Opel fait à nouveau perdre la face à Angela
jeudi 17 juin 2010 à 12:45 - permalien #651
Un différent qui avait tourné à l’affrontement au sein du gouvernement. Le parti libéral défendant bec et ongle la décision de son ministre Rainer Brüderle, contre Merkel.
Aujourd’hui celui-ci triomphe. Sa décision était la bonne. Il donne au passage une leçon d’économie sociale de marché à la chancelière et souligne que les aides promis font naître une "mentalité d’assisté", que le gouvernement chrétien démocrate et libéral doit briser.
Merkel paralysée par le veto de son propre ministre avait du reconnaître qu’elle ne pouvait ouvrir à Opel l’accès aux crédits du "fonds d’aide allemand" des entreprises touchées par la crise, pas plus qu’aux prêts de la banque d’investissement européenne qui exige une caution fédérale.
C’est d’autant plus un désastre pour Angela que le constructeur US lui avait déjà claqué la porte au nez en rejetant le plan de reprise d’Opel mis au point par Berlin l'hiver dernier, avec le groupe Magna et le soutient de la Russie,alors que GM avait été acculé à la faillite.
Redressé grâce aux aides du gouvernement US, le constructeur renonçait à vendre sa filiale allemande.
"En refusant une garantie fédérale du crédit pour Opel, le ministre des finances a livré les salariés du groupe, sans défense, aux intérêts et à la course au rendement de GM", critique de son côte le parti la Gauche. Le gouvernement a renoncé à toute influence politique sur la sécurité et l’avenir des emplois.
Les managers de Detroit savent évoluer, ils retirent leur demande de caution fédérale pour Opel. C’est une bonne chose, même si elle vient bien tard, souligne le Berliner Zeitung. Le constructeur US a fait 850 millions de dollars de bénéfice. Le sauvetage de sa filiale allemande redevient une opération de restructuration ordinaire.
GM avait compris l’an dernier déjà combien Opel est important pour son avenir, en ce qui concerne les véhicules à traction électrique notamment. Les ventes de véhicules dans le monde sont reparties à la hausse. GM a été remis sur pieds par les fonds d’états américains. Sa demande de caution à Berlin n’était qu’une tentative de réduire au maximum les coûts des crédits qui lui sont nécessaires. Elle ne mettait pas en cause le maintien des quatre sites allemands.
GM est déçu de l’absence d’aide du gouvernement allemand et apprécie au contraire les soutiens affirmés de l’Espagne et de l’Angleterre note le Frankfurter Allgemeine Zeitung. C’est un nouveau coup pour les politiques qui depuis un an et demi ont tenté d’influencer l’avenir d’Opel face aux propositions de rachat de l’Italien Fiat, et de la Russie.
La décision finale de GM prouve que Brüderle avait bien raison en disant clairement non à la demande d’aide du groupe US. L’état n’a rien à gagner à jouer sur le terrain de l’économie. Les politiques ne doivent pas prendre partie pour une firme ou une autre. Ils doivent se limiter à définir les règles du jeu pour les entreprises transnationales. Et l’état doit être l’arbitre de l’économie qui veille à ce que les règles soient respectées.
Rainer Brüderle a évité le pire à l’Allemagne la semaine dernière en interdisant que l’état se porte garant avec l’argent des contribuables d’un constructeur automobile dont l’avenir est rien moins qu’assuré. General Motors évite maintenant au Länder qui abritent les usines d’Opel, de courir le même danger en garantissant à leur tour les crédits du groupe, souligne le Financial Times Deutschland. C’est la fin d’une farce économico-politique qui a duré un an et demi (voir la revue de presse) et fut un enjeu des élections pour le renouvellement du Bundestag.
Les politiques allemands, GM et le conseil d’entreprise du groupe en partagent la responsabilité. A l’heure ou ses concurrents nouaient de nouvelles alliances ou décidaient de nouveaux investissements pour les technologies de l’avenir.
GM a fini par cesser de mendier les cautions d’état vraisemblablement parce que le groupe veut être à nouveau côté en bourse d’ici un an. Les emplois des Opelaner restent hypothétiques. Le futur d’Opel inconnu. La chancelière avait raison de dire après le véto de Brüderle que le "dernier mot n’était pas dit". C’est le marché, qui le prononcera.
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