Un duo pour succéder à Lafontaine à la tête de die Linke
mercredi 27 janvier 2010 à 22:24 - permalien #542
Leurs noms auraient été négociés avec l'ensemble des responsables de fédérations de la gauche, de l'est comme de l'ouest, et avec les membres de la direction actuelle de "die Linke". Klaus Ernst, syndicaliste de l'IG Metall, bavarois, (très) proche de Lafontaine, et Gesine Lötzsch , député de Berlin Friedrichshain, prendront ensemble la présidence du parti -si le prochain congrès ratifie ce choix. Klaus Ernst fut l'artisan de la construction du Wasg, la branche ouest de "die Linke", en rupture avec le SPD, de concert avec Oskar Lafontaine.
Klaus Ernst a été membre du SPD pendant trente ans. Il combattit l'entrée dans "die Linke" des courants et des militants "gauchistes", à Berlin. Dans le récent conflit à la tête du parti, il avait pris parti contre Dietmar Bartsch, le secrétaire général de "die Linke", qu'il accusera d'avoir été illoyal à l'égard de Lafontaine. "Une attitude particulière qui révèle les méthodes de pensée centralisatrices de l'IG Metall," selon Bod Ramelow, leader de "die Linke" en Thuringe, dans l'ex RDA.
Gesine Lötzsch est l'un des piliers de "die Linke" à Berlin-est. Elue trois fois de suite au scrutin direct dans sa circonscription, elle était seule représentante du PDS au Bundestag en 2002, avec sa collègue Petra Pau, lorsque son parti ne franchit pas la barre des 5% nécessaire pour obtenir des sièges au parlement au scrutin par liste. Elle est appréciée au Bundestag par ses collègues de la commission du budget, quel que soit leur appartenance, rapporte le Süddeutsche Zeitung. "Elle est simple, sans prétention", sérieuse et "compétente". Peu impliquée dans le débat "réaliste de l'est", contre "radicaux de l'ouest", elle n'a pas pris parti ouvertement dans les récents affrontements au sein de la direction. Ce n'est pas son style et elle est l'une des "Ossi" qui s'entend bien avec Lafontaine et lui attribue le succès du parti à l'ouest.
"Notre Gesine", comme on l'appelle dans sa circonscription, rapporte le Tageszeitung, sait rassembler les jeunes et les vieux, ceux de l'est et de l'ouest, les femmes et les hommes. Elle a adhéré au SED, le parti dominant l'ex RDA en 1984 et parie sur le réalisme, la proximité. "Élue au scrutin direct, et joignable en direct", annonce son site web. Les chaines de télé n'hésitent plus à lui demander son point de vue. Universitaire, philologue, elle a toujours quelque chose à dire.
Gregor Gyzi est soulagé: le nouveau duo va éviter que le chaos ne s'instaure après la départ de Lafontaine. chaque courant peut se sentir représenté. Lötzsch et Ernst sont d'accord; la priorité est de rassembler du Linke, cela ne peut marcher qu'ensemble, en ralliant les différentes sensibilité et l'est et l'ouest ensemble.
Le duo symbolise le compromis des cadres résume le Berliner Zeitung.S'il est courageux de prendre le passé pour le futur, alors "die Linke" a fait acte de courage en choisissant une ex-fonctionnaire du SED et du PDS et un secrétaire de syndicat professionnel pour nouveaux présidents. Lötzsch est une femme de l'est, Ernst un homme de l'ouest, tous les deux sont des cadres éprouvés. Cela suffit pour prendre la succession de Lothar Bisky et d'Oskar Lafontaine et pour que Gregor Gyzi évoque un "bon compromis".
Mais "les compromis sanitaires peuvent transformer les conflits en maladie chronique", et Lötzch et Ernst ne dépasseront pas les confrontations politiques et culturelles entre l'est et l'ouest dont le départ de Lafontaine a souligné la profondeur. Ils les symbolisent. Les "jeunes" ont manqué d'audace et on laissé les "vieux" prendre les rennes.
Lafontaine s'en va mais son influence rayonne toujours dans le parti "die Linke", selon le Bild Zeitung. Lötzsch et Ernst sont les candidats à la présidence qu'il souhaitait. "Deux proches de "Lafo" vont accéder à la présidence du parti : Sarah Wagenknecht et Heinz Bierbaum. La première dirige la secte "plate-forme communiste", le second siège au parlement du Land de Sarre".
Dans un interview accordé à l'hebdomadaire Stern, Oskar lafontaine confie que depuis l'attentat de 1990 -ou il fut poignardé par une femme égarée-, il se disait qu'en cas de cancer, il raccrocherait. L'attentat a changé sa vie. "Frôler la mort est une expérience existentielle qui ne s'efface plus".
Lorsqu'on lui demande s'il a peur de mourir à 66 ans, il répond: "comme nous ne savons pas ce qu'il y a après je suis d'accord avec Socrate. Il ne faut pas avoir peur de la mort. l'important c'est qu'elle soit rapide, sans douleur". Mais pour l'instant Lafontaine veut vivre et guérir.
Il ne pense pas que son départ soit un drame pour "die Linke". Il pense que son parti va connaître de nouveaux succès, à condition de s'en tenir à la stratégie mise en oeuvre ses dernières années. La séparation de "la Gauche" du SPD est durable estime-t-il aujourd'hui, alors qu'il pensait l'inverse il y a encore quelques années, estimant qu'un éventuel rapprochement programatique pourrait les amener un jour à se réunifier. Mais dans les sociétés industrielles aujourd'hui, il faut un parti à la gauche de la social-démocratie, conclu-t-il.
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