Croissance-emploi, miracle ou pas?
vendredi 29 octobre 2010 à 14:02 - permalien #731
Son gouvernement profite à la fois des mesures prises par le gouvernement de grande coalition (SPD, CDU) face à la crise, des réformes de l'ex chancelier Schröder du marché de l'emploi -qui ont réduit le chômage structurel - et du nombre d'emploi et du volume de travail important générés pendant la période de croissance 2005-2008.
Il n'est pas pour grand-chose dans le retour de la croissance.
Si les pronostics avaient été juste on compterait aujourd'hui 4 à 5 millions de chômeurs, souligne le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Or le chiffre annoncé pour octobre est au contraire de 2,95 millions de personnes à la recherche d'un emploi. Il est vrai que les statistiques officielles ne prennent pas en compte tous les chômeurs. Mais même si l'on additionne toutes les catégories concernées, la tendance est incontestablement à la baisse souligne le quotidien libéral de Francfort.
Les réformes du marché du travail, impulsées par le chancelier Schröder -Agenda 2010- ont facilité le travail à temps partiel, les contrats à durée déterminée, les mini-jobs, contribuant à créer plus de 2 millions d'emplois en 5 ans. La précarisation du travail reste limitée, 1 nouvel emploi crée sur deux est certes un CDD. Mais 50% se transforment en embauches définitives et la durée moyenne de travail dans une entreprise reste estimée à 10 ans.
Mais comment se fait-il qu'avec 2,95 millions de chômeurs on compte 6,6 millions de titulaires de l'indemnité de revenu minimum Harz IV, souligne le Bild Zeitung ? Un peu plus de 2 millions d'entre eux sont effectivement des chômeurs, confirme l'agence fédérale de l'emploi -et 665 000 des personnes indemnisées parce que le montant de leur salaire n'est pas suffisant pour vivre.
Le nombre des personnes en quête d'emploi en octobre 2010 est inférieur de 45000 à celui de novembre 2008, il est revenu au niveau de 1992, il y a 18 ans, deux ans après la chute du mur. Mais dans le même temps l'emploi s'est modifié, note le Berliner Zeitung, 45% des salariés occupaient alors un poste à temps plein en contrat à durée indéterminé, contre 38% aujourd'hui. Le travail à temps partiel est passé au contraire de 4 à 11%. Le travail temporaire, peu développé au début des années quatre-vingt-dix représentait 4% des salariés environ en 2007. La proportion de salariés des secteurs à bas revenus est passée de 15% en 1994 à 21,5% en 2004. La proportion des inactifs -sans emploi et ne cherchant pas d'emploi- a été réduite d'une personne sur quatre à une sur cinq.
Un miracle de l'emploi qui n'en est pas un souligne der Spiegel. Les données officielles enjolivent la situation, des millions d'emplois font encore défaut. Il faut voir quels jobs retrouvent les chômeurs, quel est le niveau exact du sous-emploi. La chômage va-t-il continuer à décroître à l'avenir. On entend peu les politiques sur ce terrain qu'il s'agisse d'Ursula von der leyen (ministre du travail), de rainer Brüderle (économie) ou d'Angela merkel. Ce n'est pas étonnant.
5 millions de salariés exercent un emploi précaire, un "400 euros Job", et 2,2 millions un mini-job en plus pour pouvoir vivre. Les entreprises de travail temporaire sont en plein boom et emploient 900 000 salariés qui ne travaillent que lorsque l'on a besoin d'eux.
On compte 40,9 millions de personnes ayant un emploi, mais le nombre d'emplois fixes cotisants pour les caisses sociales est de 28 millions -contre 26,6 millions ces dernières années. Il reste inférieur au niveau de 1992 (plus de 29 millions).
1,5 millions de personnes ne sont pas recensées comme demandeurs d'emplois parce qu'elles sont titulaires d'un 1 euro job (travail rémunéré 1 euro par heure en plus des indemnités chômage), ou suivent un processus de qualification, de reconversion pour chercher un emploi, ou de ré-insertion.
Les personnes ayant renoncé à chercher un emploi -mères célibataires indemnisées, femmes de plus de 50 ans mariées...- sont par ailleurs estimées à plus d'un million. Ceux qui perdent leur emploi fixe tombent rapidement dans le secteur emploi précaire.
1/3 des demandeurs d'emploi recensés sont des chômeurs de longue durée.
1,2 millions des demandeurs d'emplois n'ont aucune qualification ou certificat d'étude élémentaire.
Le chômage est réduit régulièrement chaque année par la chute de la population active, due au repli démographique que connait l'Allemagne, selon un expert de la confédération syndicale DGB, membre du conseil d'administration de l'agence fédérale de l'emploi cité par le Frankfurter Rundschau. Le nombre de jeunes qui entrent chaque année sur le marché du travail est inférieur de 200000 à celui des seniors qui le quittent. 4,5 millions de personnes sont en fait toujours à la recherche d'un emploi si l'on prend en compte toutes les statistiques de l'egence fédérale. Pour le gouvernement il y a certes un miracle de l'emploi. Mais en dépit des annonces triomphantes du ministre de l'économie 200 000 personnes environ perdent leur emploi à temps plein, chaque mois.
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