Polémique sur la réforme de l'enseignement à Berlin | Un polonais qui ne peut rien pour les Allemands |
mardi 19 janvier 2010 à 22:53 - permalien #536
Les 16 Bundesländer sont chacun responsables de leur école rappelle-t-il. C'est une tradition culturellement impossible à mettre en cause selon lui. Il n'y aurait pas une majorité d'Allemands en faveur d'un modèle d'école unique pour toute l'Allemagne, un enseignement centralisé à la française. Mais le bac (Abitur) de Berlin sera sans conteste aussi valable que celui de Bavières -ce que contesteraient sans doute les Bavarois, ndr-, comme le bac obtenu au lendemain de la réforme dans une école secondaire, vaudra celui d'un lycée à Berlin.
Les collèges élémentaires, Hauptschule, réservés au "moins doués" vont disparaître et seront regroupés avec les collègues d'enseignement général (Realschule) dans les Sekundarschule. Berlin met fin ainsi au système à trois niveaux d'enseignement (Hauptschule, Realschule, Gymnasium) en vigueur dans la majorité des Länder. Une réforme qui est proche de celle de Hambourg (voir la revue de presse du 07.01.10 )...
Les élèves très doués pourront toujours quant à eux rejoindre le lycée dés la quatrième classe (8,9 ans) et passer le bac en accéléré, résume le BZ. Les lycées dédiés aux "meilleurs" restent donc en fonction.
A l'école secondaire l'élève pourra normalement obtenir tous les examens existants déjà , le brevet d'aptitude à l'enseignement professionnel en 10è classe, ou le certificat de fin d'étude secondaire permettant d'entrer dans les écoles et collèges professionnels supérieurs. S'il franchit l'épreuve de la sélection il pourra même poursuivre la préparation de l'Abitur qui ouvre les portes de l'enseignement supérieur, des universités, en 13 ans, 12 ans pour les "meilleurs". Les notes et la conférence des professeurs décideront.
L'aspect de la réforme qui fait le plus polémique est ce que l'on pourrait appeler le "quota tiré au sort" dans les lycées et écoles secondaires qui seront les plus demandées. 60% des élèves seront choisis par la direction de l'établissement, 30% désignés par la "loterie" et 10% réservés au cas difficiles. Un choix plus juste que la répartition par lieu d'habitation selon Jürgen Zollner...mais qui fait couler beaucoup d'encre.
*En tant que Polonais je ne peux pas résoudre les problèmes des Allemands, explique Tomasz Szarota, historien polonais, soixante dix ans, spécialiste des relations entre son pays et l'Allemagne, dans le Tageszeitung. En participant à la constitution du musée-fondation sur les déportations, exodes et déplacements de population de Berlin, Szarota voulait démontrer que: "nous les Polonais, nous pouvons aussi nous préoccuper du sort des Allemands qui ont été expulsés en 1945 de leur pays natal, à l'est. Et qui appartiennent aux dernières victimes de Hitler, parce qu'ils ont dû payer le prix de la guerre que les Allemands avaient déclenchée eux même.
Mais il a démissionné de son poste au conseil scientifique de la fondation lorsqu'il s'est rendu compte que ce projet ne visait pas du tout à la réconciliation avec les Polonais. C'est chose faite depuis longtemps. Mais il y a en Allemagne selon lui des gens qui ont le sentiment d'avoir été accueilli froidement dans leur pays en tant que fugitifs et qui ont besoin de la compassion nationale.
"Je ne peux rien pour eux", explique Szarota.
C'est un problème que les Allemands doivent résoudre entre eux. Ils s'est convaincu rapidement que le conseil du futur musée n'était en fait qu'un clone des organisations allemandes de populations déplacées, dont le "Bund der Vertriebene" (BDV) que préside Erika Steinbach (voir ma revue de presse du 6 janvier ).
Or je ne peux rien faire avec des gens qui se réfèrent à leur charte d'août 1950. Les fugitifs affirment notamment dans ce texte qu'ils renoncent à toute "revanche ou vengeance". Comme s'ils avaient jamais joui d'un tel "droit". Les déplacements de population ont été la conséquence de la guerre des Allemands. Ils affirment également dans leur charte que les peuples du monde doivent reconnaître leur responsabilité dans le sort des populations déplacées, qui figurent parmi les victimes des pires drames de cette époque.
Ce qui ressort du cynisme le plus pur lorsque l'on songe au sort que les Juifs, les Polonais, les Russes ont enduré. La perte de son pays natal est certes une tragédie. Mais il y a pire encore. Il y avait une différence entre le train de déportation qui conduisait au camp d'extermination d'Auschwitz, et celui qui conduisait au camp d'hébergement des Allemands déplacés de Friedland. Les uns allaient à la mort, les autres dans leur nouvelle patrie. Mon père a été tué par les Allemands, conclu l'historien, tandis qu'Erika Steinbach et toute sa famille a trouvé refuge à Hanau.
Elle ne peut tout de même pas me tendre la main en disant: "je vous pardonne, monsieur Szarota".
Commentaires
1. Le vendredi 19 mars 2010 à 18:24, par Donner des cours
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