Les enjeux tous azimuth du scrutin du 9 mai en Rhénanie du nord Westphalie
mardi 6 avril 2010 à 12:36 - permalien #591
La coalition des démocrates chrétiens et des libéraux, actuellement majoritaire dans le Land risque de perdre le scrutin. Ce qui pourrait faire effet domino, l’Union chrétienne et le parti libéral perdant alors la majorité au Bundesrat, la deuxième chambre du parlement ou sont représentés les Länder. L’effet serait d’autant plus dévastateur pour Merkel que l’ex chancelier Schröder décida de convoquer des élections anticipées -qu’il perdra- à la suite de l’échec enregistré par son camp, lors des élections du Land de Rhénanie Westphalie en 2005. Le rôle politique du premier Land allemand est tel qu’il estimait en effet indispensable une nouvelle légitimation électorale pour poursuivre sa politique.
C’est la raison pour laquelle Angela Merkel va multiplier les meetings, sur place dans la dernière ligne droite. Elle souligne elle-même, les enjeux du scrutin pour Berlin. La candidature de Rütgers a été sérieusement ébranlée ces dernières semaines par les révélations sur ses pratiques de rencontre avec des entrepreneurs, moyennant finances. Les libéraux du FDP traversent eux aussi une mauvaise passe, plombés par la chute catastrophique de popularité enregistrés par leurs ministres à Berlin. Guido Westerwelle, le ministre des affaires étrangères et chef du FDP en particulier.
Si les démocrates chrétiens et les Libéraux perdent la majorité au parlement du Land, plusieurs majorité alternatives sont possibles. Elles auraient toutes, également des conséquences immédiates pour le gouvernement Merkel.
La CDU n’exclut pas tout d’abord la constitution d’une majorité avec les Verts. Ce serait la troisième alliance de ce type à la tête d’un Land, après Hambourg et la Sarre. Elle renforcerait les dissensions entre les Libéraux et les démocrates chrétiens sur le plan fédéral, faisant apparaître de plus en plus les Verts comme les concurrents du FDP et les alliés de rechange d’Angela Merkel. Les réformes de la santé et de réduction des impôts du gouvernement seraient définitivement hors de propos, faute de majorité favorable au Bundesrat. Pour les démocrates chrétiens en Rhénanie du nord, l’alliance impliquerait de grosses concessions sur le plan de l’énergie et de la sortie de l’atome à l’égard des Verts. Comme sur la question de l’enseignement et de la prolongation de la scolarité commune des élèves jusqu’à la cinquième classe (12,13 ans). Une réforme à laquelle l’électorat démocrate chrétien, attaché à la sélection précoce, est en majorité hostile.
Pour les Verts la perspective d’un accord avec la CDU est à double tranchant. Elle peut certes leur permettre de renforcer leur pouvoir dans les Länder, mais elle peut constituer également un handicap auprès d’une part de leur électorat, hostile par principe à toute alliance avec les démocrates chrétiens. Un sentiment qui ne peut être négligé dans le Land de Rhénanie du nord Westphalie, d’autant que la récente constitution d’une alliance CDU-Verts, dans le Land voisin, en Sarre a partagé ces derniers mois les rangs des écologistes.
La campagne acharnée que mènent actuellement les Verts en Rhénanie avec le renfort de tous leurs dirigeants nationaux est donc centrée sur la perspective d’un gouvernement avec le SPD, renouant avec la formule rouge-vert qui fit les beaux jours du chancelier Schröder. Les écologistes mènent en ce sens une campagne acharnée également contre le parti la Gauche, d’Oskar Lafontaine, qui pourrait être l’arbitre d’une coalition à gauche en cas de succès électoral. Ce que les Verts comme le SPD redoutent.
Pour les Libéraux -concurrents des Verts dans l’électorat des classes moyennes urbaines- une défaite en Rhénanie concrétiserait brutalement la chute impressionnante qu’ils ont connue ces derniers mois dans l’estime des électeurs après leur envolée miracle au dernières élections fédérales qui avait fait de Guido Westerwelle le vainqueur de fait des élections de septembre dernier. Son rôle à la tête du parti, cumulé avec son poste de ministre des affaires étrangères serait mis en cause. Le succès de sa politique de mise en cause radicale de l’état social et de promesse de réduction systématique des impôts mis en doute.
Pour le SPD l’enjeu du scrutin est énorme. Une défaite de la coalition actuelle serait la revanche de 2005, un tournant dans l’histoire du SPD qui gouvernait la Rhénanie du nord Westphalie depuis des décennies. Pour Sigmar Gabriel, le nouveau chef du SPD ce serait un petit triomphe, confortant sa prise en main du parti, sur une politique «plus à gauche", mettant notamment en cause les réformes douloureuses du marché du travail et de l’indemnisation du chômage impulsées par l’ex-chancelier Schröder, douloureuses pour l’électorat social-démocrate.
Quant au parti «La Gauche» en Rhénanie du nord, il à la réputation -entretenue par ses adversaires- d’être particulièrement radical. Il serait plus voué à l’opposition qu’à une participation gouvernementale aux côtés du SPD et des Verts, qui mettrait son profil critique à l’égard du SPD sérieusement à l’épreuve. Mais Oskar Lafontaine qui participera à la campagne d’une région qu’il connaît bien, assure que son parti ne ferait pas obstacle à la constitution d’un gouvernement commun, si le SPD est capable de faire les concessions nécessaires pour sa mise sur pied.
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