédommagement. Il s'agit aujourd'hui de reconnaître la vérité historique, le drame de 15 millions d'Allemands expulsés. Les dommages qu'ils infligèrent eux même aux populations qui les chassèrent ensuite ne peuvent pas justifier les violences auxquelles ils furent exposés.
Mais la vérité est aussi que les "déplacés" d'aujourd'hui, à quelques exceptions près ne sont plus des déplacés mais leurs descendants. L'ancienne République fédérale a dépensé des milliards pour leur offrir une nouvelle "patrie". L'ex RDA intégra des millions d'exilés des anciens pays de l'est. Les fonctionnaires de la BdV cherchent toujours à se présenter néanmoins comme une minorité discriminée, qu'ils ne sont pas.
La Pologne a signifié qu'il revenait aux Allemands de régler le problème Steinbach.
La balle est maintenant dans le camp du gouvernement et du ministre des affaires étrangères, Guido Westerwelle. Et la manoeuvre est bien calculée de la part de Steinbach, estime die Welt. Car elle oblige Westerwelle comme le gouvernement -et la chancelière qui agit en silence- à prendre une décision claire. Si madame Steinbach cesse de faire pression pour siéger au conseil de la fondation ils doivent être prêts à la conciliation dans l'intérêt de la cause.
Les relations entre l'Allemagne et la Pologne font les frais de ces manoeuvres de Steinbach and Co estime le Tageszeitung. Au lieu d'envisager l'avenir de concert, elles renvoient les deux pays aux batailles du passé.


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