La démission surprise de la présidente de l'église protestante


Contrôlée dans la nuit de samedi au volant de sa "voiture de service" avec un taux de 1,56 d'alcool dans le sang, l'évêque Margot Käßmann, présidente de l'église protestante (EKD), a présenté mercredi sa démission "avec la même rectitude qu'elle avait façonné sa carrière". La surprise a été grande, souligne Spiegel on line, lorsque la rumeur s'est répandue selon laquelle elle voulait abandonner son poste à la tête de l'EKD, ainsi que ses fonctions d'évêque de Hannovre.
Car beaucoup avait finalement accueilli avec compréhension la faute de Käßmann, "conduite en état d'ébriété". Que pouvait donc faire une infraction au code de la route, à long terme, contre une femme comme elle, une pasteur divorcée, qui avait su tirer de sa faillibilité bien humaine son autorité, sa proximité à l'égard de ses semblables? Mais justement Käßmann a estimé que son autorité en tant que référence morale était suffisamment touchée pour que la démission s'impose.
Pourtant aucun appel à la démission n'est venu des politiques. Les responsables des relations avec les église de pratiquement tous les partis ont soutenue au contraire, Margot Käßmann , souligne le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Ils ont affirmé leur compréhension, pour la personne, pas pour les faits. Comme l'avait fait les collègues de Margot, mardi, au sein du conseil de l'EKD. L'évêque bavarois Johannes Friedrich soulignait: "les chrétiens vivent du pardon. Ils peuvent rester crédibles après la faute. Margot Käßmann aurait du rester à son poste".
Mais elle en a décidé autrement, et s'en est tenue à la conduite avec laquelle elle a bâtit sa carrière. "Elle cultive son rôle de femme contestée, au milieu des dangers de la vie -entourée de forces supposées malintentionnées, soutenue par ses amis et collègues." Qu'ils la soupçonnent ou l'honorent, tous doivent attendre jusqu'à ce que Margot Käßmann décide.
"Elle est partie. Dieu merci", commente le Financial Times Deutschland. Sa décision a été rapide, claire, compréhensible, et mérite le respect. A l'inverse du conseil de l'église protestante qui s'est rangée unanime derrière sa présidente, lui laissant le choix du chemin à suivre.
"On peut comprendre beaucoup de choses. Nous fautons nous même. C'est humain." Mais nous devrions commencer enfin à proscrire les comportements coupables au grand jour. On peut pardonner les fautes. Mais la condition première et que nous appelions les fautes par leur nom. Et ouvertement. Et ce serait bien, chers représentants de l'église si vous nous en convainquiez vous même, unanimes. Le mieux serait que vous donniez même l'exemple, conclu le quotidien financier.
Margot Käßmann n'a jamais prétendu que la vie était simple. Son divorce, son cancer. Sa sincérité à tout propos. Et puis son attitude, enthousiaste, tempétueuse parfois. C'est tout cela qui l'a rendue sympathique, authentique, crédible selon l'hebdomadaire Stern. Käßmann a personnifié les contradictions de la vie. C'est pourquoi son élection à la tête de l'église protestante avait été grandiose.
Quelle femme! Et c'est pourquoi cela fait si mal qu'elle parte. Après seulement 4 mois à son poste, et cette ébriété funeste au volant.
Mais elle n'aurait plus eu la liberté nécessaire pour prendre partie sur toutes questions morales, selon elle. Elle a suivi le principe: "écoute ce que te dis ton coeur". Et son coeur lui conseillait de démissionner. A nouveau cette authenticité qui fait de Käßmann ce qu'elle est.
"Dommage. Dommage. Dommage", répète le Tageszeitung. Qu'est ce qu'elle a en a fait cette femme, issue d'une famille simple du nord de la Hesse. Rien ni personne n'avait pu l'empêcher de tracer sa route jusqu'au somme de l'église protestante.
Elle s'affrontait depuis longtemps avec les puissants, lorsqu'il s'agissait de défendre la justice, l'égalité, et de se battre contre la violence, la misère. Elle recevait souvent des homos et des lesbiennes qui était déjà pasteur ou voulaient devenir directeur de conscience.
Briser les tabous, c'était le principe Käßmann. et pas un peu seulement, mais plein risque. Elle était persuadée qu'elle pouvait bâtir ainsi la confiance, convaincre pas sa rectitude et échanger avec les autres ces valeurs qui lui semblaient décisives. Cette confiance elle l'a grillée au volant. Cassant ainsi son assurance. Il semble conséquent donc qu'elle ait démissionné. "Est-ce la bonne solution? Seule Margot Käßmann pouvait répondre à cette question, c'est ce qu'elle a fait."


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