"Le nouveau compromis nucléaire rappelle la vieille Bundesrepublik et Kohl"


L'atome divise l'Allemagne, tous partis et couches de population confondues, constate le Frankfurter Allgemeine Zeitung, favorable à la décision de prolongement de la durée de fonctionnement des centrales. Alors que les Suédois décide de revenir au nucléaire, que les Polonnais et les Italiens prévoient de nouvelles centrales et qu'en France le courant électrique « atomique » est aussi naturel que les vacances en famille au bord de la mer, le débat est plus tranché que jamais chez les Allemands.
La décision du gouvernement va-t-elle déclencher de nouveau un conflit majeur dans la société comme l'espère le chef du SPD, Sigmar Gabriel à l'orée de la prochaine bataille électorale ? Ou bien les craintes enclenchées par le réchauffement climatique et le renchérissement du prix de l'électricité seront elles aussi forte que la peur des rayonnements issus d'un éventuel accident nucléaire, ce qui limiterait les forces du mouvement anti-nucléaire ?
Car tout le monde est pour un courant propre et bon marché. Mais on ne peut pas tout avoir à la fois, il faut choisir. Le courant produit par les miroirs solaires coûte plus aujourd'hui que celui des centrales nucléaires. Le client paie les subventions. La sortie du nucléaire, devra être compensée par la production d'électricité avec du charbon et du gaz et le prix des droits d'émission de CO2 va donc croître à mesure que les objectifs de réduction des gaz toxiques vont s'élever, tandis que la fermeture de centrales et la fin de l'atome va rendre l'Allemagne dépendante des importations de courants.
Avec ce nouveau compromis sur le nucléaire c'est le retour de la vieille Bundesrepublik et cela sent l'ancienne « connection » du chancelier Kohl et des gouvernements démocrates chrétiens et libéraux, critique le Berliner Zeitung -le grand quotidien de Berlin est. L'alliance qui empêchait le moindre progrès il y a 30 ans renait. Le modernisme du ministre de l'environnement Norbert Röttgen (CDU) est écrasé aujourd'hui par le ministre de l'industrie libéral Brüderle favorable au nucléaire. Autrefois ce sont les appels à la modernité de Rita Süssmuth, la présidente du Bundestag, qui restaient sans échos.
Merkel a défait son ministre de l'environnement, ignoré nombre d'anti-atomes dans les rangs de son propre parti, elle a laissé tombé les entreprises moyennes, écrasant au passage les régies communales d'électricité qui ne seront plus de taille à faire concurrence aux molosses de l'énergie avec leurs centrales « prolongées ». La bataille a été rude mais Merkel a gagné.
On ne peut pas lui reprocher d'avoir caché son jeu. Le coeur de la chancelière ne bat pas vraiment pour les énergies alternatives, mais pour le la lutte contre le changement climatique. Et les pro-nucléaires ont pour eux l'avantage que les centrales nucléaires n'émettent quasiment pas de CO2. Quand Merkel doit choisir entre une central au charbon et une centrale nucléaire elle est toujours en faveur de la seconde. Elle n'a pas compris par contre vraiment la place des sources d'énergies renouvelables, incontournables sur le plan de l'industrie et de la croissance.
La taxe sur le combustible nucléaire prévue dans le plan de mesures d'épargne du gouvernement pour les quatre années à venir a été réduite d'un tiers, lors du sommet réuni par la chancelière dimanche à Berlin, regrette le Frankfurter Rundschau. Au lieu de 2,3 milliards d'euros/an, le ministre des finances Wolfgang Schäuble ne percevra plus qu'1,5 milliards grâce au nouvel impôt. Il ne l'a pas emporté non plus sur la durée, le lobby de l'Atome a obtenu que la nouvelle taxe soit limitée à six ans. « Une sacrée défaite », commente le parti social-démocrate.
E-on, RWE, le quartel des principaux producteurs d'énergie a obtenu que le tarif soit de 145 euros par gramme d'Uranium, contre les 220 qui avaient été prévus, commentent les Verts. La promesse du gouvernement de récupérer la moitié des bénéfices entrainés par la prolongation de la durée de vie des centrales ne sera pas tenue non plus souligne l'Öko-institut. Avec 27 milliards d'euros l'état n'en empochera qu'un tiers environ.
Le reste ira aux exploitants des centrales -qui pourront par ailleurs déduire l'impôt sur le combustible au titre de leurs charges d'exploitation.


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