Les 100 jours agités d'Angela Merkel
jeudi 4 février 2010 à 22:19 - permalien #548
Elle a tranché très rapidement, ce qui n'était guère audacieux dans ce cas, car elle « surfait » sur la vague de l'opinion publique. Mais elle a démontré la sureté de son instinct politique. Sa force réside par ailleurs avant tout dans la faiblesse des autres. Tous les acteurs dans sa coalition sont plus faibles qu'ils ne l'étaient du temps d'Helmut Kohl, qu'il s'agisse de la CSU bavaroise, du FDP, ou des ministres président des Länder démocrates chrétiens.
Sa principale erreur a été de prendre la responsabilité du ministère des affaires étrangères, ou Westerwelle est un débutant. Ce qui exige un investissement permanent de sa part, au dépend de sa présence à la tête de son parti dans la politique quotidienne.
Les ministres du FDP ne comblent pas ce handicap. Philip Rösler à la santé est sympathique, mais pas à la hauteur, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger à la justice est étonnement discrète, Bruderle à l'économie serait remplacé avantageusement par Otto Solm et si Werner Hoyer occupait la place de Dirk Niebel au développement, le ministère bénéficierait d'un ministre compétent.
Quant aux orgies du lobbyisme fiscal du FDP ce n'est même plus la peine d'en parler. Le parti libéral a réussi en 100 jours à faire revivre tous les préjugés habituels à son égard.
Selon le Bild Zeitung les empoignades sont régulières au sein de la coalition, entre le FDP et l'Union chrétienne. En ce qui concerne la politique de "sortie de la sortie de l'atome" par exemple, le ministre de l'économie Bruderle (FDP), partisan du prolongement de l'activité de toutes les centrales en fonction, s'oppose sur ce point au ministre de l'environnement Norbert Röttgen (CDU) qui retarde la décision. Originaire de Rhénanie du nord Westphalie, il attend que les élections dans son Land en mai soient passées, afin de ne pas troubler la campagne électorale, suggère-t-on au ministère de l'industrie.
Le ministre de la santé Rösler (FDP) s'affronte lui au chef de la CSU, Seehofer. Le premier milite pour une cotisation uniforme des assurés des caisses maladie, quel que soit leur revenu. Le second assure que cette perspective est un non-sens total contre lequel il se battra avec fougue.
l'envoi de nouvelles troupes en Afghanistan a été l'objet de négociations ardues entre la chancelière, Guido Westerwelle, le ministre des affaires étrangères et Dirk Niebel (FDP), ministre du développement.
Les ministres libéraux étaient hostiles à l'envoi de mille soldats supplémentaires envisagé par le ministre de la défense de Karl-Theodor zu Gütenberg, CSU.
Le bombardement meurtrier de Kunduz en septembre a entrainé la démission de l'ex ministre de la dédense Franz Josef Jung dés la prise de fonction du nouveau gouvernement rappelle le Tageszeitung. Un record de rapidité. La chancelière a présenté du coup à la conférence de Londres une nouvelle stratégie défensive pour la Bundeswehr, axée sur la protection et la formation.
En ce qui concerne les finances publiques enfin , le projet de réduction des charges fiscales et des impôts de 24 milliards d'euros qui devrait être mis en vigueur "si possible" dés janvier 201, a été relativisé voire mis en doute dés les premiers jours par le ministre des finances, Wolfgang Schäuble, avivant la hargne de ses partenaires du FDP. Les débats ont été acharnés pendant des semaines jusqu'au récent sommet de crise de la coalition. Depuis, le FDP ne parle plus de l'échéance 2011.
Le gouvernement, conjoncture aidant, espère s'en tenir aux engagement pris par le ministre des finances précédent, le social démocrate Peer Steibrück, qui chiffrait à 84 milliards le déficit budgétaire cette année.
Les mesures de soutien à la conjoncture déjà prises par le gouvernement, comprenant la réduction des charges pour les entrepreneurs, la réduction des droits de succession, la hausse des allocations familiales et des abattements pour charges d'enfants, coûteront 8,5 milliards au budget. La baisse de la TVA pour les hôtels qui fait partie du plan est devenu un boulet pour le FDP, depuis la découverte des financements substanciels dont il est l'objet de la part de la chaine hôtelière Mövenpick.
Mais la chancelière n'est pas du genre à se laisser impressionner par ce panorama quelque peu chaotique. Son nouveau gouvernement a pris très vite les mesures nécessaires au prolongement des mesures de chômage partiel (Kurzarbeit) pour protéger l'emploi face à la crise, souligne-t-elle dans les colonnes de die Welt. Il a pris les initiatives indispensables pour soutenir la conjoncture et se préoccupe en permance des ajustements budgétaires nécessaires. Si l'on compare avec les tergiversations de la grande coalition, l'avantage est évident, selon elle. Et contrairement aux images toutes faites celle-ci n'était pas non plus un modèle d'harmonie. "Le gouvernement existait à peine que le SPD se plaignait d'être à la salle des machines tandis que la chancelière se dorait la pilule sur le pont". Et combien de fois a-t-on critiqué l'immobilisme de feu la grande coalition.
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